14. März 2018 · Kommentare deaktiviert für „Au Sahel, le discours… et la méthode“ · Kategorien: Frankreich, Mali, Sahel · Tags:

Die Tageszeitung „Le Monde“ gibt einen Überblick über diverse Analysen, die ein Scheitern der französischen Strategien im Sahel konstatieren. In der ersten Phase des französischen Militäreinsatzes in Mali vor fünf Jahren hieß es, dass französische Soldaten die „Sicherheit“ wiederherstellen sollten. Als sich in der Augen der Bevölkerung die französischen Militärs allmählich in Besatzer verwandelten, setzten neue französische Strategien zusätzlich auf lokale und regionale Entwicklungsprojekte. Aber auch diese seien, so die zitierten Experten, rundum gescheitert, weil sie nicht aus den Bedürfnissen der Bevölkerung heraus entwickelt worden seien, weil sie unkoordiniert betrieben wurden und weil sie in den lokalen Alltagsstrukturen hängengeblieben seien. Es wird daran erinnert, dass Mali bis 2012 als Musterland galt, in das jedes Jahr eine Milliarde Dollar Entwicklungshilfe floss – aber dieser Geldzufluss habe in Mali bekanntlich keine westliche Stabilität garantiert.

Le Monde | 13.03.2018

Analyse. L’initiative lancée par Paris vient s’ajouter à une quinzaine de stratégies régionales existantes au bilan au mieux qualifié de « mitigé » et plus souvent d’« échec », explique la journaliste du « Monde », Laurence Caramel.

Analyse. Au Sahel, l’engagement militaire de la France et l’aide au développement serviront désormais le même objectif : la lutte contre les groupes djihadistes et la radicalisation de la jeunesse. Cette convergence souhaitée par Emmanuel Macron doit se traduire par une concentration des projets financés par la coopération française dans les zones les plus fragiles susceptibles de basculer et de voir s’enraciner de nouveaux foyers terroristes.

Les experts du ministère de la défense et de l’Agence française de développement (AFD) ont travaillé pendant six mois pour parvenir à une cartographie commune de cette géographie des risques. Elle coïncide en grande partie avec celle sur laquelle se déploient déjà les forces françaises de l’opération « Barkhane » dans le centre et le nord du Mali ou dans la région dite « des trois frontières » entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. La région du lac Tchad, où sévit Boko Haram, est également ciblée comme l’une des zones prioritaires d’intervention.

Symbole de cette volonté, un premier projet de 10 millions d’euros consacré à l’éducation dans la région de Mopti a été annoncé. Le chiffre est conséquent : il équivaut au dixième du budget d’investissement dont dispose le ministre de l’éducation malien pour tout le pays.

Le choix de cette localité qui borde le fleuve Niger ne doit rien au hasard. Des dizaines d’écoles ont dû être fermées après avoir été les cibles d’attaques, et les enseignants terrorisés refusent aujourd’hui de rejoindre leurs classes. C’est ici, surtout, que les troupes de l’opération « Serval » avaient stoppé, en janvier 2013, l’avancée des djihadistes sur Bamako.

Mais, cinq ans après que Paris a volé au secours du gouvernement malien, la présence des troupes étrangères accueillies en libératrices ne soulève plus autant d’enthousiasme. Et le risque qu’une part croissante de la population voie dans les soldats français des « forces d’occupation » est pris au sérieux.

Il devient urgent d’adresser un autre message. « Pour des raisons humanitaires et politiques, il faut montrer aux populations qu’elles ne sont pas abandonnées », insiste Laurent Bossard, directeur du Club du Sahel, en décrivant des territoires privés de toute administration en dehors des grandes villes.

« Frustration de la jeunesse »

Les militaires sont parmi les premiers à avoir mis en avant les limites d’une approche exclusivement sécuritaire. « Nous pouvons produire de la sécurité, mais c’est le développement qui apportera la paix. La frustration de la jeunesse qui aspire à un autre avenir augmente », soulignait, en janvier, le général Luc du Perron de Revel, lors d’une conférence au ministère des affaires étrangères.

Cette nécessité a conduit M. Macron à souhaiter la création d’une Alliance pour le Sahel qui est parvenue, depuis son lancement, en juillet 2017, à rassembler les principaux bailleurs bilatéraux et multilatéraux. Fin février, l’Alliance pour le Sahel a dévoilé un portefeuille de 500 projets pour un montant de 6 milliards d’euros comme un gisement prêt à être exploité pour qu’adviennent des jours meilleurs, propres de surcroît à écarter les jeunes des routes migratoires. Il est question de développement rural, d’accès à l’énergie et aux services de base, d’emplois pour les jeunes, de gouvernance et de sécurité.

Mais, comme met en garde le chercheur Serge Michailof, auteur, en 2015, d’un essai remarqué, Africanistan (Fayard) : « N’oublions pas que, dans la décennie qui a précédé l’effondrement du Mali en 2012, ce pays a pu absorber un milliard de dollars d’aide par an pour se retrouver dans un état où quelques bandes de djihadistes ont failli en prendre le contrôle. Comment imaginer, dès lors, que le simple doublement des ressources d’aide sans modification radicale des conditions de son emploi pourrait faciliter la sortie de crise ? »

Changer de méthode, c’est aussi ce que promet l’Alliance pour le Sahel en dépassant les travers bien connus de l’aide internationale : absence de coordination entre les bailleurs, lourdeur des procédures d’approbation des projets, lenteur dans le décaissement des fonds, inadéquation avec les besoins des populations… Elle parle ainsi de créer « des circuits courts », des « projets à impact rapide ».

Tant de bonnes intentions

L’initiative lancée par Paris vient s’ajouter à une quinzaine de stratégies régionales déjà existantes, dont le bilan est qualifié au mieux de « mitigé » mais plus souvent d’« échec ». Si cela ne la condamne pas a priori, cela conduit à la prudence. Les annales du développement sont peuplées de tant de bonnes intentions. Paris fut, en 2005, l’hôte de la conférence internationale où fut adoptée la déclaration sur l’harmonisation de l’aide.

« Tous les bailleurs parlent de coordination, mais aucun ne veut être coordonné », observe Tertius Zongo, ancien premier ministre du Burkina Faso. Il remarque que, pendant que les bailleurs parlent entre eux de bonnes pratiques, ils continuent de faire comme si les intéressés eux-mêmes n’avaient aucun avis : « L’aide ne doit plus être quelque chose qu’on vient nous mettre dans la bouche sans que nous ayons décidé ce que nous allons manger. Imposer des solutions qui n’ont rien à voir avec l’histoire de nos pays ne peut que conduire à l’échec. »

M. Zongo, chercheur associé à la Fondation pour les études et recherches sur le développement international, a inauguré, au début de l’année, à Ouagadougou, une chaire Sahel. Sous des dehors académiques, le projet est bien d’encourager les donateurs à s’appuyer sur un vivier de jeunes experts locaux qui, assure-t-il, existe désormais. Tout autant capables d’élaborer des programmes que d’aller sur des terrains où, pour des raisons de sécurité, les Blancs ne peuvent plus aller. S’il réussit, il y aurait, au-delà du discours, véritablement un changement de méthode.

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