16. Juni 2017 · Kommentare deaktiviert für Marokko: Eskalation im Rif · Kategorien: Marokko · Tags:

Die Regierung hat die nationale Demonstration der Bewegung im Rif am 20. Juni 2017 verboten. Während erste DemonstrantInnen zu Haftstrafen abgeurteilt wurden, verhaftet jeden Tag die Polizei mehr Leute aus dem Menschenmengen, die weiterhin abendlich zum Protest auf die Strasse gehen. Dieser weitet sich inzwischen über die Ränder des Rifs bis nach Oujda aus. Gestern begann die Polizei mit Tränengas- und Knüppeleinsätzen gegen die Versammlungen der Bevölkerung auf zahlreichen Plätzen in Städten und Dörfern des Rif. DemonstrantInnen riefen in Sprechchören, dass die Zeit der friedlichen Demonstrationen vorbei sei, dann kam es zu massiven Auseinandersetzungen mit der Polizei. Vermittlungsinitiativen von Parteien und NGOs stellten angesichts des anhaltenden Repressionskurses der Regierung gestern ihre Arbeit ein.

 

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le Desk | 16.06.2017

Al Hoceima : Sous les tirs des lacrymos, « silmya, c’est fini ! »

La soirée du 15 juin a été rude à Al Hoceima, où des jeunes ont définitivement changé le décor du face-à-face avec les forces de l’ordre. Finis les rassemblements massifs, étendards du Rif au vent, autour de leaders au micro, désormais quasiment tous détenus. Le Hirak s’est transformé en batailles rangées avec la police, jets de pierres contre tirs de grenades lacrymogènes, jusqu’au bout de la nuit
De nos envoyés spéciaux à Al Hoceima

Cette nuit, l’accalmie n’a été que de courte durée à Al Hoceima. Dans le quartier de Sidi El Abed et à Diour Al Malik, le traditionnel face-à-face nocturne entre manifestants et forces de l’ordre a rapidement viré à l’émeute. La veille déjà, des jeunes à Hay Marmoucha avaient promis de s’en prendre à la police quelles que soient les sommations d’usage, destinés à les disperser.

Organisés en bandes éparses, ils ont répliqué par une pluie de projectiles. En réplique, la police anti-émeute a fait usage de bombes lacrymogènes. Une première pour ces rassemblements nocturnes.

Il est déjà loin le temps où, disciplinés et serrés en rangs d’oignons, les manifestants, encadrés par un service d’ordre, entonnaient les slogans crachés par les sonos installés pour donner écho aux discours enflammés des leaders du Hirak.Et pour cause, le mouvement a été décimé par les interpellations. Reste aujourd’hui, dans la nuit d’Al Hoceima, ces ultras, anonymes qui harcèlent les forces de l’ordre à coup de caillasse.

Les protestataires ont couru dans tous les sens, tandis que d’autres ont choisi l’affrontement et ont jeté des pierres en direction de la police. Des femmes montées en première ligne ont été les premières à être asphyxiées par les gaz qui se sont infiltrés jusque dans les intérieurs des maisons.

Les plus aguerris ont retiré leurs t-shirts pour se protéger le visage et continuer à scander leurs slogans en expédiant au loin leurs pierres. Certains, touchés par les projectiles incandescents de la police ont été évacués vers l’hôpital.

Nombre de manifestants se sont réfugiés dans les ruelles adjacentes, après avoir été coursés par les policiers casqués. « La répression et la détention ne nous empêchera pas de continuer notre Hirak » ont commenté nombre d’entre eux.

Plus tôt dans la journée, les nouvelles n’étaient pas réjouissantes : les arrestations ont continué à été signalées. De nombreux étudiants de l’université multidisciplinaire de Selwan ont boycotté les examens. L’annonce faite par Saadeddine El Otmani, à l’issue du Conseil de gouvernement que « des visites de terrain allaient être effectuée sous peu » a été prise pour un énième affront alors que la revendication première des frondeurs est la libération immédiate et sans condition de plus d’une centaine de détenus, à Al Hoceima et à Casablanca. Des marches de protestations ont été organisées de jour dans les villages d’Imzouren Tmacent, à Midar et Laroui.

Des familles de détenus ont rapporté que les policiers en faction dans les parloirs du centre de détention où sont incarcérés les premiers condamnés ont empêché que les échanges se fassent en rifain afin de pouvoir contrôler leurs paroles. La défense a vivement contesté cette interdiction, allant jusqu’à faire référence à l’Apartheid sud-africain.

Le conclave initié par Ilyas El Omari au siège de la région à Tanger qui devrait se tenir ce vendredi, et regroupant politiques et membres de la société civile, enregistre défection sur défection. Dernière en date, la coalition des 22 ONG qui scrutent la situation dans le Rif a émis un communiqué jeudi soir pour marquer son désengagement. En cause principalement, « la gestion sécuritaire de la crise, les rafles à répétition dans les rangs des manifestants ».

Dans les villes et localités environnantes, à Ahfir, Zaio, Taourirt, Bni Tijit et jusqu’à Berkane et Oujda, des sympathisants du mouvement ont tenté d’occuper les mosquées avant d’être délogés par la force après la prière du Tarawih.

La décision prise par le ministère de l’Intérieur d’interdire la grande marche nationale du 20 juin en commémoration des événements sanglants de la révolte de 1981 a elle aussi encouragé le Hirak a plus de radicalité.

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Yabiladi | 15.06.2017

Procès d’El Hirak : Le premier d’une longue série

Trente-deux membres du Hirak ont été condamnés hier par le tribunal de première instance d’Al Hoceima. Beaucoup d’autres vont suivre car plus d’une centaine de personnes ont déjà été arrêtées dans le cadre des manifestations du Rif. Chaque jour de nouvelles arrestations ont lieu. Un véritable défi pour les avocats bénévoles.

Les premières condamnations des manifestants du Hirak à Al Hoceima sont tombées hier après-midi, après un procès marathon de presque 24 heures : 18 mois de prison pour les 25 prévenus en détention provisoire et deux à six mois de prison avec sursis pour les 7 accusés qui comparaissaient libres. Ils étaient poursuivis pour rébellion, attroupement armé, insultes et violences à l’égard d’agents de la force publique, dégradation d’objets affectés à l’intérêt général, outrage à agents de la force publique et manifestation sans déclaration préalable sur la voie publique.

Le procès a commencé mardi à 13 heures, dans une salle comble. Familles, amis et autres membres du Hirak ont été nombreux à être venus en soutien, inquiets du sort des manifestants. Dans la salle d’audience, les hommes se sont assis à gauche de l’allée centrale, et les femmes à droite. «L’un des membres de ma famille a été arrêté dans son village à l’extérieur d’Al Hoceima. Il est accusé d’avoir participé à une manifestation non autorisée. C’est une injustice politique ! J’espère qu’il va être libéré», a déclaré Mohamed, venu assister au procès mardi.

Entre les avocats, le procureur et le juge, le débat va longtemps tourner autour des pièces à conviction des dossiers. «Les dossiers sont des copier-coller les uns des autres. Ils sont seulement composés de photos des personnes qui manifestent. Ce n’est pas illégal, mais ces images sont présentées comme des éléments d’accusation», regrette Mohamed Ould Haj, l’un des avocats des membres du Hirak. En revanche, «le procureur a interdit aux avocats de montrer leurs propre vidéos. L’une d’entre elle a été tournée par l’un des accusés qui enregistrait un film avec son portable lorsqu’il a été arrêté. L’enregistrement n’a pas été interrompu et révèle que le jeune a été frappé et insulté», souligne l’avocat.

A l’usure…

Le procès, qui devait s’achever mardi, s’est poursuivi jusqu’à près de 3 heures du matin, sans que le verdict ne tombe. Mercredi matin, quand le procès a repris, les soutiens des prévenus étaient déjà beaucoup moins nombreux sur les bancs de la salle d’audience. Le mur d’avocats – une trentaine – qui séparait la veille le public du juge et des prévenus, était également moins dense.

Avec un procès aussi long, «la stratégie de l’accusation est de fatiguer les avocats. Il y a 600 kilomètres entre Rabat et ici ! Les tribunaux refusent également de regrouper les dossiers. Je ne sais pas si on va tenir, mais pour l’instant nous continuons à assister les accusés. Nous collaborons : les avocats d’Al Hoceima assistent ici les accusés, les rencontrent en prison et envoient un PV aux avocats de Casablanca qui assistent les autres prisonniers et tiennent informés les avocats d’Al Hoceima», explique Yahia Charia, avocat au barreau de Tétouan.

Si les différents avocats bénévoles ont pu assister ensemble les 32 accusés de ce premier procès marathon, il reste en effet encore plusieurs dizaines de détenus, d’autant que de nouvelles arrestations ont lieu chaque jour. «Je crois que l’Intérieur à une liste des personnes qu’il prévoit d’arrêter», révèle une source proche des autorités.

Les sécuritaires sur le qui-vive

Au total, mardi, plus d’une centaine de membres du Hirak étaient en prison : 62 à Al Hoceima et les autres à Rabat. Leur nombre devrait encore augmenter car la situation s’envenime. Hier soir, lors de la manifestation à Al Hoceima, policiers et manifestant ont échangé des tirs de projectiles. La veille du verdict, si la police a bloqué l’avancée des groupes de manifestants qui parcouraient la ville, la manifestation est restée pacifique, en dépit d’une charge des forces anti-émeute.

«Aujourd’hui, nous sommes tout ouïe lorsque les manifestations sont pacifiques, mais il y a une volonté manifeste de passer à quelque chose de très grave», estimait un responsable du ministère de l’Intérieur, la semaine dernière dans une déclaration officieuse à la presse internationale. «Le programme ‘Al Hoceima, ville phare de la Méditerranée’ est achevé à 90%. Une délégation ministérielle et des représentants des Offices se sont rendus à Al Hoceima et ont pris attache pour voir l’avancement des projets, mais les manifestations continuent en dépit de l’écoute des responsables politiques. On s’interroge donc sur les intentions réelles des manifestants, d’autant plus lorsqu’il y a des débordements violents», a-t-il ajouté, suggérant une nouvelle fois que le Hirak serait soutenu par le Polisario.

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