08. Dezember 2013 · Kommentare deaktiviert für WatchTheMed – Eurosur – Le Monde · Kategorien: Italien, Libyen, Malta, Mittelmeerroute · Tags: ,

„Bruxelles et des ONG s’opposent sur le sort des migrants en mer

LE MONDE | Par Elise Vincent

Le 2 décembre, un tout nouveau système de surveillance des frontières européennes a commencé à être mis en place : Eurosur. Son mécanisme : l’échange de données – images satellites, fichiers, etc. – entre Etats membres. Sa cible : la Méditerranée, et plus particulièrement les embarcations de fortune chargées de migrants qui tentent régulièrement la traversée. Un système qu’une plate-forme Internet pilotée par des défenseurs des droits des étrangers aimerait aujourd’hui pouvoir contrecarrer.

Selon le communiqué actant la création d’Eurosur, le but de cette mise en réseau d’informations est en effet de parvenir à un « tableau de situation »de la « zone de préfrontière ». En clair, une sorte de carte numérique mise à jour en temps réel, « 24 heures sur 24 », « 7 jours sur 7 », des bateaux de migrants clandestins en cours de traversée. Souvent des Zodiac ou des petits bateaux de pêcheurs jusqu’à présent difficiles à repérer. […]

Pour cela, un budget de 35 millions d’euros lui est alloué. Dans les faits, il s’agit surtout pour les autorités européennes de parvenir à intercepter les embarcations avant qu’elles ne pénètrent dans les eaux dont elles sont responsables : les « zones de recherche et de secours » (SRZ). Plus vastes que les « eaux territoriales », ces SRZ divisent la Méditerranée en territoires dont les Etats riverains ont chacun la responsabilité. Si une personne se signale en détresse dans l’espace dont ils ont la charge, le droit maritime les oblige à la ramener sur leurs côtes. Or, avec le temps, ces SRZ sont devenues un objectif de route en soi des migrants.

Le système est toujours le même. Une fois qu’ils ont atteint la SRZ, les migrants – toujours équipés de GPS et de téléphones satellites par les passeurs – appellent les garde-côtes, italiens par exemple, et demandent à être secourus. Tous savent qu’une fois débarqués, ils auront plus de chances de pouvoir continuer leur route vers d’autres pays européens que d’être expulsés. Soit parce qu’ils demanderont l’asile, soit parce que faute de papiers, leur identité ne pourra pas être établie.

Or, afin de limiter ce qu’ils ont fini par considérer comme un détournement du système, beaucoup de garde-côtes se sont mis à limiter leurs interventions en mer aux cas de détresse extrême. Une situation taboue, mais que les défenseurs des droits des étrangers souhaitent mettre en lumière avec le lancement de leur plate-forme, intitulée « Watch the Med ».

[…] Cette nouvelle plate-forme se veut une sorte de « contre-Eurosur », selon Charles Heller, thésard en géographie à l’université Goldsmith, de Londres. Le but de Watch the Med est d’utiliser une partie des outils d’Eurosur accessibles sur la Toile afin d’assurer une « contre-surveillance », assure celui qui est aussi l’un des piliers de ce projet.

La plate-forme fournit ainsi tout un tutoriel pour que ceux qui sont intéressés puissent l’aider. Elle explique notamment comment utiliser les données de géolocalisation émises en mer par les gros bateaux commerciaux. Des données synthétisées sous la forme d’une carte sur un site – Marinetraffic. com – qui permet en temps réel de connaître le nom, le pavillon, ou la situation de tous les navires. De même, Watch the Med explique de façon très pédagogique comment aller rechercher et décoder tous les messages de détresse envoyés chaque jour par des bateaux en Méditerranée. Si besoin, Watch the Med assure disposer d’un budget pour acheter des images satellites.

Dans ce bras de fer numérique autour du sort des migrants en mer, les militants ont conscience que leurs moyens sont dérisoires. Mais leur but est de développer la jurisprudence en matière de droit maritime. Ils espèrent aussi attirer l’attention sur la différence entre ce que permet le droit de la mer et ce qu’impose la convention de Genève de 1951 protégeant les réfugiés. « Même si le droit de la mer permet de ramener des migrants interceptés au large de la Libye dans ce pays, on ne peut le faire alors que la Libye n’a pas signé la convention de Genève. Ce n’est pas un lieu sûr ! », s’indigne M. Heller.

En 2011, Watch the Med s’était pour la première fois emparé du cas d’un naufrage d’une embarcation de migrants au large de la Libye. En confrontant les témoignages des survivants aux données numériques maritimes, la plate-forme en avait tiré les preuves, selon elle, que des navires étaient passés à côté sans leur porter secours. Un travail qui avait abouti au dépôt de plusieurs plaintes, dont une en France.

Plus récemment, Watch the Med s’est saisi du cas du naufrage d’un bateau où plus de 200 migrants syriens auraient trouvé la mort, le 11 octobre, au large de Lampedusa. Selon les éléments qu’ils ont pu réunir, plusieurs heures se seraient écoulées entre le signal de détresse des migrants et l’intervention des garde-côtes italiens.“

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