14. September 2017 · Kommentare deaktiviert für Libyen: Zorn in Zuwarah · Kategorien: Frankreich, Italien, Libyen · Tags:

Le Monde | 14.09.2017

Entre la Libye et l’Italie, petits arrangements contre les migrants

Rome est accusé d’avoir traité avec des milices de passeurs pour endiguer le flux de migrants au départ des côtes libyennes.

Par Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) et Jérôme Gautheret (Rome, correspondant)

Pour l’heure, en mer, il ne reste plus que l’Aquarius et le navire de l’ONG espagnole Pro Activ -Open Arms. Mardi 12 septembre, le navire affrété conjointement par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, a bien été appelé pour secourir 120 personnes en détresse, à bord d’un canot pneumatique, maix ceux-ci ont finalement été recueillis par un bateau militaire allemand.

Pour le reste, au large des côtes libyennes, il règne un calme étrange : avec 3 900 personnes secourues en Méditerranée en août, contre plus de 21 000 l’an passé à la même période, et moins de 900 depuis début septembre, l’afflux de réfugiés s’est soudainement arrêté. La barre des 100 000 personnes débarquées en Italie en 2017 a bien été dépassée à la fin de l’été, mais la tendance est très nette : sur les huit premiers mois, le nombre de passages accuse une diminution d’environ 20 % par rapport à 2016.

Lundi 4 septembre, le pionnier des secours dans la zone, MOAS, une ONG créée en 2014 par un richissime couple italo-américain et basée à Malte, annonçait son retrait. Son navire, le Phoenix, est parti vers l’Asie où il doit aller porter secours aux Rohingya cherchant à fuir les persécutions birmanes, en mer d’Andaman.

Dans le communiqué annonçant le départ du Phoenix, l’ONG en expliquait les raisons : « Nous ne voulons pas participer à un mécanisme par lequel, tandis que l’on prodigue assistance et secours en mer, il n’y a aucune garantie d’accueil dans des ports et lieux sûrs. » Plus explicite, elle dénonçait : « En ce moment, ce qui se passe en Libye n’est pas clair. »

« L’ancien trafiquant combat aujourd’hui le trafic »

En effet, si le gouvernement italien assure que la principale raison de la spectaculaire diminution des sauvetages est l’équipement – sur fonds européens – des gardes-côtes libyens à la fin du printemps, ainsi que la mise au pas des ONG humanitaires accusées, par leur présence en mer, de constituer un appel d’air pour les candidats à l’émigration, chacun voit bien que l’explication de ce phénomène est à chercher du côté de la Libye.

Et plus précisément à Sabratha, cité côtière de la Tripolitaine (ouest) devenue ces dernières années la principale plateforme de départs de migrants vers l’île italienne de Lampedusa, distante d’à peine 300 kilomètres.

Depuis son entrée en fonctions en décembre 2016, le ministre de l’intérieur italien, Marco Minniti, n’a pas ménagé ses efforts pour tenter d’arrêter le flux de migrants. Il a multiplié les rencontres avec les dirigeants locaux, maires et chefs de tribu, assurant chacun de sa volonté d’« écouter leurs besoins » et de les « aider ». Aurait-il pactisé avec des groupes armés, voire avec les trafiquants eux-mêmes, pour parvenir à ses fins, au risque de renforcer ou même de légitimer certaines milices proches du crime organisé ? C’est ce qu’affirment plusieurs sources libyennes.

« Il y a un accord entre les Italiens et la milice d’Ahmed Al-Dabbashi », confirme au Monde, sous le sceau de l’anonymat, une personnalité de Sabratha, jointe par téléphone, qui précise : « L’ancien trafiquant combat aujourd’hui le trafic. »

« L’Oncle », un parrain incontournable

Ahmed Al-Dabbashi, surnommé Al-Ammu (« l’Oncle »), est le chef de la Brigade des martyrs Anas Al-Dabbashi – nom d’un cousin tué pendant la révolution de 2011 – qui dominait jusqu’en juillet le trafic de migrants à partir de Sabratha.

Issu d’une famille omnipotente de la ville – on y compte un ancien ambassadeur aux Nations unies comme l’ancien chef local de l’organisation Etat islamique (EI) –, « l’Oncle » était un parrain incontournable dans cette zone. Si puissant que Rome, déjà, avait conclu un accord avec lui pour assurer la sécurité du complexe gazier d’ENI, compagnie italienne d’hydrocarbures, à Mellitah, à l’ouest de Sabratha.

La subite collaboration d’Ahmed Al-Dabbashi serait donc la clé du tarissement des flux migratoires vers l’Italie. Selon le Corriere della Sera du 9 septembre, des responsables de la police libyenne ont affirmé que « l’Oncle » a eu des contacts avec des responsables italiens avant de recevoir 5 millions de dollars pour bloquer les départs de bateaux. Le maire de Sabratha, Hassen Dhawadi, ne nie pas l’existence de tels contacts.

« Personnellement, je peux comprendre que les accords avec Al-Dabbashi aient des aspects ambigus, a-t-il ainsi déclaré au quotidien italien. Mais contre [lui], il y avait bien peu à faire. La meilleure solution était de l’intégrer, d’agir avec pragmatisme. Ce que les services de renseignement italiens et Marco Minniti, que j’ai rencontrés plusieurs fois en Libye et à Rome, ont bien compris. »

Polémique en Italie

La révélation de ces pratiques occultes de Rome en Tripolitaine a fait polémique en Italie. « Nous nous sommes mis à la merci de ceux qui étaient des trafiquants et aujourd’hui gèrent l’anti-trafic, a ainsi fustigé Emma Bonino, ex-ministre des affaires étrangères. C’est inacceptable et ça se retournera contre nous. »

Le gouvernement de Rome, lui, dément. Le 9 septembre, M. Minniti a qualifié ces accusations d’« infondées ». Les Italiens préfèrent mettre en avant leur coopération officielle avec la mairie de Sabratha, vitrine plus présentable mais dépourvue de réels pouvoirs.

Ces résultats sont-ils durables ? Ce n’est pas la première fois qu’une cité côtière de la Tripolitaine verrouille brutalement l’accès à la mer. Tel avait été le cas de Zouara, ville amazigh (berbère) située à proximité de la frontière avec la Tunisie, et qui avait été la « capitale » libyenne de la contrebande de migrants jusqu’en 2015.

L’été de cette année-là, un naufrage ayant rabattu sur les plages près de 200 migrants noyés avait provoqué un mouvement d’opinion favorable à la répression des passeurs. Le conseil municipal avait confié cette tâche à une milice d’hommes encagoulés. Les résultats avaient été immédiats à Zouara même mais les réseaux s’étaient redéployés un peu plus à l’est, à Sabratha, qui s’imposa dès lors comme la principale plateforme de départs.

Le même processus va-t-il se reproduire après la « fermeture » de Sabratha ? Déjà, à Zouara, des tiraillements se font jour. « Les gens de Zouara sont très frustrés, car la commune n’a reçu aucune aide pour sa lutte contre les passeurs, s’indigne un résident de Zouara joint par téléphone. Pourquoi les gens de Sabratha sont-ils soutenus et pas nous ? Cela pourrait encourager certains à reprendre le trafic. »

L’extorsion des migrants se poursuit

Faut-il y voir un signe ? Fin août, un bateau où avaient embarqué 120 migrants a coulé au large des côtes tunisiennes. Selon l’unique survivant, récupéré par le Croissant Rouge tunisien, l’esquif était parti de Zouara. Par ailleurs, d’autres localités libyennes ont récemment enregistré un regain d’activité en matière de contrebande de migrants. Le navire de secours Aquarius a ainsi sauvé des migrants ayant quitté Khoms et Garabulli, cités à l’est de Tripoli qui pourraient s’imposer comme de nouveaux centres de départ.

A Sabratha elle-même, la situation demeure trouble. « L’Oncle » est-il vraiment fiable ? « Il peut changer d’avis à tout moment », met en garde une source locale. Surtout, il est le seul parrain à être impliqué dans l’accord. Deux autres gros contrebandiers, le « Docteur » Mossab Abou Grein et un certain Mohamed Al-Bible, ses principaux concurrents, restent à l’écart. D’où une certaine confusion qui continue de régner sur les plages de Sabratha. Selon un migrant sénégalais – contacté par téléphone – attendant sur place de s’embarquer vers l’Italie, « aucune milice n’empêche les bateaux de prendre la mer ».

Par contre, la plupart des canots sont interceptés une fois au large, et pas forcément par les gardes-côtes, avant d’être renvoyés sur la terre ferme. « Là, nous sommes torturés pour payer un nouveau départ », explique le jeune Sénégalais originaire de Casamance.

L’extorsion des migrants se poursuit ainsi de plus belle sous couvert d’endiguement du flux. A aucun moment les migrants ne se voient expliquer par les passeurs – liés ou non à la milice de « l’Oncle » – que la route de la mer est désormais close. Bien au contraire, l’illusion est maintenue pour continuer le racket. A Sabratha, les réseaux sont toujours à la manœuvre mais les statistiques ne le disent pas, ou pas encore.

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Il Fatto Quotidiano | 14.09.2017

Migranti, Le Monde: “Accordo tra l’Italia e i trafficanti libici per fermare i flussi”

Il quotidiano francese spiega di aver parlato al telefono con una personalità di Sabratha, la città costiera libica da cui fino a poche settimane fa partivano quasi tutti i migranti diretti in Italia. „Roma è sospettata di aver pagato la milizia di Ahmed Al-Dabbashi, l’ex trafficante che ora fa la guerra contro il traffico di esseri umani“, scrive il giornale, confermando i reportage di Reuters e Associated Press. La Farnesina ha sempre respinto le accuse piovute nelle scorse settimane

“Fra i trafficanti libici e l’Italia sono stati stipulati piccoli accordi contro i migranti”. Dopo i reportage di Reuters e Associated Press, anche Le Monde accende i riflettori sui motivi che starebbero dietro allo stop delle partenze di migranti dalle coste libiche. Il quotidiano francese dedica all’argomento il titolo di apertura dell’edizione di questo pomeriggio, 14 settembre, e le prime due pagine interne.

Le Monde spiega di aver parlato al telefono con una personalità di Sabratha, la città costiera della Tripolitania da cui fino a poche settimane fa partivano quasi tutti i migranti diretti in Italia. “C’è un accordo tra gli italiani e la milizia di Ahmed Al-Dabbashi. L’ex trafficante oggi fa la guerra contro il traffico di esseri umani”, scrive il giornalista citando la fonte, che vuole rimanere anonima. L’articolo spiega che “Al-Dabbashi, soprannominato Al-Ammu (lo zio), è il capo della brigata dei martiri Anas al-Dabbashi, che fino a luglio dominava il traffico di migranti da Sabratha”. Le informazioni coincidono con quelle contenute nel reportage di Associated Press e anche del Corriere della Sera. Una fonte di Ap aveva definito Al-Dabbashi e il fratello “i re del traffico” di migranti.

“Roma è sospettata di aver pagato i servizi delle milizie libiche per fermare l’afflusso di migranti sulle sue coste. Il governo smentisce. Le imbarcazioni vengono intercettate in mare. Conseguenza: il numero di traversate del Mediterraneo verso Lampedusa è crollato ad agosto”, continua Le Monde. “Alcune associazioni umanitarie denunciano trattamenti crudeli e accusano l’Unione europea di lasciar prosperare un ‘sistema predatorio’. Di fronte a questa situazione, chi aspira all’Europa cerca altri punti di ingresso, in particolare attraverso la Romania“. È proprio di ieri, 13 settembre, la notizia che un barcone con a bordo 153 migranti, tra cui 53 bambini, è stato intercettato e bloccato nel Mar Nero dalla guardia costiera romena. Il battello, fatiscente, è stato condotto nel porto di Costanza, dove i profughi sono stati identificati.

Nelle ultime settimane si sono intensificati i casi di imbarcazioni cariche di migranti fermate nel Mar Nero e partite dalla Turchia. Tra il 9 e il 10 settembre sarebbero arrivate in Romania più di 200 persone a bordo di due barconi. Chiusa la rotta balcanica, che dalla Turchia proseguiva via terra o via mare verso la Grecia e nei Paesi della ex Jugoslavia, e bloccate, almeno per ora, le partenze dalla Libia, sarebbe il Mar Nero la nuova via battuta dai migranti.

“I Paesi dell’Unione europea non fanno che mantenere quest’organizzazione criminale”, continua Le Monde citando la presidente di Medici senza frontiere, Joanne Liu. Una nuova smentita su questo punto, dopo quella del governo italiano che ha sempre rigettato l’ipotesi di accordi con le milizie libiche, è arrivata dal commissario Ue per le migrazioni Dimitris Avramopoulos: “Il calo dei flussi sulla rotta del Mediterraneo centrale è frutto di una cooperazione ben coordinata con i Paesi della regione e del ruolo di pioniere dell’Italia, col ministro Minniti. Tutto è stato fatto nella chiarezza e nella trasparenza, non ci sono stati canali nascosti o negoziati dietro le quinte”.

Le Monde traccia anche un ritratto del ministro dell’Interno italiano Marco Minniti in cui lo definisce un “apparatchik dell’ombra diventato Mister Anti-migranti” e in cui dice che “ha negoziato il blocco del traffico in Libia in condizioni di opacità”. Accuse che il titolare del Viminale ha sempre negato, rivendicando gli accordi stretti con i sindaci libici.

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