Tunisie – Suicides : Attention au retour de flamme !
http://www.tunisienumerique.com/tunisie-suicides-attention-au-retour-de-flamme/163251
Le phénomène resurgit et semble revenir au gout de certains tunisiens, poussés par des problèmes multiples et différents, qui les poussent dans leurs derniers retranchements.
Il s’agit de la nouvelle série de suicides par le feu, qui semble vouloir s’amorcer, ces derniers jours.
Ainsi, quelques heures à peine, après le geste désespéré du jeune adulte à la cité Ennasr, les nouvelles en provenance de Gafsa rapportent un épisode similaire dont le malheureux héros, n’est qu’un gosse de dix-huit ans.
Ces deux actes sont semblables à tous points de vue. D’abord par le lieu choisi par les deux malheureux pour commettre l’irréparable, s’agissant d’un lieu public, à grande fréquentation, comme pour prendre à témoin, les passants et les présents sur place. Ensuite par le jeune âge des victimes qui donne l’impression qu’ils ne sont même-pas capables de mesurer la portée de leur geste. Semblables, enfin, par la futilité, si on ose dire, des raisons apparentes à ces gestes.
En effet, côté raisons apparentes, les choses semblent de prime abord, futiles, et relevant de deux mondes complètement différents pour ne pas dire opposés. D’un côté, un jeune entrepreneur bien nanti, habitant un quartier huppé, qui s’immole par le feu pour insuffisance de solde bancaire. De l’autre côté, un adolescent qui a trouvé offusquant voire insoutenable que la police lui confisque sa bécane.
Si on parle de raisons apparentes, c’est justement parce qu’elles contrastent, par leur légèreté, avec une souffrance profonde et même collective qui se matérialise dans cet acte, à la limite exutoire. Acte qui prend à témoin la société, ou disons, qui interpelle, et même, accuse la société.
Un acte donc, spectaculaire et hautement symbolique, qu’il faudrait savoir prendre à sa juste valeur. Car il faudrait l’accepter, en accuser réception, le discuter, le diagnostiquer, sans pour autant tomber dans des excès, surtout concernant sa médiatisation. Car ce qu’il faudrait avoir à l’esprit, c’est que ces actes suscitent, par phénomène de « contamination » beaucoup d’imitation par des jeunes qui se mettent, du coup, à penser que ce qu’ils sont en train de vivre, est certainement beaucoup plus éprouvant que le vécu de ces malheureux qui sont, eux, passés à l’acte.
Donc, il faudrait y aller doucement, et faire attention autour de soi, il faudrait surtout, en parler avec les gens qui semblent s’y intéresser d’assez près. En parler, en privé entre amis et proches vaut beaucoup mieux que d’en faire tout un boucan !
D’ailleurs, une priorité s’impose à tous ceux qui ont été mêlés de près au drame de la cité Ennasr, il faudrait peut être songer à en discuter avec les pauvres gosses qui ont été témoins de l’horreur. Car en discuter, c’est en quelque sorte exorciser le mal et sortir du traumatisme, car il ne faut pas négliger le fait que ces enfants ont regardé « la Mort » dans les yeux !
Donia R.