06. März 2017 · Kommentare deaktiviert für „Berlin et Tunis signent un nouvel accord sur l’immigration“ · Kategorien: Deutschland, Tunesien · Tags: ,

El Watan | 04.03.2017

L’Allemagne et la Tunisie ont annoncé hier la signature d’un nouvel accord sur l’immigration, lors d’une visite de la chancelière Angela Merkel à Tunis. L’accord marque le dégel des relations entre Tunis et Berlin qui ont connu ces dernières semaines des crispations autour du cas d’Anis Amri, l’auteur présumé de l’attentat de Berlin.

«Cette convention (…) va satisfaire la Tunisie et va satisfaire l’Allemagne », a déclaré le président tunisien Béji Caïd Essebsi, cité par l’AFP, lors d’une conférence de presse commune avec Mme Merkel. L’accord ne porte «pas atteinte à la souveraineté de la Tunisie ou d’un autre pays », a-t-il assuré. L’accord «concerne environ 1500 Tunisiens », dont le titre de séjour a été refusé par l’Allemagne, et «des mesures seront prises dans les consulats tunisiens en Allemagne pour aider à leur identification », a précisé le président.

De son côté, la chancelière a indiqué que ce nouvel accord prévoit notamment que les demandes d’identification par Berlin des Tunisiens déboutés de leur demande d’asile devront recevoir une réponse «sous 30 jours ».

Cette question était au coeur de la controverse sur le dossier du Tunisien Anis Amri, l’auteur présumé de l’attaque du 19 décembre contre un marché de Noël à Berlin qui a fait 12 morts. Les autorités tunisiennes ont été accusées d’avoir bloqué durant une partie de l’année 2016 son rapatriement. Elles ont plaidé leur bonne foi, relevant que les procédures d’identification étaient longues et nécessaires.

Aussi, Tunis a adressé une fin de non-recevoir à Berlin sur l’idée de camps, sur son sol, pour accueillir des migrants sauvés au cours de leur traversée de la Méditerranée depuis la Libye. Pour atténuer la tension entre les deux pays, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed a effectué le 14 février une visite à Berlin où il s’est entretenu avec la chancelière Angela Merkel. A cette occasion, cette dernière a insisté sur le fait que les expulsions de demandeurs d’asile déboutés en Allemagne puissent être accélérées, un sujet hautement sensible depuis l’attentat de Berlin.

«L’an dernier (…) 116 ressortissants tunisiens ont quitté l’Allemagne » après avoir été déboutés de leur demande d’asile, a indiqué la chancelière lors d’une conférence de presse commune à Berlin. «Ce n’est pas encore assez rapide et nous discutons de comment on peut améliorer ce processus et comment le faire sans difficulté », a-t-elle ajouté. Mais avant même sa rencontre avec Angela Merkel, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed a rejeté les demandes de l’Allemagne qui reproche à Tunis de freiner ces expulsions, en particulier s’agissant de personnes liées à la mouvance salafiste. Berlin a adressé le même type de reproches à l’Algérie et au Maroc.

«Les autorités tunisiennes n’ont fait aucune erreur », a affirmé Youssef Chahed dans une interview au quotidien Bild le 14 février. Et d’ajouter : «Nous attendons des autorités allemandes des preuves limpides que la personne est vraiment tunisienne. Les migrants clandestins utilisent de faux papiers et ralentissent la procédure», a-t-il dit. A l’issue de son entretien avec Mme Merkel, Y. Chahed a appelé à «mieux » se coordonner.

Un dossier sensible

Il y a un an, l’Allemagne a déjà dénoncé la lenteur des expulsions après que la police eut établi que l’essentiel des auteurs identifiés des centaines d’agressions sexuelles commises la nuit du Nouvel An à Cologne étaient originaires d’Afrique du Nord et en situation irrégulière. Avec les élections législatives qui se tiendront le 24 septembre prochain en Allemagne, le sujet de l’immigration est sensible pour la chancelière, attaquée jusque dans son camp conservateur pour sa politique d’accueil des migrants de 2015, lorsque près d’un million de demandeurs d’asile étaient arrivés. De son côté, le parti populiste anti-immigration voit en cette question une aubaine pour s’imposer dans le paysage politique, accusant Mme Merkel d’avoir mis le pays en danger. Et sur le plan statistique, Tunisiens et Algériens n’obtiennent le statut de réfugié que dans respectivement 0,8%,et 2,7% des cas. Le taux est de 3,5% concernant les Marocains. Mais le sujet des expulsions est aussi très sensible en Tunisie. Plusieurs manifestations ont été organisées contre le retour des jihadistes tunisiens. Et avec quelque 5500 ressortissants, selon l’ONU, dans les rangs d’organisations jihadistes comme le groupe Etat islamique (EI) , la Tunisie est l’un des principaux pays de recrutement pour ces groupes. Leur retour inquiète la société tunisienne.

Jeudi, la chancelière allemande était en Egypte. Au Caire, Mme Merkel a déclaré avoir évoqué «des points concrets concernant la protection des frontières » avec le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. La fermeture des routes migratoires en Afrique vers la Libye, dont les frontières sont incontrôlables est évoquée entre les deux parties. Mme Merkel, qui a porté ce message à l’automne au Mali et au Niger, a prévu d’en faire autant en février à Alger, avant l’annulation de sa visite en raison de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika. Car avec la fermeture de la route migratoire des Balkans au début 2016, la Libye est redevenue le point de départ de prédilection pour ceux qui désirent rejoindre l’Europe. Selon les chiffres du gouvernement italien, quelque 13400 arrivées ont été recensées en janvier et février, soit une hausse de 50 à 70% par rapport aux deux premiers mois de 2015 et 2016.

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