28. Juli 2017 · Kommentare deaktiviert für „Mali: lourdes pertes pour les prorégimes“ · Kategorien: Mali

Le Figaro | 27.07.2017

Les affrontements entre groupes signataires de l’accord de paix au Mali en marge desquels deux Casques bleus allemands ont péri dans un accident d’hélicoptère se sont soldés par de lourdes pertes pour les forces pro-gouvernementales, a appris jeudi l’AFP de sources concordantes.

Ces combats ont opposé hier près de Kidal, dans le nord-est du pays, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) aux groupes armés pro-gouvernementaux. C’est en les observant qu’un hélicoptère de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) s’est écrasé près de Tabankort, coûtant „la vie à deux soldats allemands“, a souligné aujourd’hui le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix.

„L’hélicoptère en question était en train de conduire des activités de surveillance dans la région, suite à de violents affrontements entre les groupes armés signataires“ de l’accord de mai-juin 2015, a précisé M. Lacroix dans un communiqué.

Le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental) „a perdu quelques dizaines de combattants tués, quelques dizaines d’autres ont été faits prisonniers“, a déclaré à l’AFP une source au sein d’une organisation internationale.La CMA a perdu au moins deux hommes et eu plusieurs blessés, selon la même source.

„Nous avons éliminé 50 combattants du Gatia et nous avons 39 prisonniers“, a déclaré à l’AFP Oumar Ag Acherif, membre de l’ex-rébellion, ajoutant avoir donné à la Croix-Rouge accès aux prisonniers pour montrer qu’ils étaient bien traités.

Dans un communiqué, la CMA a affirmé „avoir démantelé toutes les positions de la Plateforme qui se formaient autour“ de Kidal, soupçonnant les groupes pro-gouvernementaux de vouloir encercler cette ville sous son contrôle.

Le Gatia n’a pas fourni de bilan, mais un de ses responsables a reconnu „des pertes“. „Nous avons des morts, mais aussi des blessés qui ont été évacués sur la ville de Gao. Nous avons tué aussi des ennemis“, a déclaré ce responsable sous le couvert de l’anonymat.

Le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), l’imam Mahmoud Dicko, s’est rendu jeudi à Kidal pour une mission de bons offices, a-t-on appris auprès de sa délégation et de la CMA.

Il devait initialement engager des discussions avec les groupes armés afin de faciliter le retour de l’administration malienne à Kidal „mais, compte tenu de la situation, il a lancé un appel au calme et demandé aux uns et aux autres de ne plus faire usage des armes“, a indiqué à l’AFP un membre de sa délégation.

L’imam Dicko avait affirmé en octobre avoir obtenu du chef jihadiste touareg malien Iyad Ag Ghaly un engagement écrit à un „cessez-le-feu unilatéral“ mais le groupe de ce dernier, Ansar Dine, avait ensuite démenti.

La formation d’une nouvelle alliance entre jihadistes du Sahel liés à Al-Qaïda, dirigée par Iyad Ag Ghaly, a été annoncée en mars. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes mais dont l’application enregistre d’importants retards.

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Ledjely.com | 28.07.2017

MALI: l’Azawad, l’insoluble crise

Au Mali, quand l’occasion se présente, faisant tout à la fois dans la méthode Coué et la politique de l’autruche, on se persuade que la crise sécuritaire est en voie d’être résolue. Mais mois après mois, l’implacable réalité rappelle qu’il n’en est rien. Les affrontements qui, le mercredi dernier, ont opposé dans les environs de Kidal, les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) et le Groupe d’autodéfense touareg des Imrades et alliés (Gatia, pro-gouvernemental), sont à propos, une parfaite illustration de ce que l’insécurité continue de régner dans le Mali en général et dans sa partie septentrionale en particulier. Naturellement, la déliquescence de l’Etat malien et le délitement de son armée y sont pour quelque chose. Mais il n’y a pas que cela. Il y a aussi et surtout une mauvaise appréciation de la crise qui peine à être corrigée parce que de prétendus soutiens extérieurs de l’Etat malien ne veulent pas en entendre parler.

Tout à refaire

Difficile d’avoir un bilan précis au sujet des affrontements d’avant-hier à Kidal. Mais toutes les sources s’accordent à reconnaître que les victimes se comptent par dizaines. Par ailleurs, le Gatia aurait enregistré les plus lourdes pertes. On évoque notamment une cinquantaine de morts, de nombreux autres blessés et de prisonniers. Mais à vrai dire, aussi préoccupant que soit ce bilan, il n’est pas le plus important en tant que tel. Si ce n’est qu’il est la preuve vivante que dans cette région, la paix n’est pas encore un acquis. En outre, qu’un groupe allié au gouvernement écope un tel revers, n’est pas non plus très rassurant pour l’Etat malien. Bref, ce n’est pas la peine de se le cacher. En dépit de l’accord de paix de juin 2015, tout reste à refaire au Mali.

Bilan médiocre pour IBK

Naturellement, un tel constat est une interpellation qui touche en premier lieu les autorités maliennes. Responsables de la sécurité sur l’ensemble du territoire, le principe voudrait que ce soit à elles de rétablir l’ordre. Mais avec ce que le pays continue de vivre, il est évident que les choses n’ont pas fondamentalement évolué depuis qu’on dénonce la faiblesse des forces armées maliennes. Pourtant, à son élection en 2013, c’était là un des chantiers cruciaux du président IBK. Il se devait de remobiliser les troupes, de les réorganiser et de les mettre dans les conditions leur permettant de restaurer l’ordre et la quiétude partout sur le territoire malien. Mais on se rend compte que c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Un résultat d’autant plus inacceptable qu’il n’est pas ici question des fameux groupes terroristes face auxquels l’apathie et l’impuissance de l’Etat paraissent compréhensibles sinon excusables.

Sous la cendre, le feu couve…

D’ailleurs, l’autre problème qui empêche le retour de la paix au Mali, c’est justement cet amalgame créé à dessein autour des acteurs de la crise malienne. En effet, sans qu’on ne sache pourquoi, ce sont les groupes terroristes qui font l’objet de la plus grande attention. Ceux-là concentrent toutes les attentions et accaparent toutes les énergies. Quant aux mouvements identitaires se revendiquant de l’Azawad, ils passent pour moins importants. Tantôt on les caresse dans le sens du poil, tantôt leurs revendications se heurtent à de la banalisation de la part non seulement des autorités maliennes, mais surtout de celle de la France et plus largement de la communauté internationale. Conséquence, le problème Azawad n’a jamais eu droit à la réponse qu’il mérite. Dans le meilleur des cas, les revendications ont été jugées légitimes et fondées. Mais les actions tendant à corriger la situation n’ont généralement pas suivi. C’est à peine si on entend parler de temps en temps de mesurettes à visée symbolique. On imagine que cette situation n’est pas que du fait de la mauvaise foi de Bamako. Mais le pays étant sous perfusion, c’est Paris, New York et Washington qui décident des priorités. Or, pour ces grands acteurs, l’Azawad, ce n’est pas la priorité. C’est le terrorisme qui l’est. Il s’en suit que sous la cendre, le feu couve encore et toujours. Et quand l’occasion se présente, on en voit les étincelles. C’est tout le sens des affrontements de ces derniers jours. Autrement, rien de surprenant.

Boubacar Sanso Barry

 

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