02. November 2014 · Kommentare deaktiviert für Mare Nostrum – Triton: Medienecho · Kategorien: Ägypten, Hintergrund, Italien, Libyen · Tags: , ,

Lampedusa – une ile

FRONTEX PLUS, C’EST DEMAIN

L’opération Frontex Plus en Méditerranée centrale, baptisée Triton selon la tradition mythologique de l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne, débute demain 1er novembre 2014.

Une déclaration de la commissaire européenne Cecilia Malmström en reprécise les enjeux (europa.eu/rapid), un communiqué de la Commission européenne en détaille les objectifs, l’historique et les moyens (http://europa.eu/rapid).

Un „détail“ qui a son poids en terme de vies humaines. Le sommet européenne du 10 octobre prévoyait „Une coordination étroite avec les mesures d’urgence prises par l’Italie sera assurée dans ce cadre, en vue d’une suppression progressive rapide de ces dernières“, ces „mesures d’urgence“ étant l’opération Mare Nostrum de la marine italienne, qui contrairement à Frontex a une réelle capacité de sauvetage en mer.

„With its Mare Nostrum operation, Italy is doing an excellent job in assisting thousands and thousands of refugees who have risked their lives by trying to cross the Mediterranean in rickety vessels. The future of Mare Nostrum remains in any case an Italian decision, but it is already clear that the Triton operation cannot and will not replace it.“ selon la déclaration de Cecilia Malmström, „Joint operation Triton is intended to support the Italian efforts at their request, and does not replace or substitute Italian obligations in monitoring and surveying the Schengen external borders and in guaranteeing full respect of EU and international obligations in particular when it comes to search and rescue at sea. It implies that Italy will have to continue making continued substantial efforts using national means, fully coordinated with the Frontex operation, in order to manage the situation at the external borders.“ selon le communiqué. Frontex n’a pas pour vocation de remplacer Mare Nostrum, qui est de la responsabilité du gouvernement italien, et qui correspond aux obligations de ce pays en matière de sauvetage en mer.

Ceci va dans le sens des déclarations récentes du gouvernement italien. Les ministres de l’intérieur européens avaient décidé le 10 octobre que laisser les exilés se noyer en mer serait un bon moyen de protéger les frontières européennes. Le gouvernement italien en a décidé autrement, et la Commission européenne en prend acte.

De nombreuses ONG s’étaient inquiété de la possible disparition des moyens de sauvetage en mer, comme Amnesty International :

http://www.amnesty.fr/

Le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, François Crépeau, s’insurge lui contre la déclaration du gouvernement britannique qu’il ne prendrait pas part à des opérations ayant un but de sauvetage en mer, pour dissuader les exilés de tenter de venir en Europe. En français :

http://www.unmultimedia.org/

et en anglais, la version anglaise étant plus complète, et comprenant notamment des réflexions de François Crépeau sur le fait que la fermeture des frontières entraine paradoxalement la constitution de mafias qui prennent le contrôle du franchissement de ces frontières :

http://www.ohchr.org/

Frontex Plus, 65 policiers, 7 bateaux (petits, moins de 10 hommes d’équipage en moyenne), 4 avions et 1 hélicoptère. Cette opération Plus („Triton, the biggest maritime operation Frontex has ever coordinated“ selon Cecilia Malmström) a finalement des moyens limités pour contrôler toute la Méditerranée centrale.

D’où peut-être le maintien de Mare Nostrum. Comme quoi la vie humaine tient à peu de chose.

Le Monde

Triton, la nouvelle opération de surveillance des frontières européennes

L’Union européenne lance le 1er novembre l’opération Triton, alors que celle de Mare Nostrum initiée par l’Italie pour sauver les migrants en mer a officiellement pris fin vendredi.

L’Union européenne lance le 1er novembre l’opération Triton, alors que celle de Mare Nostrum initiée par l’Italie pour sauver les migrants en mer a officiellement pris fin vendredi.

Après la catastrophe maritime de Lampedusa en octobre 2013, dans laquelle 366 migrants avaient péri dans les eaux méditerranéennes, l’Italie avait lancé Mare Nostrum, une opération de sauvetage menée par sa marine militaire.

En un an, la mission a permis de secourir plus de 150 000 personnes, soit plus de 400 par jour en moyenne, et d’arrêter 351 passeurs. Elle n’a toutefois pas empêché les drames : au moins 3 300 migrants ont trouvé la mort en Méditerranée cette année.

Sur ce bilan, « Mare Nostrum se termine », a annoncé vendredi 31 octobre le ministre de l’intérieur italien. « L’Italie a fait son devoir », a-t-il souligné, précisant que le gouvernement de Rome avait dépensé quelque 114 millions d’euros depuis le début de l’année pour financer cette opération.

Dès samedi 1er novembre, une autre opération navale aux frontières de l’Europe doit être lancée, baptisée « Triton ». Elle a été confiée à Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Quel est son objectif ? Remplace-t-elle Mare Nostrum ? Explications.

Triton, c’est quoi ?

Huit pays ont déjà fait savoir qu’ils participeront à cette opération : la France, l’Espagne, la Finlande, le Portugal, l’Islande, les Pays-Bas, la Lituanie et Malte. Cette aide consistera à mettre à disposition, à tour de rôle, du matériel technique et des gardes-frontières. Elle est pour l’instant jugée insuffisante par Frontex, qui a estimé dans un récent communiqué avoir un besoin plus important en matériel technique.

Concrètement, Triton pourra compter sur 21 navires, quatre avions, un hélicoptère et 65 officiers détachés par les Etats membres pour des rotations à durée variable. Triton permettra des patrouilles près des côtes, sur une zone comprenant le sud de la Sicile, les îles Pélages et la région de la Calabre, dans le sud de l’Italie.

L’opération sera supervisée par les autorités italiennes et bénéficiera d’un budget mensuel de 2,9 millions d’euros. Sa durée n’a pas été arrêtée, mais elle dépendra du budget alloué à Frontex pour 2015. Il sera alors décidé si la mission se poursuit, avec quelle intensité et quels moyens. Pour comparaison, Mare Nostrum mobilisait jusqu’à présent 900 soldats quotidiennement et 32 navires, soutenus par des avions et hélicoptères, pour un coût mensuel de plus de 9 millions d’euros.

Frontex devrait également envoyer cinq équipes d’enquêteurs pour aider les autorités italiennes à collecter des renseignements sur les réseaux de passeurs opérant en Libye et dans les autres pays concernés. Enfin, plusieurs pays enverront des équipes pour aider l’Italie à enregistrer les migrants à leur arrivée.

Franchissements illégaux aux frontières de l'Europe selon la « route » empruntée.

Franchissements illégaux aux frontières de l’Europe selon la « route » empruntée. | Les Décodeurs

 

Petite histoire d’une naissance discrète

C’est le 27 août, lors d‘une conférence de presse donnée avec le ministre italien de l’intérieur, Angelino Alfano, que la commissaire européenne aux affaires intérieures de l’époque, Cécilia Malmström, a annoncé cet engagement nouveau de l’Europe. L’opération envisagée s’appelait alors « Frontex Plus ».

Un article paru dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung, et repris dans le supplément Europa du Monde, raconte le contexte des discussions qui ont eu lieu à Bruxelles cet été. Alors que l’Italie supportait seule les coûts financiers et humains de l’opération Mare Nostrum, M. Alfano a réussi à imposer la reprise du dossier par l’Union européenne au moment où son pays occupait la présidence tournante de l’Union européenne et où l’été avait vidé les locaux européens de leurs fonctionnaires.

D’après le Süddeutsche Zeitung, l’agence européenne de surveillance des frontières n’était au courant de rien. Frontex a bien tenté de faire valoir qu’elle n’avait pas les moyens de prendre en charge une telle mission, mais elle n’y a gagné que le changement de nom de l’opération. A elle de coordonner Triton, avec l’aide des pays volontaires.

Une opération de substitution à Mare Nostrum ?

Si l’annonce de la fin de l’opération de Mare Nostrum correspond au lancement effectif de Triton, l’opération européenne n’a pas vocation à remplacer l’opération militaire italienne. Une nuance qu’opérait déjà Mme Malmström, encore commissaire européenne aux affaires intérieures, le 7 octobre :

« En aucun cas l’opération Triton ne peut et ne remplacera Mare Nostrum. (…) Triton ne doit pas empêcher les Etats membres de remplir leurs obligations dans la surveillance de leurs frontières extérieures et la recherche et le sauvetage des personnes en danger. »

Une « obligation » martelée vendredi 31 octobre par des sources européennes, qui rappelait que « Triton est un outil de soutien et ne se substitue pas aux obligations de l’Italie ».

Dans les faits, les missions des deux opérations diffèrent également. Alors que Mare Nostrum était une mission de sauvetage, Triton vise d’abord le contrôle des frontières. Preuve en est, la première œuvrait jusqu’aux côtes libyennes, la seconde restera dans les eaux territoriales européennes.

Des réactions mitigées

L’arrêt annoncé de Mare Nostrum n’avait pas manqué de faire réagir l’organisation onusienne pour les réfugiés, le HCR. Le 17 octobre, alors que l’Union européenne avait déjà annoncé le lancement de Triton, le porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés déclarait :

« Le HCR est préoccupé par l’annonce de la fin de l’opération italienne Mare Nostrum (…) sans la mise en place d’aucune autre opération similaire au niveau européen pour la recherche et le sauvetage. Le risque sera sans doute augmenté pour les personnes qui tentent la traversée vers l’Europe en quête de sécurité. Cela pourrait également générer davantage de décès en mer parmi les réfugiés et les migrants. »

Pressée de continuer Mare Nostrum par certains Etats, l’Italie était dans le même temps critiquée dans cette opération par plusieurs de ses voisins européens, accusée de favoriser l’immigration en « sécurisant » la traversée des migrants.

Les autorités italiennes étaient également accusées d’avoir omis d’enregistrer des réfugiés transitant par le pays dans l’espoir que ceux-là s’installent ailleurs. Cela constituerait une violation de la convention de Dublin, qui impose aux demandeurs d’asile de faire leur demande dans le pays de l’Union européenne où ils ont d’abord posé le pied, et Bruxelles n’exclut pas de sanctionner Rome.

En 2013, alors que les migrants débarquaient par dizaines de milliers sur ses côtes, l’Italie n’a enregistré que 26 620 demandes d’asile, soit 6 % des demandes déposées dans l’Union européenne. Cette même année, 125 000 demandes ont été déposées en Allemagne, 65 000 en France et 55 000 en Suède.

Marion Garreau
„the Guardian“ (UK), 28 octobre 2014

UK axes support for Mediterranean migrant rescue operation

Refugees and human rights organisations react with anger as minister says saving people encourages others to risk voyage

by Alan Travis

Britain will not support any future search and rescue operations to prevent migrants and refugees drowning in the Mediterranean, claiming they simply encourage more people to attempt the dangerous sea crossing, Foreign Office ministers have quietly announced.

Refugee and human rights organisations reacted with anger to the official British refusal to support a sustained European search and rescue operation to prevent further mass migrant drownings, saying it would contribute to more people dying needlessly on Europe’s doorstep.

The British refusal comes as the official Italian sea and rescue operation, Mare Nostrum, is due to end this week after contributing over the past 12 months to the rescue of an estimated 150,000 people since the Lampedusa tragedies in which 500 migrants died in October 2013.

The Italian operation will now end without a similar European search and rescue operation to replace it. The Italian authorities have said their operation, which involves a significant part of the Italian navy, is unsustainable. Despite its best efforts, more than 2,500 people are known to have drowned or gone missing in the Mediterranean since the start of the year.

Instead of the Italian operation, a limited joint EU “border protection” operation, codenamed Triton and managed by Frontex, the European border agency, is to be launched on 1 November. Crucially, it will not include search and rescue operations across the Mediterranean, just patrols within 30 miles of the Italian coast.

Human rights organisations have raised fears that more migrants and refugees will die in their attempt to reach Europe from the north African coast. The hard-pressed Italian navy will be left to mount what search and rescue operations it can. The new European operation will have only a third of the resources of the Italian operation that is being phased out.

British policy was quietly spelled out in a recent House of Lords written answer by the new Foreign Office minister, Lady Anelay: “We do not support planned search and rescue operations in the Mediterranean,” she said, adding that the government believed there was “an unintended ‘pull factor’, encouraging more migrants to attempt the dangerous sea crossing and thereby leading to more tragic and unnecessary deaths”.

Anelay said: “The government believes the most effective way to prevent refugees and migrants attempting this dangerous crossing is to focus our attention on countries of origin and transit, as well as taking steps to fight the people smugglers who wilfully put lives at risk by packing migrants into unseaworthy boats.”

The Home Office told the Guardian the government was not taking part in Operation Triton at present beyond providing one “debriefer” – a single immigration officer – to gather intelligence about the migrants who continue to make the dangerous journey to Italy.

Other EU countries have responded to the call for help with two fixed-wing aircraft and three patrol vessels.

It is understood that Britain does not rule out providing further support later for an operation it says will be limited to “border management”. As it does not involve search and rescue missions it will not be covered by British government policy which regards the rescue of desperate migrants as only encouraging others to make the hazardous journey.

The home secretary, Theresa May, was among justice and home affairs ministers who agreed earlier this month to the ending of the Italian search and rescue operation and to deploying Operation Triton without delay in order to “reinforce border surveillance in the waters close to the Italian shores”.

European interior ministers acknowledged that the situation in the Mediterranean was of the greatest concern “as there are indications that the current trend will continue and the situation even risks deteriorating further”.

As well as deploying “Task Force Mediterranean”, which includes two fixed-wing surveillance aircraft and three patrol vessels in Operation Triton, ministers agreed a series of North African measures including finding ways of curtailing the supply of vessels from Tunisia and Egypt used by people smugglers.

May told the Commons the meeting had agreed “the prompt withdrawal of the Mare Nostrum operation … and for all member states to comply fully with their obligations under EU migration and asylum [policies].”

Admiral Filippo Maria Foffi, the commander in charge of the Italian naval squadron involved in Mare Nostrum, is expected to spell out on Tuesday the impact of its cancellation.

The British Refugee Council chief executive, Maurice Wren, responding to the Foreign Office refusal to take part in future search and rescue operations in the Mediterranean said: “The British government seems oblivious to the fact that the world is in the grip of the greatest refugee crisis since the second world war.

“People fleeing atrocities will not stop coming if we stop throwing them life-rings; boarding a rickety boat in Libya will remain a seemingly rational decision if you’re running for your life and your country is in flames. The only outcome of withdrawing help will be to witness more people needlessly and shamefully dying on Europe’s doorstep.

“The answer isn’t to build the walls of fortress Europe higher, it’s to provide more safe and legal channels for people to access protection.”

Tony Bunyan, director of Statewatch, which documents European justice and home affairs policies, added: “The government’s justification for not participating in Triton is cynical and an abdication of responsibility by saying that not helping to rescue people fleeing from war, persecution and poverty who are likely to perish is an acceptable way to discourage immigration.”

Amnesty International wrote to the home secretary last month criticising the woeful response from European countries to the unacceptable scale of the loss of life from the influx of refugees and migrants on boats across the Mediterranean.

http://www.theguardian.com/politics/2014/oct/27/uk-mediterranean-migrant-rescue-plan

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