22. Juli 2015 · Kommentare deaktiviert für Serbien: Die Erfindung der Invasion durch Flüchtlinge und MigrantInnen · Kategorien: Serbien, Ungarn

Depuis quelques jours la presse serbe fait état de discussions sur le thème de la mise en état d’urgence de certaines villes en raison d’un afflux important de migrants, qui transitent par la Serbie pour se rendre dans un pays de l’UE.

Des journalistes croates se sont rendus dans une de ces villes, Zaječar, et ils en ramènent un reportage tout différent de ce qui est affirmé par les autorités.

La question des migrants est en effet devenue un sujet qui est utilisé de façon politique et de très nombreuses rumeurs circulent depuis des mois déjà, dont celles de risques d’épidémies et d’infiltration des réfugiés par des militants de l’État islamique ou d’Al Qaeda.

Des articles de presse, il y a quelques jours, faisaient état de 40.000 migrants bloqués à la frontière bulgare et qui souhaiteraient passer en Serbie.

Plusieurs articles ont annoncé le souhait d’autorités locales de mettre en place un état d’urgence, mais à ce jour le gouvernement serbe n’a pas repris cette idée, au contraire on trouve trace de certains officiels qui disent qu’il ne doit pas être instauré.

Voici la traduction d’un article publié sur le site serbe de B92. Qui nous rappelle qu’un regard par la presse étrangère est parfois bienvenu – quand il s’agit de journalistes qui se rendent sur place, ici dans „l’enfer de Zaječar“.

Dragan Grcic

ARTICLE TRADUIT DU SERBOCROATE

Ils ont inventé les migrants car ils n’avaient pas d’argent pour la Guitariade

(Jutarnji list)

Les journalistes du quotidien de Zagreb „Jutarnji List“ se sont rendus à Zaječar, après les informations sur la situation dramatique de cette ville en raison de la vague de réfugiés.

Les autorités de la ville ont appelé à l’instauration de l’état d’urgence.

Cependant, comme on peut le lire dans „Jutarnji“, les journalistes ont trouvé sur place une image tout à fait différente…

À Zaječar, vile de l’est de la Serbie, à la frontière de la Bulgarie, en raison de l’afflux des réfugiés, la volonté d’instaurer l’état d’urgence.

La manifestation traditionnelle des Jeunes sportifs de cette ville a été annulée pour des raisons de sécurité, sur recommandation de la Cellule de sécurité. Les habitants ont peur, la ville est inondée de réfugiés qui proviennent de Syrie, Irak, Afghanistan, Somalie…

Menace d’épidémie: parmi les habitants, la rumeur veut qu’ils pourraient propager le virus d’Ebola.

Une panique supplémentaire a été ajoutée par l’adjoint au maire de Zaječar, Milko Todorović, qui a déclaré qu’il existe une crainte fondée que figurent parmi les réfugiés des terroristes de l’État islamique.

Todorović a semé la panique en affirmant qu’à la frontière bulgare attendent 40.000 nouveaux réfugiés.

Zaječar se trouve à seulement 15 kilomètres de la frontière avec la Bulgarie, le point frontalier est Vrška Euka.

Les médias écrivent que les réfugiés ont littéralement dévalisé tous les vergers sur leur passage, et que la pénurie de pêches et d’abricots a fait doubler prix de ces fruits sur les places du marché.

On parle d’une catastrophe humanitaire qui menace la Serbie, confrontée à un tsunami de réfugiés.

À Bogovađa, près de Lajkovac, les réfugiés d’Afrique du nord et d’Asie, selon les médias, pillent les monastères et détruisent tout sur leur passage, souvent ils entrent dans des appartements, et la population locale, pour se protéger, doit souvent se faire justice elle-même.

Le ministre du Travail Aleksandar Vulin, qui est compétent pour les questions sociales, est vite venu dans une des villes plus vulnérables, Zaječar, pour répondre personnellement à une situation dramatique.

Ce n’est pas croyable. En Hongrie, où il y a déjà beaucoup de réfugiés, des centaines chaque jour, le gouvernement a remis de l’ordre.

Les immigrants en provenance d’Afrique et d’Asie sont fatigués et hagards, à moitié affamés et effrayés, mais décents et loquaces, et en dépit de la présence d’un verger de pêches, ils sont tous rassemblés de l’autre côté de la rue, à l’ombre, car il fait plus de 35 degrés, ils attendent que la police permette leur transfert à Szeged et Debrecen, et aucun d’entre eux n’a pris le moindre fruit.

Sous l’impression de ce que nous avons pu voir en Hongrie, écrit Jutarnji list, où des milliers de réfugiés ont submergé les villes frontières et et où tout se produit de façon pacifique et organisée, sans le moindre conflit, le président du conseil municipal de Zaječar, Saša Mirković est le plus ardent défenseur de l’instauration de l’état d’urgence. Il m’adresse au maire Velimir Ognjenović.

Sa secrétaire, pourtant, dit que le maire n’a pas une seule minute de temps libre.

C’est qu’il est très occupé par la visite du ministre Vulin et par la situation en ville.

Le chef de la police de Zaječar Goran Tomić refuse de communiquer sans l’accord du ministère de l’intérieur (MUP) et quand nous l’avons contacté, il nous a répondu par message électronique qu’il ne pouvait lui donner l’autorisation de nous parler!

En dépit des descriptions apocalyptiques de la situation, nous avons décidé de nous rendre dans l’enfer de Zaječar, dans l’est de la Serbie, à proximité de la frontière bulgare, pour voir de nos propres yeux le drame que connaît cette ville.

Nous sommes arrivés dans la ville vers midi, justement lorsque le ministre Vulin y était, accompagné par le maire de Zaječar Ognjenović, le chef de la police Tomić et le chef du district régional Vladan Paunović, achevant une visite de la ville.

„À Zaječar, il n’y a pas d’invasion des demandeurs d’asile.

Aujourd’hui, après un long temps, j’en ai vu dans la rue, mais comme vous vous en convaincrez par vous-même, ce n’est qu’une poignée, peut-être une trentaine de personnes“, explique la journaliste Sonja Kamenković.

Décontenancés, nous nous rendons dans le centre de Zaječar ou, dans le parking situé près du monument dédié à Nikola Pašić, à l’ombre d’un tilleul, sont assis une vingtaine, tout au plus une trentaine de réfugiés.

Quelques autres se reposent dans une café voisin. Les jeunes hommes avec qui nous parlons proviennent d’Afghanistan, et leurs familles viennent d’Irak.

Le plus âgé, chef de famille, dit qu’ils viennent de Mossoul. Il est assis avec un groupe de femmes syriennes. Ils attendent que la police de Zaječar leur remette un „ausweis“. Ils disent qu’ils sont entrés en Serbie via la Macédoine. Ils souhaitent se rendre à l’ouest, ils veulent s’établir en Allemagne ou dans un autre pays riche de l’Union européenne.

Le chauffeur de taxi Bratislav Nikolić négocie avec un petit groupe leur transport jusque Belgrade pour 100 euros.

„Croyez-moi, je les conduirai sans rien“, dit Nikolić, qui se vante auprès des réfugiés présents qu’il n’a jamais eu un seul incident.

Il est surprenant que les autorités parlent de la proclamation de l’état d’urgence à Zaječar, dit-il, car de temps en temps il y a 10 ou 20 réfugiés qui arrivent. Aucun d’entre eux n’a pour destination finale la Serbie.

À Zaječar, tout est normal. Les citoyens passent tous sans faire attention à la poignée de gens présents et qui sont assis paisiblement et personne ne fait rien.

„Ils ne me dérangent pas. Je ne connais personne à qui ils auraient fait du mal. Nous comprenons ces personnes misérables et nous savons qu’elles ne font que passer ici, et que Zaječar n’est pas la ville où elles souhaitent rester. Et moi aussi, si je le pouvais, croyez-le, je partirais d’ici avec eux“, nous raconte une jeune femme.

En compagnie de quelques journalistes locaux, nous nous rendons à la conférence de presse du ministre Vulin.

Au premier étage du bâtiment, le ministre Vulin, habillé avec décontraction, en chemise noire et sans veston ni cravate, félicite le gouvernement de Zaječar qui s’est bien chargé de la vague de migrants.
Il précise, cependant, qu’il n’y a pas lieu d’instaurer l’état d’urgence.

Le chef de la police locale, Tomić, dont nous avons essayé d’obtenir les données sur le nombre des réfugiés arrivés à Zaječar ces derniers jours, se justifie en disant qu’il ne peut s’exprimer sans l’accord du ministère de l’intérieur!

Nous nous demandons donc pourquoi, avec le maire de Zaječar, Ognjenović, il se tient près du ministre Vulin et des journalistes, qui d’ailleurs lui non plus n’a pas fourni le moindre chiffre.

Tout le mystère des réfugiés de Zaječar, que nous n’avons toujours pas vus, mais qui ont presque conduit à l’état d’urgence, nous allons bientôt le découvrir dans une pâtisserie à 200m de l’hôtel de ville, grâce à l’ancien maire, aujourd’hui conseiller municipal de l’opposition, Boško Ničić.

Avant d’entamer la discussion, il nous demande combien de réfugiés nous avons vus dans Zaječar: dix, vingt ou trente?

„Car c’est pour cela que l’on veut instaurer l’état d’urgence?“ – il nous pose la question en riant.

„Tout cela, c’est une grosse farce, à l’image du gouvernement local“, poursuit-il.

„Il y a quelques jours devait se tenir à Zaječar une manifestation traditionnelle des sports pour les jeunes. Bien que les dépenses n’étaient pas élevées, moins de 10.000 euros, les coffres de la municipalité sont totalement vides et ils n’avaient pas cet argent.

C’est pour cela qu’ils ont annulé la manifestation, en se justifiant par des problèmes de sécurité dus à une vague de réfugiés. Bientôt, le 29 juillet devrait débuter le 29e Festival traditionnel de la guitare, la Guitariade de Zaječar. L’événement dure 4 jours et coûte dans les 100.000 euros. Mais bien sûr, ils n’ont pas cet argent. Je ne pense pas qu’il y aura beaucoup d’interprètes, parmi lesquels on annonçait Gibonni, qui viendraient sur leurs propres fonds et participeraient sans honoraires. La seule sortie était la proclamation de l’état d’urgence pour pouvoir annuler la manifestation. Au lieu de dire que la ville a les caisses vides, on a inventé l’invasion des immigrés, qui étaient sur le point d’envahir Zaječar. Ils avaient besoin d’un état d’urgence. Depuis 700 jours qu’ils sont au pouvoir, les autorités ont a ce jour bloqué 500 jours“, déclare l’ancien maire de Zaječar, Boško Ničić.

Et il ajoute: „Il y a 15 minutes en voiture pour arriver à la frontière bulgare. Allez-y et vous verrez combien de réfugiés ont l’intention de venir à Zaječar“.

La première ville en Bulgarie, après le poste frontière de Vrška Čuka, est Kula.

A une proche pompe à essence, nous demandons à la vendeuse si elle voit passer des réfugiés. Elle dit qu’il n’y en a plus depuis longtemps. Nous continuons jusque Vidin, une petite ville de 50.000 âmes, sur le Danube, où la rivière sépare la Bulgarie de la Roumanie.
Pas de trace de réfugiés.

Nous revenons à Zaječar. Là où nous avions rencontré une trentaine de réfugiés quelques heures plus tôt, sous un vieux tilleul du centre-ville, près du monument à Nikola Pašić, lui le natif de Zaječar et qui fut naguère le Premier ministre du Royaume de Serbie, et ensuite du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, sont seulement assis quelques Afghans.

Manifestement, les réfugiés sont quelque part ailleurs. Pour eux – une autre vie, quelque part ailleurs.

Source: „Nema para za Gitarijadu, izmislili migrante“, B92, 20 juillet 2015. Traduction vers le français: Dragan Grcic.

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