16. April 2015 · Kommentare deaktiviert für Mittelmeer: Aufruf zur Öffnung der Grenzen für Flüchtlinge · Kategorien: Italien, Libyen, Mittelmeer, Mittelmeerroute · Tags: ,

Ein erster Aufruf aus dem politisch eher etablierten Spektrum fordert angesichts der neuen Schiffskatastrophe die sofortige Öffnung der EU-Außengrenzen für Flüchtlinge.

ErstunterzeichnerInnen: Eva Joly, eurodéputée membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, et ses collègues de la délégation Europe Ecologie au Parlement européen, Karima Delli, Michèle Rivasi, Pascal Durand, Yannik Jadot et José Bové.

Huffington Post

Combien de morts faudra-t-il en Méditerranée pour que l’UE mette enfin en place une voie légale sûre pour les réfugiés et demandeurs d’asile?

INTERNATIONAL – Le destin de l’Europe a depuis toujours partie liée avec la Méditerranée, dont les côtes ont vu naître la démocratie, le commerce et le développement intensif des échanges culturels. Ce qui s’y noue aujourd’hui est une véritable tragédie. Jour après jour, des hommes, des femmes et des enfants, prennent des risques insensés sur des embarcations de fortune, à bord de vieux canots pneumatiques ou de bateaux de pêche, pour immigrer en Europe. Nombre d’entre eux se noient, dans la plus totale indifférence. Une macabre comptabilité s’égrène ainsi. 2014 aura été l’année la plus meurtrière, avec près de 4000 migrants morts en Méditerranée. Plus de 160 000 migrants – soit près de 450 par jour – sont arrivés en Italie l’année dernière. Plus de la moitié d’entre eux fuyaient la Syrie et l’Érythrée, deux pays dévastés par la guerre civile.

Aux tragédies évitées de justesse du Blue Sky M et de l’Ezadeen en décembre 2014 s’ajoutait il y a quelques semaines la disparition de plus de 200 migrants dans le naufrage de deux bateaux au large de la Libye. Et on vient d’apprendre que près de 400 personnes ont disparu dans un nouveau naufrage en Méditerranée ce dimanche 12 avril, selon les témoignages de survivants secourus par des garde-côtes italiens, tandis que bilan ne cesse de s’alourdir. L’organisation internationale pour les migrations (OIM) a enregistré plus de 900 morts en Méditerranée depuis le début de l’année, 2015 risquant malheureusement de battre un nouveau „record“ dans l’horreur.

Ces drames ne permettent pas seulement de faire le jour sur les nouvelles pratiques des passeurs pour qui il s’agit désormais de recourir à des bateaux beaucoup plus gros, permettant d’entasser des migrants par centaines et de multiplier ainsi les bénéfices, ils démontrent surtout une fois de plus les limites de la politique migratoire européenne. En effet, les responsables européens se bornent à dénoncer l’immoralité de passeurs sans scrupules qui instrumentalisent l’espoir de milliers de désespérés pour leur vider les poches. Ces passeurs sont des criminels. Refusons d’être leurs complices. Chacun doit comprendre en effet que leurs agissements sont rendus possibles par la politique migratoire menée par l’UE depuis plusieurs années qui pousse dans les bras des passeurs des milliers de personnes désespérées.

Un sursaut moral et politique est indispensable pour rompre cet engrenage terrible qui conduit à la mort de milliers de personnes. Ces migrants ne devraient pas avoir à prendre autant de risques pour fuir l’horreur, ne devraient pas avoir à mettre leur vie entre les mains de criminels, ne devraient pas se voir confinés pendant de longs mois dans des camps de rétention ou survivre dans des conditions déporables sur le sol européen, à Calais et ailleurs. Depuis l’an 2000, plus de 22 000 personnes sont décédées en mer aux portes de l’Europe.

Dimitris Avramopoulos, Commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures, avait déclaré il y a quelques semaines, après avoir félicité Frontex (l’agence européenne pour la sécurité et les frontières extérieures de l’Union européenne) et les garde-côtes italiens, que „la lutte contre la contrebande sera une priorité absolue dans l’approche globale des migrations“. N’a-t-il toujours pas compris que lutter contre les réseaux de passeurs demande d’assouplir les conditions d’entrée sur le territoire européen ? Renforcer Frontex est illusoire. Cette approche du phénomène migratoire est un échec absolu. La politique menée actuellement n’a que des conséquences négatives : elle fait prendre des risques insensés aux migrants et elle entraine la création de filières mafieuses qui gagnent des millions d’euros sur leur dos. Or, en lançant en décembre dernier le processus de Khartoum, l’Union européenne a renforcé davantage le processus d’externalisation de gestion de ses frontières aux pays de départ et de transit, quitte à signer des accords avec les pires dictateurs et à fermer les yeux sur les conditions d’accueil des migrants.

Les gouvernements européens, sous la pression des démagogues et des populistes de tous bords, promettent des frontières infranchissables. Ils mentent. Une telle politique n’empêchera jamais les départs, parce que les candidats à l’exil fuient la misère et la guerre.

L’Europe doit se montrer enfin à la hauteur en proposant à tous les migrants demandeurs d’asile de pouvoir se rendre en Europe dans des conditions humanitaires dignes de nos démocraties. L’Union européenne et ses États membres doivent veiller à ce que tous ceux qui fuient des pays ravagés par les conflits et dont le statut de réfugié ne fait aucun doute disposent d’une voie légale sure et efficace afin d’accéder au territoire de l’Union européenne pour y exercer leur droit à la protection internationale. Cela découle directement de leurs obligations internationales, conformément à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

L’Union européenne doit pour cela s’engager sans tarder sur 3 fronts concomitants. Elle doit tout d’abord offrir plus de possibilités d’arriver légalement et en toute sécurité en Europe aux personnes nécessitant une protection internationale. Comme l’a récemment déclaré l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, la Commission européenne doit faire des voies légales de migration une composante majeure de son futur plan de lutte contre les trafiquants d’êtres humains. Elle doit ensuite mettre en place une mission de recherche et de sauvetage à l’échelle européenne au moins équivalente à la mission italienne Mare Nostrum qui a sauvé plus de 170.000 vies en un an, en termes de mandat, de ressources et de portée. Sans une mission de sauvetage collective et concertée, l’agenda européen sur la migration demeure dangereusement incomplet. Enfin, les États-membres doivent faire preuve de plus de solidarité entre eux. Ils doivent, en fonction de leurs capacités d’accueil, mettre en place un programme de réinstallation des réfugiés secourus en mer et débarqués en Grèce et en Italie. Des mesures de soutien d’urgence à ces pays pour les aider à accueillir adéquatement les demandeurs d’asile et à traiter leurs demandes devraient également être prises.

La lucidité et l’esprit de responsabilité demandent de mettre en place de toute urgence ces trois propositions, loin de la triste mascarade actuelle basée sur le mensonge et l’hypocrisie.

Signataires: Eva Joly, eurodéputée membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, et ses collègues de la délégation Europe Ecologie au Parlement européen, Karima Delli, Michèle Rivasi, Pascal Durand, Yannik Jadot et José Bové.

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