Mali : les combats continuent à Gao
02/22/2013 | le Figaro
Les attaques kamikazes des islamistes se multiplient. Le Mujao assure que « la bataille » ne fait « que commencer » pour reconquérir le Nord-Mali.
La tension reste extrêmement vive au centre de Gao vendredi, où, retentissent régulièrement des tirs d’armes automatiques. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a affirmé avoir envoyé des hommes dans cette ville, sans en préciser le nombre, en assurant que «la bataille» ne faisait que commencer pour reconquérir le vaste Nord malien.
À Gao, tirs à l’arme lourde
Des soldats maliens tiraient à l’arme lourde vendredi à la mi-journée sur la mairie de Gao, sans que l’on sache si des islamistes armés s’y trouvaient encore. De «nombreux» corps de djihadistes portant des ceintures d’explosifs et tenant à la main des grenades dégoupillées ont été découverts dans des bâtiments officiels alentours, selon des militaires maliens.
À 50 mètres du poste de commandement, la mairie et le palais de justice témoignent de la violence des affrontements de la veille. Le tribunal a été éventré par les roquettes maliennes. Les bâtiments de la mairie ont été détruits par un missile tiré par des hélicoptères français arrivés en renfort.
Jeudi, entre quinze et vingt islamistes ont été tués, deux soldats français «très légèrement blessés» et «quatre soldats maliens auraient été blessés»au cours de violents combats, selon un bilan de l’état-major de l’armée française.
Deux voitures piégées à Tessalit
Vendredi à l’aube, deux véhicules kamikazes ont explosé, visant des civils et des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), à Tessalit, dans l’extrême nord-est du Mali.Le Mujao est sans doute à l’origine de l’attentat. Il y a eu trois morts, et plusieurs blessés dans les rangs touareg. La région montagneuse des Ifoghas, entre Kidal et Tessalit, sert de refuge à de nombreux islamistes armés liés à al-Qaida.
Un attentat-suicide à Kidal
À Kidal, à 1500 kilomètres au nord-est de Bamako, un véhicule s’est élancé jeudi dans la cour d’une maison transformée en dépôt de carburant civil et située à proximité de l’aéroport. «Ce véhicule a provoqué une explosion et causé la mort du gardien de la maison et du terroriste à son bord. Aucun civil ou soldat français n’a été blessé», a expliqué l’armée française. Un élu de Kidal a toutefois précisé que «deux civils ont été blessés» et étaient «à l’hôpital». Selon un fonctionnaire de Kidal, l’explosion a eu lieu «à moins d’un kilomètre du camp occupé par les Tchadiens et les Français».
L’attentat a été revendiqué dès jeudi soir par le Mujao. Le groupe islamiste tente de faire basculer les grandes villes du Nord malien, dont Gao, qu’il a occupées pendant plus de neuf mois.
Rapports terrifiants de l’ONU et de la Croix-Rouge
«Du nord, nous avons entendu des rapports effrayants faisant état de violations des droits de l’homme, de recrutement d’enfants et de violences sexuelles en hausse», soulignait vendredi matin Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), sans donner de détails.
La Croix-Rouge ajoute que les attaques suicides «risquent de perdurer», et que la «situation actuelle n’est pas propice au retour des populations». Des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs villes avant l’intervention française, mais il y en a eu d’autres dizaines de milliers», après cette intervention, a rappelé Jean-Nicolas Marti, du Comité international de la Croix-Rouge.