04. April 2015 · Kommentare deaktiviert für WSF Tunis: 1.200 Jubel-Algerier, von Regierung und Ölindustrie geschickt · Kategorien: Algerien, Tunesien · Tags:

Die größte Delegation auf dem diesjährigen Weltsozialforum waren die Algerier, die einheitlich mit nationalgrünen Käppis auftraten: Sie proklamierten das Fracking, gegen das es in Südalgerien große Protestbewegungen gibt, und attackierten marokkanische Gruppen. Beim vorangegangenen WSF hatten die algerische Grenzer die Ausreise der algerischen Delegation verhindert, die sich damals aus Menschenrechtsgruppen und oppositionellen GewerkschafterInnen zusammensetzte. Auch damals hatte es Auseinandersetzungen zwischen algerischen und marokkanischen TeilnehmerInnen wegen der Westsahara-Frage gegeben, die allerdings nicht derart regierungsgesteuert waren wie dieses Mal.

Organisateurs et associations autonomes dénoncent ses agissements au forum

Haro sur la délégation officielle

El Watan

Tbahdila !» «Ils nous foutent la honte !» fulmine un militant associatif participant au Forum social mondial (FSM). Des mots d’exaspération que l’on n’a eu de cesse d’entendre depuis notre arrivée à Tunis, agrémentés d’un chapelet de récriminations.

Celles-ci visent la délégation «officielle» algérienne, forte de 1200 membres issus de quelque 650 associations et qui, malheureusement, s’est davantage illustrée par ses écarts de conduite que par sa participation active aux débats qui émaillent le forum. Se baladant, pour la plupart, en casquette floquée du drapeau national, ils se signalent le plus souvent aux cris de «One two three, viva l’Algérie», le drapeau bien mis en évidence.

Et à force de le scander à tout-va, notre slogan fétiche a fini par perdre de sa saveur. Davantage encore lorsqu’il est associé à des comportements indélicats. Dès l’ouverture du forum, lors de l’assemblée générale des femmes, un groupe issu de cette délégation avait perturbé les travaux, une attitude qui reviendra dans nombre d’ateliers, débats et conférences au nom de la défense de la cause sahraouie.

Écarts de conduite

Alors, certes, les membres de la délégation marocaine ne sont pas tous des enfants de chœur, mais le fait est là : la délégation algérienne fait parler d’elle, et en mal. Plusieurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux, donnant à voir des gestes aux antipodes de la posture éthique et politique d’un rassemblement altermondialiste.

«Ils ne font que traîner et danser du matin au soir», lâche un activiste antigaz de schiste en pointant un sérieux problème de «casting» dans le choix des participants, surtout quand on connaît la teneur des débats ici, tous plus pointus les uns que les autres. Une militante féministe bien de chez nous regrette, pour sa part, «l’abus de folklore» dont font preuve les «nôtres».

D’ailleurs, l’un des rares domaines où nos compatriotes se seront montrés à leur avantage, à en juger par la curiosité qu’ils suscitent, c’est quand une troupe folklorique aux couleurs nationales a gratifié le public d’une danse aux sons du karkabou. Sauf que, pour une délégation de 1200 personnes, l’une des plus importantes du forum, force est de convenir que c’est assez maigre comme contribution.

Les attitudes survoltées de la délégation algérienne, qui ont été confondues vidéos à l’appui, ont obligé les organisateurs à les rappeler sévèrement à l’ordre dans un point de presse improvisé vendredi à l’hôtel Africa. Le scandale a poussé les associations et collectifs algériens autonomes à se fendre d’un communiqué (dont El Watan a obtenu une copie) pour dénoncer ces mêmes agissements et se démarquer de la délégation officielle.

A noter que pas moins de 17 associations ont signé ce texte, dont RAJ, la LADDH, Tharwa Fadhma N’soumer, Agir pour la démocratie en Algérie, Agora, le Groupe antigaz de schiste d’Oran (GASO), Femmes plurielles, Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Action citoyenne pour l’Algérie (ACA), Comité populaire contre le gaz de schiste en Algérie ou encore le Mouvement culturel amazigh des Aurès.

Table ronde émaillée d’incidents

«De très graves incidents ont marqué la table ronde ‘‘Résolution des conflits pour l’unité du Maghreb’’, qui s’est tenue jeudi dernier, au second jour du Forum social mondial 2015 de Tunis», rapportent les auteurs du communiqué. Des éléments, en force, se réclamant de la «société civile» algérienne, ont eu un comportement violent à l’égard d’intervenants et de participants, empêchant le débat de s’instaurer. A la fin de la table ronde, un membre du comité d’organisation a été violenté et un participant a été agressé physiquement.

Ces éléments, constitués en véritable commando, affublés de drapeaux et de casquettes aux couleurs algériennes, ont entravé en permanence le débat.

Il est fait état, aussi, d’«agissements et d’agressions par ces mêmes éléments lors d’autres rencontres et même contre des stands d’associations algériennes», relève le communiqué.

«Ce comportement est contraire à la charte des Forums sociaux mondiaux et à leur esprit, caractérisé par la liberté d’expression et le refus de la violence et des discours haineux. Ces éléments ne représentent en aucun cas la société civile algérienne et donnent une image détestable de notre pays», déplorent ces associations. «Ces agissements sont d’autant plus condamnables que nous avons constaté une participation importante et remarquable de collectifs algériens à ce Forum social mondial», regrettent-elles encore.

Par cette position, les auteurs du communiqué ont tenu à condamner «fermement les responsables de ces agissements, dignes des pratiques de ‘‘baltagias’’» tout en se désolant que ces attitudes «viennent entacher une participation algérienne forte et inédite».
Enfin, ces représentants de la société civile s’engagent à poursuivre leur combat «pour que, en Algérie même, ce genre de rencontres, de débats contradictoires, d’espaces d’expression libre, de société civile indépendante et autonome ne soient plus empêchés par les autorités algériennes».

Selon certaines indiscrétions, l’affaire aurait pris des proportions telles que les hautes autorités tunisiennes en auraient été saisies, et une plainte aurait même été déposée contre les auteurs de ces violences.

Mustapha Benfodil

Comment Alger a tenté de convertir le Forum social mondial de Tunis au gaz de schiste

Par Khansa Ben Tarjem (contributrice Le Monde Afrique, Tunis), Le Monde

Renversement de stratégie. En 2013, le gouvernement algérien avait bloqué des autobus de militants altermondialistes en route vers la première édition à Tunis du Forum social mondial (FSM). Deux ans plus tard, Alger semble avoir au contraire rempli des autobus. A l’édition 2015 du FSM, la délégation algérienne est la plus nombreuses – et comprenait de nombreux supporters du président Bouteflika.

Des associations proches du gouvernement algérien et la Sonatrach, le groupe pétrolier public algérien, ont même tenté de défendre à Tunis l’exploitation du gaz de schiste, alors que l’écologie est l’un des piliers du FSM et qu’au sud de l’Algérie, les premiers forages de puits de gaz de schiste a déclenché un mouvement de protestation sans précédent.

En costume cravate marron et petite moustache, Mahmah Bouziane, qui se présente comme un expert des énergies renouvelables et du développement durable, aligne chiffres, courbes et schémas pour démontrer que l’exploitation du gaz de schiste ne présente aucun danger pour l’environnement. Pour éviter l’utilisation de produits chimiques, il propose d’utiliser l’hélium, un gaz rare, pour remplacer la fracturation hydraulique.

Des rires éclatent dans la salle de la faculté des sciences de Tunis ce vendredi 27 mars. « Mais où est-ce que vous allez chercher ces chiffres ? », s’écrie Siouar, un jeune militant anti-gaz de schiste. Un ingénieur de la Sonatrach est alors appelé à la rescousse par le conférencier pour donner plus de détails techniques. Khelil Kartoubi a dirigé le premier forage en Algérie. « Bravo ! Vous devez en être fier », ironise la salle. « Laissez le parler, nous voulons entendre les experts », proteste un homme debout à l’arrière de la salle. « Montrez votre casquette pour qu’on sache qui vous êtes », lui répond Fateh, un Algérien d’une trentaine d’années qui milite au sein d’une organisation politique, l’Action citoyenne pour l’Algérie.

Massive délégation officielle algérienne

La délégation algérienne officielle au FSM compte plus de 1 200 personnes. Tous portaient en arrivant des casquettes vertes. Selon plusieurs témoins, des personnes, portant des casquettes et des T-shirts aux couleurs de l’Algérie ont par ailleurs agressé plusieurs stands tenus par des associations marocaines en criant des slogans en référence au Sahara occidental.

Dans la salle dédiée au débat sur le gaz de schiste, l’ambiance devient électrique. Les militants écologistes prennent tour à tour la parole. Ils avancent des chiffres et des arguments techniques sur les conséquences environnementales de cette pratique. Ils parlent aussi de répression, de censure, d’absence de débat et du refus du gouvernement algérien d’écouter les populations concernées. « Le gaz de schiste est une technologie terroriste, il faut lui appliquer la loi antiterroriste » renchérit un militant. La salle crie : « Nous sommes tous In-Salah ! Non, non au gaz de schiste ! ».

Mouhad est originaire d’Ouargla, une ville proche d’In-Salah. Il explique que la campagne anti-gaz de schiste a commencé avant la promulgation en janvier 2013 de la loi qui permet l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Dès les premiers forages, une campagne de porte à porte par des opposants a alerté les habitants d’In-Salah sur les risques que représente, selon eux, le gaz de schiste. La mobilisation a touché toute la population, même les femmes à qui Mouhad ne manque pas de rendre hommage.

Pour les militants présents, le forum social est pourtant une occasion unique de discuter avec représentants de la Sonatrach. « Jamais un tel débat n’aurait été possible en Algérie », affirme un activiste algérien. Pour lui, comme pour ses amis, la résistance continue.

Khansa Ben Tarjem contributrice Le Monde Afrique, Tunis

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