Adresse à M. Mehdi Jomaa, nouveau chef du gouvernement intérimaire
Les Tunisien-nes à l’étranger, les associations de Tunisien-nes à l’étranger sont particulièrement attachés à ce que la Tunisie achève sa transition vers la démocratie dans les meilleures conditions et dans les délais les plus raisonnables. La feuille de route proposée dans le cadre du « dialogue national » initié par l’UGTT, l’UTICA, la LTDH et l’Ordre des avocats nous semble être une base importante et indispensable pour y arriver.
Les Tunisien-nes à l’étranger comme les associations se sont engagés, depuis le déclenchement de la révolution, à apporter leurs contributions à la réussite du processus démocratique. Différentes initiatives en soutien à la révolution ont été organisées à l’étranger aussi bien pour mobiliser les Tunisien-nes qui y vivent que pour sensibiliser les opinions publiques des différents pays. Ces initiatives (telles les « Assises de l’immigration tunisienne et des Tunisien-nes à l’étranger » tenues le 7 mai 2011 à Paris 8 – St-Denis, la « Dynamique citoyenne », …) qui ont rassemblé de nombreux acteurs associatifs à l’étranger ont permis de produire des documents et des cahiers de doléances dans lesquels sont exposées les principales attentes et les revendications des Tunisien-nes à l’étranger. Ces documents a été remis aux autorités tunisiennes au cours du mois de juin 2011.
Au cours de ces rencontres, les associations de l’immigration tunisienne ont réaffirmé leur soutien au processus démocratique tout en proposant une nouvelle approche de la question de l’immigration qui rompe avec les méthodes du passé. Cependant force est de constater que trois ans après la révolution aucune des attentes ou revendications des Tunisien-nes à l’étranger n’a, à ce jour, été réalisée. Pire nous constatons que les pratiques et les méthodes de l’ancien régime que nous avons fermement dénoncé en leur temps et que nous pensions révolues avec la révolution sont à nouveau remises au goût du jour alors que la situation de nombreux Tunisien-nes à l’étranger, notamment ceux victimes de la harga et de leurs familles est des plus dramatique. En outre, la Tunisie, terre d’émigration est devenue, à son tour, une terre d’accueil pour de nombreux réfugiés et exilés, notamment sub-sahariens, et dont les conditions d’accueil et de vie plus que préoccupantes nous interpellent tous. Nous faisons le constat amer que sur la question des migrants la politique menée par les différents gouvernements issus des élections n’a été que de la poudre aux yeux qui cache mal leur échec.
C’est la raison même de cette adresse. Nous attendons du gouvernement de la Tunisie des initiatives et des actes concrets qui répondent aux attentes des Tunisien-nes à l’étranger et des associations.
Nous attendons notamment que le gouvernement de la Tunisie s’engage à :
- Signer les conventions internationales et notamment la Convention de l’ONU sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille (du 18 décembre 1990 et entrée en vigueur en juillet 2003).
- La remise à plat des divers accords bilatéraux et autres conventions de main d’œuvre signés avec certains pays européens (France, Italie, Allemagne, Belgique …) et la nécessité d’entamer leur renégociation dans un sens plus favorable aux Tunisien-nes à l’étranger
- Refuser la signature de l’accord de mobilité proposé par l’UE dont l’approche sécuritaire et plus qu’évident et qui est une autre façon d’imposer une externalisation des contrôles migratoires
- Mettre en place une commission d’enquête indépendante au sujet des migrants (harraga) disparus
- Adopter des lois sur l’asile et les migrations qui garantissent les droits des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés étrangers en Tunisie, en conformité avec les traités internationaux et bannissent toutes les formes de discrimination et d’exclusion
- Promulguer une loi criminalisant les actes et propos à caractères racistes
- Revoir les nominations partisanes qui ont eu lieu dans les divers services consulaires et les représentations diplomatiques et qui laissent planer un doute sérieux quant à la transparence des prochaines élections
- Lancer une véritable concertation avec les réseaux associatifs des Tunisien-nes à l’étranger ainsi que la société civile en Tunisie afin que les attentes et les revendications trouvent enfin un début de réalisation.
Le devenir des émigrés tunisien-nes et la réflexion sur une nouvelle approche de la question de l’immigration font aussi partie des questions de la transition démocratique. Le débat national en cours et le futur gouvernement doivent en tenir compte.
ASSOCIATIONS SIGNATAIRES :
- ASSOCIATION DE TUNISIENS DE L’ISÈRE CITOYENS DES DEUX RIVES – GRENOBLE
- ASSOCIATION DÉMOCRATIE ET VEILLE CITOYENNE – NICE
- ASSOCIATION DÉMOCRATIQUE DES TUNISIENS EN FRANCE – ADTF
- ASSOCIATION DES CADRES TUNISIENS IMMIGRÉS EN FRANCE – ACTIF
- ASSOCIATION DES CITOYENS DES DEUX RIVES – ACDR
- ASSOCIATION DES TUNISIENS DU MAINE ET LOIRE – ATML
- ASSOCIATION DES TUNISIENNES ET TUNISIENS EN SUISSE – ATTS
- ASSOCIATION DES TUNISIENS DU NORD DE LA FRANCE – LILLE – ATNF
- ASSOCIATION DES TUNISIENS EN FRANCE – ATF
- ASSOCIATION INTERCULTURELLE DE PRODUCTION, DE DIFFUSION ET DE DOCUMENTATION AUDIOVISUELLES – AIDDA
- ASSOCIATION JASMIN MÉDITERRANÉE – STRASBOURG
- ASSOCIATION YOUNGA- SOLIDAIRES
- ASSOCIATION ZEMBRA
- CENTRE INTER-CULTUREL FRANCO MAGHRÉBIN – CHALON SUR SAÔNE – CICFM
- COLLECTIF CULTURE CRÉATION CITOYENNETÉ – 3 C
- COLLECTIF DES FEMMES TUNISIENNES – CFT
- COMITÉ DE VIGILANCE POUR LA DÉMOCRATIE EN TUNISIE – BELGIQUE – CVDT
- COMITÉ DES IMMIGRES TUNISIENS EN ITALIE – CITI
- COMITÉ POUR LE RESPECT DES LIBERTÉS DES DROITS DE L’HOMME EN TUNISIE – CRLDHT
- COORDINATION DES ASSISES DE L’IMMIGRATION TUNISIENNE – CAIT
- FÉDÉRATION DES TUNISIENS POUR UNE CITOYENNETÉ DES DEUX RIVES – FTCR:
- MOUVEMENT DES CITOYENS TUNISIENS EN FRANCE – MCTF
- UNION DES TRAVAILLEURS IMMIGRES TUNISIENS – UTIT
- UNION DES TUNISIENS POUR UNE ACTION CITOYENNE – UTAC
- UNION DES TUNISIENS DE LA SARTHE – UTS
SOUTENU PAR :
- ASSOCIATION CITOYENNETÉ DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
- ASSOCIATION DES CITOYENS POUR TOUS
- ASSOCIATION TUNISIENNE DE DÉVELOPPEMENT ET FORMATION
- ASSOCIATION TUNISIENNE DES FEMMES DÉMOCRATES – ATFD
- ASSOCIATION TUNISIENNE POUR L’INTÉGRITÉ ET LA DÉMOCRATIE DES ÉLECTIONS -ATIDE
- ASSOCIATION POUR LA DIGNITÉ ET LA LIBERTÉ
- CENTRE CITOYENNETÉ
- ASSOCIATIONS TUNISIENNE DE DÉFENSE DES VALEURS UNIVERSITAIRES – ATDVU
- CENTRE DE TUNIS DE LA MIGRATION ET L’ASILE – CETUMA
- CITOYENNETÉ ET LIBERTÉS DJERBA
- COALITION POUR LES FEMMES DE TUNISIE
- COORDINATION NATIONALE INDÉPENDANTE POUR LA JUSTICE TRANSITIONNELLE
- DESTOUROUNA
- FEMMES ET PROGRÈS PLUS
- FORUM TUNISIEN DES DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX – FTDES
- GROUPE DES 25 AVOCATS
- LIGUE DES ÉLECTRICES TUNISIENNES
- LIGUE TUNISIENNE DES DROITS DE L’HOMME – LTDH
- L’INSTITUT ARABE DES DROITS DE L’HOMME (SECTION BIZERTE)
- RASSEMBLEMENT ACTION JEUNESSE -TUNISIE – RAJ
- TAMKEEN
- UNION GÉNÉRALE DES ÉTUDIANTS DE TUNISIE – UGET
- UNION NATIONALE DES FEMMES TUNISIENNES – UNFT
السيّد مهدي جمعة الرئيس الجديد للحكومة المؤقتة
إن التونسيين والتونسييات والجمعيات التونسية في الخارج حريصون بشكل خاص أن تكمل تونس المرحلة الانتقالية نحو الديمقراطية في أفضل الظروف و في مواعيد معقولة و نعتقد أن ما ورد في خارطة الطريق التي قدّمها الرباعي الراعي للحوار الوطني (الاتحاد العام التونسي للشغل و اتحاد الصناعة و التجارة و الرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الإنسان و عمادة المحامين) هي قاعدة هامة و لا غنى عنها لتحقيق طموحاتناـ
لقد انخرط التونسيون في الخارج كما الجمعيات و منذ انطلاقة الثورة في المساهمة في إنجاح المسار الديمقراطي فقد نظمت عديد المبادرات في الخارج دعما للثورة و تحسيسا للرأي العام في مختلف الدول (مثل „ملتقى الهجرة “ المنعقد يوم 7 ماي 2011 في باريس و „الديناميكية المواطنية“ … ) وقد جمعت هذه المبادرات فاعلين من جمعيات المهجر مكنت من انتاج وثائق و كرّاسات تضمنت مطالب التونسيات و التونسيين بالخارج قدمت للسلطات التونسية خلال شهر جوان 2011ـ
أكدت جمعيات الهجرة في مختلف لقاءاتها دعمها للمسار الديمقراطي مقترحة مقاربة جديدة لمسألة الهجرة تقطع مع الأساليب القديمة لكن و رغم مرور 3 سنوات على الثورة فإن تطلعات و مطالب التونسيين بالخارج لم يتححق منها شيء الى اليوم. بل و لاحظنا أن نفس الممارسات القديمة التي طالما انتقدناها و اعتقدنا انها ستزول بعد الثورة مازالت متواصلة الى اليوم و خاصة وضعية ضحايا „الحرقة“ و عائلاتهم و هي الوضعية الأكثر مأساويةـ و يجدر التذكير من ناحية أخرى أنّ تونس التي كانت تعتبر أرضا يهاجر منها اصبحت ارضا يقصدها عديد اللاجئين و المهاجرين خاصة من جنوب الصحراء حيث تعتبر ظروف استقبالهم مصدر قلق لدينا. ان سياسات الحكومات المتعاقبة بعد الانتخابات في مجال الهجرة ليست الا ذرّا للرماد في العيون للتغطية على فشلهاـ
نحن ننتظر من الحكومة التونسية مبادرات وإجراءات ملموسة تستجيب لتطلعات و انتظارات التونسيين والجمعيات بالخارج ـ
نحن ننتظر من الحكومة التونسية الجديدة أن تلتزم بـ:
المصادقة على الاتفاقيات الدولية و خاصة الاتفاقية الدولية لحماية حقوق جميع العمال المهاجرين وأفراد أسرهم (18 ديسمبر 1990 و دخلت حيّر التطبيق في جويلية 2003 )،
اعادة النظر في الاتفاقات الثنائية الموقعة مع بعض دول الاتحاد الأوروبي (فرنسا ايطاليا ألمانيا بلجيكا…) ومراجعتها بشكل يضمن حقوق التونسيين بالخارج،
رفض التوقيع على اتفاقية الشراكة من أجل التنقل المقترحة من الاتحاد الأوروبي و التي حافظت على المقاربة الأمنية في التعامل مع ملف الهجرة،
انشاء لجنة مستقلة للتحقيق في قضية المفقودين „الحرّاقة„،
سن قوانين للجوء والهجرة تضمن حقوق المهاجرين وطالبي اللجوء واللاجئين الأجانب في تونس، وفقا للمعاهدات الدولية بعيدا عن كل أشكال التمييز والإقصاء،
سن قوانين لتجريم الأعمال العنصرية،
مراجعة التعيينات التي وقعت في مختلف الهيئات القنصلية والدبلوماسية والتي تثير مخاوف بشأن شفافية الانتخابات المقبلة،
الشروع في حوار بنّاء مع شبكات المجتمع المدني التونسي في الخارج والمجتمع المدني في تونس حتى يتسنّى البدء في تحقيق مطامح ومطالب المهاجرينـ
ان مصير المهاجرين التونسيين والتفكير في مقاربة جديدة لقضايا الهجرة يندرجان ضمن مسائل الإنتقال الديمقراطي التي يتوجب على الحوار الوطني الجاري وعلى الحكومة المقبلة النظر فيها .