26. Februar 2013 · Kommentare deaktiviert für Sozialer Unmut in Süd-Algerien / Sahara · Kategorien: Algerien

Sellal à illizi
Les quatre vérités des gens du Sud
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le 26.02.13 | 10h00

http://www.elwatan.com/actualite/les-quatre-verites-des-gens-du-sud-26-02-2013-204755_109.php

© photo : H. Lyes/Archives

 

Ton grave, verbe acéré et formules parfois assassines. Des notables et des représentants de la population d’Illizi ont bien «vidé» leur sac lors de la rencontre, dimanche après-midi à In Amenas, avec les membres du gouvernement, à leur tête le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

Après une allocution d’ouverture de M. Sellal, dans laquelle il a insisté sur l’unité nationale, la justice et l’équité, les notables se sont succédé à la tribune pour exposer les innombrables problèmes dont souffrent les populations d’Illizi. Chômage, exclusion sociale, misère, manque d’infrastructures, bureaucratie chronique, passe-droits, problèmes de sécurité… La situation est alarmante, lancent-ils d’emblée à l’adresse du Premier ministre. « Monsieur le Premier ministre, la situation ne prête pas à rire. Je vous assure que la réalité est beaucoup plus noire que vous ne le pensiez. Je suis un enfant de la région. Je côtoie la jeunesse dont je fais partie et je vous assure qu’elle est en proie à tous les vents qui soufflent sur la région. Vous comprenez de quoi je parle. Les projets en cours de réalisation avancent en titubant. Les besoins sont de plus en plus pressants», lâche un jeune Targui. «Vous parlez, Monsieur le Premier ministre, d’une Algérie unie et indivisible. Mais, dans la vie de tous les jours, nous constatons qu’il y a bien deux Algérie : le Nord et le Sud. Ne nous voilons pas la face. C’est une réalité qu’il faut affronter maintenant, tant qu’il n’est pas trop tard.

La jeunesse dont je vous parle le pense réellement. Le régionalisme existe. Tout le monde le dit ici. Et nous le vérifions à nos dépens. De grâce, arrêtez donc vos discours sur l’unité nationale qui est menacée par des ennemis extérieurs de l’Algérie. Cette unité est bien plus menacée par ce qui se passe en interne, par le ressentiment des populations du Sud par sa marginalisation et par le sous- développement ». Un autre notable, quinquagénaire, de Djanet, est revenu sur les problèmes liés au logement, au travail et aux télécommunications et à la bureaucratie. « Si vous voulez assurer la sécurité nationale, il faut œuvrer rapidement au développement des régions de l’extrême Sud, livrées à elles-mêmes et totalement coupées du Nord. La misère gagne du terrain au point où certains ménages ne mangent plus à leur faim. Comment pouvez-vous convaincre ces gens, qui sombrent dans le dénuement et la pauvreté, de la nécessité de préserver l’unité nationale, eux, qui passent tous les jours devant des gisements pétroliers dont ils ne bénéficient pas ? Le mal est profond. Il ne suffit pas d’une réunion pour tout régler. Il faut un travail de longue haleine», clame-t-il.

Et d’affirmer que les populations du Sud sont aussi attachées à leur «algérianité» que celles du Nord. «Nous aimons notre pays et nous sommes prêts à défendre notre patrie contre le moindre danger. Nous rejetons et condamnons toute attaque criminelle et terroriste contre les intérêts de notre pays. Nous sommes à vos côtés dans ce combat implacable contre le terrorisme et avec notre vaillante Armée nationale populaire», enchaînte-t-il. Les interventions se succèdent et les propos se ressemblent. Certains notables reviennent sur la question de la sécurisation des frontières et de la lutte contre le terrorisme. L’un d’eux fait même des propositions au Premier ministre. «Pour sécuriser les frontières, vous savez, il n’y a pas mieux, M. Sellal, que les enfants de la région qui connaissent bien le désert et les techniques d’infiltration des mercenaires terroristes. Je vous propose ainsi d’intégrer dans les rangs de l’Armée nationale populaire des Touareg de la région. Je vous propose également de réactiver les réseaux de renseignement des méharistes en leur fournissant les moyens et les équipements modernes», soutient-il, arguant que les Touareg nomades sont présents partout dans le désert et même au-delà de nos frontières.

Beaucoup d’intervenants ont insisté sur le chômage et appelé le Premier ministre à intervenir pour que Sonatrach recrute des enfants de la région. Youcef Yousfi répond sans tarder : «L’industrie pétrolière est très pointue. Elle est difficile et dangereuse. Un travailleur pas ou mal formé constituerait un danger pour soi-même et pour ceux qui travaillent avec lui. Sonatrach a besoin de soudeurs qu’elle ne trouve pas. Elle est prête à former dans cette spécialité des jeunes de la région.» M. Sellal lui emboîte le pas en précisant que «tout le monde ne peut pas travailler à Sonatrach». Un intervenant se demande pourquoi une région pétrolière et gazière comme In Amenas n’est pas dotée d’un institut dans ce domaine. «Développer le Sud, c’est aussi créer des instituts nationaux spécialisés notamment dans les hydrocarbures dans ces régions. Pourquoi aller au Nord pour être formé dans une activité qui se trouve au Sud ?», s’est-il interrogé.

A travers leurs interventions, les habitants d’Illizi ont exprimé leur ras-le-bol et mettent en garde quant aux conséquences de ce sous-développement chronique de la région. Leur franc- parler vise à secouer les dirigeants du pays pour agir rapidement afin d’éviter le pire pour l’Algérie. Leur message est limpide.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement, appelé à redoubler d’efforts pour «sauver» cette partie de l’Algérie. M. Sellal semble avoir bien compris ce message. Il n’a pas manqué de rappeler que l’Algérie jouit aujourd’hui de «stabilité politique, financière et économique, ce qui ne plaît pas à certains, aussi devons-nous être vigilants et nous entraider pour faire face à toute menace à la stabilité du pays».Les participants ont unanimement condamné l’attentat contre le site gazier de Tiguentourine en exprimant leur solidarité avec l’Etat dans ses efforts dans la lutte antiterroriste et la défense de la souveraineté, de la sécurité et de la stabilité du pays.

Mokrane Ait Ouarabi

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