04. Februar 2018 · Kommentare deaktiviert für „Jerada : Grève générale et sit-in devant la morgue ce vendredi“ · Kategorien: Marokko · Tags: ,

Nachdem es in den eigentlich geschlossenen Kohlebergwerken von Jerada erneut zu einem Unfall mit Todesfolge gekommen ist, werden die lokalen Proteste stärker. Ein Generalstreik ist aufgerufen. In der Stadt mit ehemals über 60.000 EinwohnerInnen gibt es fast keine Beschäftigung mehr. Aus der Kohleförderung ist eine selbstorganisierte Armutsökonomie geworden. Seit Monaten befindet sich die Region immer wieder in Aufruhr.

Yabiladi | 02.02.2018

Sur fond de grève générale et d’une présence policière sans précédent sur les lieux, la population de Jerada observe ce vendredi un sit-in devant la morgue, où se trouve la dépouille d’(A.Z), dernière victime des puits à charbon.

L’ouvrier (A.Z.) est décédé hier après l’effondrement d’un puit de charbon à Hassi Belal (province de Jerada). La nouvelle a provoqué une vague de colère, poussant la population à porter le corps du défunt lors d’une manifestation qui s’est dirigée vers le siège de la Commune de Jerada.

C’est ainsi que la contestation s’est poursuivie aujourd’hui, parallèlement à une grève générale dans la ville. Ce vendredi, des milliers de manifestants ont protesté contre la décision des autorités de soumettre le corps d’(A.Z.) à une autopsie. Selon eux, l’initiative cacherait la volonté d’entamer des poursuites judiciaires pour «non-assistance à personne en danger».

En effet, «après l’exhumation hier du corps de la victime, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué, selon lequel les jeunes auraient entravé le processus de secours des autorités locales», nous explique Mohammed Elouali, membre de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Plus loin dans son document, l’Intérieur reproche aux manifestants d’avoir transporté hier le corps «sans autorisation».

Mais de son côté, Elouali nous affirme que «porter le corps des victimes des mines clandestines a toujours été d’usage et les autorités ne s’y sont jamais opposées. C’est stupide de poursuivre des gens uniquement pour cette raison».

Dans un autre entretien accordé à Yabiladi, le militant rappelle par ailleurs que «la famille des deux frères ouvriers morts dans les mêmes conditions, il y a une quarantaine de jours, ont reçu une maigre compensation, ce qui est en tout cas une première».

Des manifestations surveillées de près

Du côté des autorités, la mobilisation de la population de Jerada ce vendredi ne passe pas inaperçue. «Le dispositif sécuritaire est étonnant et il n’a jamais été aussi lourd, depuis le début des manifestations dans la ville», nous indique Mohammed Elouali, qui confirme le succès de la grève générale et du sit-in malgré des conditions météorologiques difficiles.

Pour Elouali, l’Etat «veut freiner l’élan des manifestations en cours à Jerada», depuis le décès des deux frères ouvriers le 22 décembre 2017. Cependant, «le Hirak de Jerada continuera, tant qu’il y aura exclusion, marginalisation et injustice envers la population d’une région, oubliée malgré ses richesses naturelles», tient à souligner le militant.

Les contestations sociales de Jerada suivent un calendrier hebdomadaire, dont l’élaboration est faite dans le cadre de la coordination associative et syndicale englobant plusieurs acteurs locaux de la société civile. Mais désormais, «le programme de cette semaine est dépassé, avec le décès survenu hier», constate Mohammed Elouali.

Celui-ci rappelle que «la colère se ressent plus que jamais, du côté de la population. Les autorités n’ont pas de réponse à cette situation et il faut s’attendre à ce qu’elle adopte une autre approche dans le traitement de ces manifestations».

Une approche de plus en plus sécuritaire

Selon le militant, «l’Etat est déterminé à vider la région de sa population. Elle était de 60 000 habitants il y a quelques années. Actuellement, ils ne sont que 43 000. Mais cette politique ne fonctionne pas car peu de personnes sont aujourd’hui prêtes à quitter leur ville. Comme la mise en place d’une politique de développement efficace est désormais un mirage, l’Etat semble recourir à l’option ultime d’adopter une approche sécuritaire».

Elouali voit les prémices d’une attitude semblable à celle adoptée avec le Hirak du Rif par l’Etat. Quant à la visite du Chef du gouvernement prévue dans l’Oriental, le membre de l’AMDH dit ne pas savoir si Saâdeddine El Othmani visitera ou non Jerada, ajoutant que le passage du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, n’a pas changé considérablement la donne.

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Yabiladi | 01.02.2018

Les mineurs de Jerada reprennent leur «grève»

La succession d’accidents meurtriers dans les mines de la Province de Jerada amène les ouvriers à prolonger leur arrêt de travail, alors que la pression sur les mines de la région est au plus haut.

Le Hirak de Jerada n’aura pas eu à attendre de célébrer, demain, vendredi 2 février, le 40e jour anniversaire de la mort des deux frères mineurs clandestins à Jerada pour compter un nouveau décès. «Les mineurs qui avaient repris le travail après le boycott des mines, parce qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’arrêter de travailler aussi longtemps, ont décidé de reprendre leur ‘grève’», explique Aziz Naitabou, l’un des porte-paroles du Hirak.

Dimanche dernier, peu avant la manifestation des 43 cercueils, trois hommes travaillaient seuls sur une aire de stockage située juste derrière Jerada pour calibrer et ensacher le charbon produit par les puits avoisinants. «Je travaille, ici, à la surface parce que je ne suis plus capable de descendre creuser au fond», expliquait Soufiane, 81 ans, mineur depuis 17 ans. Avec ces deux collègues, il n’avait repris que depuis deux semaines car jusque-là les mineurs avaient cessé le travail en signe de protestation. Pour lui, il s’agit d’un luxe qu’il ne peut guère se permettre.

«Si j’arrêtais de travailler, je ne pourrais plus manger. Mes deux filles se sont mariées, heureusement, mais je vis avec ma femme et mon plus jeune fils de 17 ans qui a été renvoyé au collège à cause de ses absences.»

Ces grèves des mineurs – qui n’en sont pas puisqu’ils ne sont pas salariés – et les mouvements de protestations se répètent dans la région à chaque accident. Le 31 janvier, un éboulement avait déjà blessé un mineur, dans la galerie de Sidi Boubker, à une heure de route à l’est de Jerada, sur le site de l’ancienne mine de plomb. Sur une place, derrière les arcades de l’entrée des anciennes «Mines de Zellidja», moins d’une centaine d’homme discutent. Samir*, la trentaine, est désigné par les autres manifestants comme leur porte-parole.

«Depuis mercredi dernier nous venons tous les jours sur cette place, mais personne n’est venu nous voir. C’est ainsi depuis des années: nous manifestons et puis, s’il n’y a pas de solution, nous retournons travailler dans la galerie.»

Ressource convoitée dans une région en difficultés

Avec la crise économique en Espagne en 2008 qui a poussé beaucoup de MRE originaires de l’Oriental à rentrer chez eux et la fermeture presqu’hermétique des passages clandestins frontaliers avec l’Algérie depuis trois ans, la pression sur les ressource minières de la région s’est intensifiée ces dernières années et ces derniers mois. C’est en hiver que la demande et donc le prix du charbon sont les plus élevés, mais c’est en hiver aussi, avec les pluies et la neige, que le puits s’effondrent le plus souvent.

«Les gens qui viennent d’Oujda pour travailler dans la galerie ne connaissent rien aux mines, c’est eux qui s’attaquent aux piliers qui soutiennent les galeries pour récupérer plus facilement du plomb et fragilisent les galeries», accuse Mohamed. Les mineurs de Sidi Boubker demandent ainsi à ce que la galerie ne soit accessible qu’aux habitants de la petite ville.

A l’entrée de la galerie principale, au-dessus de la ville, deux mineurs montent la garde autour d’un petit feu. Le sol est tapissé de piles usagées utilisées pour les lampes frontales. «Ils sont là pour éviter que des ouvriers extérieurs à Sidi Boubker ne viennent creuser mais aussi pour empêcher les vols de matériel », explique Mohamed*

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