Nachdem ein tunesisches Kriegsschiff ein Flüchtlingsboot gerammt hat, wird im Hinterland der Industriemetropole deswegen ein Generalstreik ausgerufen. Vorausgegangen waren Demonstrationen, die die Polizei mit Tränengas auseinander getrieben hat. Mittlerweile wurden 40 tote Harragas geborgen, weitere werden vermisst.
mosaïque fm | 20.10.2017
L’union locale du travail à Bir Ali Ben Khalifa a appelé à une grève générale le 25 octobre 2017. La journée de grève portera le slogan de jour de colère et de deuil. Une manifestation aura dans les rues de la ville.
Cet appel a été lancé suite à la collision d’une embarcation de migrants clandestins et une frégate de la marine nationale.
Un appel à ouvrir une enquête sérieuse et à dévoiler les détails de cet accident a été lancé afin de découvrir les responsables de cette catastrophe.
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Le Monde | 20.10.2017
En Tunisie, les familles entre colère et deuil après le naufrage de leurs enfants partis pour l’Europe
Près de 50 Tunisiens ont péri, le 8 octobre, après que leur chalutier a été percuté par un patrouilleur de la marine tunisienne qui l’avait pris en chasse.
Par Frédéric Bobin
Nasr Nasr a frôlé la mort, cette nuit-là, dans l’eau sombre et froide au large du littoral oriental de la Tunisie. Il n’a dû son salut qu’à son gilet de sauvetage – il était le seul passager à en être muni – et à un débris de bois auquel il s’est agrippé. Ce 8 octobre, le chalutier où avaient embarqué environ 90 jeunes Tunisiens, cinglant à partir des Kerkennah, un archipel situé à 20 km de la ville de Sfax, vers l’Italie, est entré en collision avec le patrouilleur de la marine tunisienne qui l’avait pris en chasse.
« Autour de moi, il y avait huit noyés qui flottaient », se souvient Nasr Nasr, le visage grave, encore marqué par la tragédie. Agé de 30 ans, chemise à manches longues et pantalon de survêtement, le rescapé du drame témoigne, assis sur une chaise en plastique en son hameau de Ltaïfa, proche de Bir Ali, une commune située à 60 km à l’ouest de Sfax. Un décor sec et austère, nappe de terre ocre piquée de figuiers de Barbarie, où la pauvreté se voit à l’œil nu sur les masures du hameau, éparses et inachevées. C’est l’âpre arrière-pays tunisien, bien loin de la vitrine d’un littoral plus prospère.
Nouvelle poussée migratoire
Nasr Nasr ne reverra plus jamais nombre de ses compagnons de voyage, partis avec lui en ce funeste dimanche 8 octobre, à la tombée de la nuit, d’une plage des Kerkennah, la principale base de départs de Tunisie vers l’île italienne de Lampedusa. Les corps de 45 passagers du chalutier, qui a coulé après avoir été éventré par le patrouilleur, ont été retrouvés par les sauveteurs – un bilan provisoire, qui devrait s’alourdir à près d’une cinquantaine de victimes. « Une catastrophe nationale », a commenté le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed.
Le drame survient dans un contexte de reprise du flux de départs illégaux de jeunes Tunisiens vers l’Italie. On appelle ces passagers clandestins les /haragas /: ceux qui /« brûlent »/ – les étapes, ou les frontières. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 700 Tunisiens ont ainsi débarqué sur les côtes italiennes durant les neuf premiers mois de 2017, soit 2,25 fois plus que sur la même période de 2016. Et plus de la moitié de ces arrivées se sont concentrées sur le seul mois de septembre, un chiffre mensuel exceptionnellement élevé.
Selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), le nombre de départs clandestins de Tunisie approcherait en fait les 5 000 personnes depuis le début de l’année, si l’on agrège les arrivées effectives en Italie (migrants arrêtés ou « fantômes » volatilisés dans la nature) aux candidats interceptés au large du littoral par les garde-côtes tunisiens.
Depuis la grande vague de départs du printemps 2011, qui avait concerné environ 30 000 personnes, dans le vide sécuritaire causé par la révolution, jamais la Tunisie n’avait connu une telle poussée d’émigration clandestine. /«/ /C’est énorme, /s’alarme Reem Bouarrouj, chargée de la question migratoire au FTDES./Cela révèle le désespoir de la jeunesse, notamment dans les régions intérieures marginalisées, qui ne se voit aucun avenir en Tunisie. »/ De fait, en dépit des promesses de la révolution de 2011, la situation sociale ne s’est pas améliorée, avec un taux de chômage de diplômés de l’enseignement supérieur de 31 %. En outre, 100 000 jeunes Tunisiens décrochent chaque année du système scolaire.
Nasr Nasr, le rescapé du naufrage du 8 octobre, avait raté son bac. Depuis, il vivotait de petits boulots, a été vaguement chauffeur. Et il n’a cessé de rêver de partir./« Quand je voyais mes amis de retour de France, l’été, au village, ils me donnaient envie. »/ Il est finalement parti le 7 octobre, la veille du drame, en direction de Kerkennah, après avoir payé 2 500 dinars (858 euros) à un passeur.
« Ce n’est pas un accident, c’est un crime d’État ! »
C’est comme un sombre rituel. A chaque naufrage, la tension sourd dans les régions d’où sont originaires les disparus. Le 12 octobre, des manifestants ont mis le feu à un bâtiment administratif d’un village du gouvernorat de Kebili (sud) d’où étaient issues certaines victimes de la tragédie, au large de Kerkennah. A Bir Ali où, selon les habitants, 500/haragas /auraient tenté de partir en septembre, aucun incident n’a été signalé. La colère n’en est pas moins latente, nourrie par l’implication du patrouilleur de la marine tunisienne dans la collision.
Les habitants contestent la version officielle des événements selon laquelle le chalutier de migrants aurait /« heurté » /le navire militaire. Nasr Nasr, témoin aux premières loges, affirme que c’est le contraire qui s’est produit. /« Il était autour de 22 h 20, /se souvient-il/. On a vu surgir le bateau militaire, tous feux éteints, qui a percuté notre chalutier en son centre et l’a presque coupé en deux. »/ Une heure et demie plus tôt, le patrouilleur s’était déjà approché du bateau de pêche et l’avait sommé de s’arrêter. L’ordre avait été ignoré par le chalutier clandestin, qui avait poursuivi sa course, s’estimant protégé par le franchissement des eaux internationales. Le bâtiment de la marine n’a lâché prise que pour revenir en force plus tard.