21. November 2012 · Kommentare deaktiviert für Lampedusa: Bürgermeisterin klagt Festung Europa an · Kategorien: Italien, Libyen, Tunesien · Tags: ,

„Der Friedhof von Lampedusa“

The corpses that are arriving every day on the beaches Lampedusa have become an ordinary news item, as regular as a high tide. Italy is the landing zone for the boats of hope. Everyone knows where these migrants come from and why they are obliged to leave their homelands, but nobody does anything. Italy has been left alone to tackle the desperation of Africa, while Europe looks on, as though the tragedy didn’t have anything to do with the continent, as though it weren’t partially responsible with the plunder of African resources by the multinationals, with the sale of arms and the support of dictatorial governments, with non-intervention, with “lassez faire” in the face of an enormous tragedy like that of Darfur or with the neocolonial wars in Libya and elsewhere. Someone who flees from the inferno, ever more frequently, is ending up in Lampedusa’s cemetery that by now has no free spaces left.

„I’m the new mayor of the islands of Lampedusa and Linosa. I was elected in May and on 3 November 21 cadavers were consigned to me. These are people who have drowned while they were attempting to reach Lampedusa and for me this is something that is unbearable. For Lampedusa it’s an enormous burden of sadness.

Going through the Prefecture, we’ve had to ask for help from the mayors of the province so as to be able to give a dignified burial to the last 11 bodies, because our cemetery has no more spaces available. We will create more spaces. But I’m asking everyone this question: how big does the cemetery of my island have to be? I cannot understand how such a tragedy can be considered normal. How is it possible to remove from everyday life, the idea, for example, that 11 people, including 8 really young women and two kids aged 11 and 13 can die all together as happened last Saturday, during a voyage that should have been the beginning of a new life for them? 76 of them were saved but there were 115 in all. The number of those who died is always much larger than the number of bodies that are given back by the sea. I’m outraged by the normalcy that seemed to have spread to everyone like contagion. I am scandalised by the silence of Europe that has just received the Nobel Peace Prize and yet is staying silent in the face of a massacre that has the numbers of a true war. I’m becoming more convinced that European policy on immigration considers this offering of human lives to be a way to restrict the flows of people, or maybe a deterrent. But, if for these people, the voyage on the boats is still the only possibility of hope, I believe that their death at sea must be a reason for Europe to feel shamed and dishonoured. In all this really sad page of our history that we are all writing right now, the only reason we have to be proud is offered every day by the men of the Italian State who save human lives at a distance of 140 miles from Lampedusa, while those who were just 30 miles from the people who were shipwrecked, as happened last Saturday, and who should have rushed with their really fast speed boats that our previous government gifted to Gaddafi, ignored their request for help. Those same speed boats are effectively used to sequester our fishing boats, even when these are fishing outside Libyan territorial waters. Everyone must know that it is Lampedusa, with its inhabitants, with the units dedicated to providing assistance and hospitality, that is giving the dignity of human beings to these people, that is giving dignity to our country and to the whole of Europe. Well then, if these people are just ours, I want to receive telegrams of condolence after each drowned person is consigned to me. As though they had white skin, as though each one was someone’s son who drowned while on holiday.” Giusi Nicolini, Mayor of Lampedusa

Le cimetière de Lampedusa

Sur le blog de Beppe Grillo

Les cadavres qui arrivent tous les jours sur les plages de Lampedusa sont devenus un fait ordinaire, aussi régulier qu’une marée haute. L’Italie est la zone d’atterrissage pour les bateaux de l’espoir. Tout le monde sait d’où ces migrants viennent et pourquoi ils sont obligés de quitter leur patrie, mais personne ne fait quoi que ce soit. L’Italie est seule à s’attaquer au désespoir de l’Afrique, pendant que l’Europe regarde, comme si la tragédie n’avait rien à voir avec le continent, comme si elle n’était pas partiellement responsable du pillage des ressources africaines par les entreprises multinationales, avec la vente d’armes et le soutien de gouvernements dictatoriaux, avec la non-intervention, avec le „laissez-faire“ face à une tragédie énorme comme celle du Darfur ou avec les guerres néocoloniales en Libye et ailleurs. Quelqu’un qui fuit l’enfer, de plus en plus fréquemment, finit dans le cimetière de Lampedusa qui maintenant n’a plus de place libre.

 

„Je suis le nouveau maire des îles de Lampedusa et Linosa. J’ai été choisi en mai et le 3 novembre, 21 cadavres m’ont été consignés. Ce sont des gens qui se sont noyés pendant qu’ils essayaient d’atteindre Lampedusa et pour moi c’est quelque chose qui est insupportable. Pour Lampedusa c’est un fardeau énorme de tristesse. En traversant la Préfecture, nous avons dû demander de l’aide aux maires de la province pour pouvoir offrir un enterrement digne aux 11 derniers corps, parce que notre cimetière n’a plus de places disponibles. Nous créerons plus de places. Mais je pose cette question à tout le monde: quelle taille devrais-je donner au cimetière de mon île? Je ne peux pas comprendre comment une telle tragédie peut être considérée normale. Comment est-ce que c’est possible d’enlever de la vie ordinaire, l’idée, par exemple, que 11 personnes, y compris 8 femmes vraiment jeunes et deux gosses de 11 et 13 ans peuvent mourir tous ensembles comme ça s’est passé samedi dernier, pendant un voyage qui aurait dû être le commencement d’une nouvelle vie pour eux? 76 d’eux ont été sauvés mais il y en avait 115 en tout. Le nombre de ceux qui sont morts est toujours beaucoup plus grand que le nombre de corps qui sont rendus par la mer. Je suis outragé par la normalité qui semble s’être étendue à tout le monde comme une contagion. Je suis scandalisé par le silence de l’Europe qui vient de recevoir le Prix Nobel de la Paix et qui est à nouveau restée silencieuse face à un massacre qui fait des milliers de victimes comme dans une véritable guerre. Je deviens plus convaincu que la politique européenne sur l’immigration considère cette offre de vies humaines comme une façon de restreindre les flux migratoires, ou peut-être comme une dissuasion. Mais, si pour ces gens, le voyage sur les bateaux est encore la seule possibilité d’espoir, je crois que leur mort en mer doit être une raison pour l’Europe de se sentir humiliée et déshonorée. Dans toute cette page vraiment triste de l’histoire que nous sommes en train d’écrire, la seule raison que nous avons d’être fier est offerte tous les jours par les hommes de l’Etat italien qui sauvent des vies humaines à une distance de 140 milles de Lampedusa, pendant que ceux qui étaient juste à 30 milles des gens qui ont fait naufrage, comme cela s’est passé samedi dernier, et qui auraient dû se dépêcher avec les bateaux à grande vitesse que notre gouvernement précédent a offerts à Khaddafi, ont ignoré leur appel à l’aide. Ces mêmes bateaux à grande vitesse sont utilisés dans la pratique pour séquestrer nos bateaux de pêche, même quand ceux-ci pêchent en dehors des eaux territoriales libyennes. Tout le monde doit savoir que c’est Lampedusa, avec ses habitants, avec les unités consacrées à fournir assistance et hospitalité, qui donnent la dignité d’êtres humains à ces gens, et qui donnent par conséquent une dignité à notre pays et à la totalité de l’Europe. Et dans ce cas, si ces gens sont seulement les nôtres, je veux recevoir des télégrammes de condoléances après que chaque personne noyée me soit consignée. Comme s’ils avaient la peau blanche, comme si chacun était le fils de quelqu’un qui s’est noyé pendant un congé de vacances.“ Giusi Nicolini, maire de Lampedusa

Kommentare geschlossen.