08. Juni 2018 · Kommentare deaktiviert für L’Autriche et le Danemark veulent ouvrir des camps d’expulsés aux portes de l’UE · Kategorien: Europa, FR, Österreich · Tags:

Als Aufnahmeländer für die neuen extraterritorialen EU Lager sollen Albanien und Kosovo im Gespräch sein.

Le Monde | 08.06.2018

Selon le premier ministre danois, Copenhague est en discussion avec Vienne et « d’autres pays » de l’Union pour la mise en place d’un « nouveau régime européen de l’asile ».

Leurs divisions et la pression des populistes font décidément naître les idées les plus renversantes parmi les dirigeants européens quant au traitement à réserver aux demandeurs d’asile et au refoulement de ceux qui en ont été déboutés.

Mardi 5 juin, le premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, a annoncé que son pays était en discussion avec l’Autriche – qui assumera bientôt la présidence tournante de l’Union – et « d’autres pays » pour la mise en place d’un « nouveau régime européen de l’asile ». Point central du dispositif : la création de « centres communs de réception et d’expulsion en Europe », mais hors du territoire de l’UE semble-t-il. En clair, des camps de rétention, où se retrouveraient des migrants ne pouvant prétendre à une demande d’asile, ou ne pouvant être rapidement renvoyés.

M. Rasmussen n’a pas mentionné la possible localisation de ces camps. Ils ne seraient pas, selon lui, « sur la liste des destinations préférées des migrants et des passeurs ». Il s’agirait en fait, selon plusieurs sources, de l’Albanie et du Kosovo, candidats à l’adhésion à l’UE. Le premier ministre a évoqué des contacts « avec d’autres dirigeants européens » et se disait « optimiste » quant à la mise en place d’un projet pilote « d’ici à la fin de l’année ». L’idée d’ouvrir des camps dans des pays européens, hors UE, est également portée par le ministre autrichien de l’intérieur, Herbert Kickl, poids lourd du FPÖ (extrême droite) au sein de la coalition au pouvoir à Vienne. Les premières discussions auraient en fait eu lieu à Sofia, en marge du sommet entre les Vingt-Huit et cinq pays des Balkans occidentaux, le 17 mai.

« Défis pratiques et légaux »

Les sociaux-démocrates et les populistes du Parti du peuple danois (Dansk Folkeparti, DF) – ces derniers soutiennent M. Rasmussen au Parlement sans participer au gouvernement – ont fait savoir qu’ils étaient favorables à la proposition du premier ministre libéral. La formation populiste avait déjà proposé de transformer une île inhabitée du royaume, située hors du territoire de l’Union, en centre de détention pour les déboutés. La ministre libérale de l’immigration, Inger Stojberg, avait répondu qu’elle était « toujours prête à examiner de bonnes idées », même si celle-ci présentait « des défis pratiques et légaux ».

En visite à Bruxelles mercredi, le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz présentait les principaux axes de sa présidence de l’UE, qui démarrera le 1er juillet. Il aurait voulu que toute l’attention soit portée sur ses deux priorités : le renforcement des frontières extérieures de l’Union et ses propositions pour le budget post-Brexit. Interrogé sur les propos de M. Rasmussen, il a dû les confirmer, tout en ajoutant prudemment qu’il ne s’agissait pas d’un projet porté par sa future présidence mais « d’une initiative émanant d’un cercle restreint auquel le Danemark appartenait ». Quels autres Etats membres seraient concernés ?

Les Pays-Bas, semble-t-il, mais la diplomatie néerlandaise affirmait, jeudi, ne pas vouloir se prononcer sur la concrétisation du projet. La Belgique n’aurait pas été consultée même si, lundi, lors d’une réunion des ministres européens de l’intérieur et de la migration, son secrétaire d’Etat, le nationaliste flamand Theo Francken, avait évoqué la nécessité d’empêcher l’accostage des bateaux en Europe – « push back » – et proclamé « la mort » du règlement de Dublin, qui oblige les pays de première arrivée (Italie et Grèce surtout) à enregistrer un migrant avant son transfert éventuel vers un autre Etat membre.

L’Allemagne aurait été « approchée » mais un proche de la chancelière Merkel ne cachait pas son scepticisme. Quant à la France, elle semble tomber des nues. Paris œuvre à un texte pour sortir le dossier migratoire de l’ornière mais ne pourrait accepter l’idée de camps de rétention. « Inimaginable », aussi, dit une source diplomatique, de voir des pays des Balkans se ranger à de telles initiatives, même en échange d’une aide financière ou d’une accélération de l’examen de leur dossier d’adhésion.

Bruxelles inquiète des dérives

La Commission européenne est embarrassée. Elle considère que les projets en question relèvent d’« initiatives nationales », en soulignant qu’il serait préférable d’avoir une approche européenne, fondée sur les « valeurs » de l’Union. De précédents projets visant à la création de centres « d’accueil », sur le territoire libyen notamment, avaient été prudemment écartés.

Bruxelles s’inquiète surtout des dérives du débat et redoute la multiplication des incidents avec la future présidence autrichienne, susceptible de rallier les voix de la Hongrie, de la Pologne ou d’autres Etats membres, hostiles à l’accueil des demandeurs d’asile. Herbert Kickl a annoncé que son pays ne participerait plus, à l’instar de la plupart des pays du groupe de Visegrad, au programme de répartition des réfugiés arrivés en Grèce et en Italie. Il souhaite que désormais, plus aucune demande d’asile ne soit étudiée sur le sol européen.

Kommentare geschlossen.