Sit-in devant le ministère du Travail
Des dizaines de syndicalistes arrêtés à Alger
le 26.02.13 | 10h00
Devant l’impossibilité d’entrer dans le périmètre du ministère du Travail, quadrillé, des syndicalistes se sont retrouvés près de la Maison de la presse pour discuter d’un autre chemin à emprunter vers le ministère. Pas moins de 50 syndicalistes ont été interpellés et conduits aux différents commissariats de la capitale.
Le syndicalisme autonome est réprimé. Hier, aux premières heures de la journée, une armada de policiers a été déployée aux alentours du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, sis au 1er Mai. Les agents de l’ordre, nombreux en tenue civile, ont été mobilisés pour empêcher un rassemblement que devait observer un ensemble de syndicats non affiliés à l’UGTA. Au final, pas moins de 50 syndicalistes et militants ont été interpellés et conduits aux différents commissariats de la capitale. Le Snapap avance, dans un communiqué rendu public, «l’arrestation de 300 syndicalistes et activistes». Ils seront libérés successivement en fin d’après-midi. Les fourgons de police étaient stationnés sur un tronçon du boulevard Mohamed Belouizdad, plus exactement en face du chantier dit Titanic.
Les habitants de Sidi M’hamed et les citoyens, qui empruntent ce boulevard pour se rendre à leur lieu de travail, étaient étonnés par un tel déploiement des forces de l’ordre. Des résidants de la même commune n’ont pas hésité à comparer l’atmosphère à celle des années de plomb et d’autres à dénoncer «les pratiques d’un Etat policier». La police demandait à plusieurs passants leur pièce d’identité. Issus d’organisations autonomes et provenant de diverses wilayas, les syndicalistes du Snapap (version Malaoui), des syndicats de la poste, de Sonelgaz, de NetCom, ainsi que la Fédération des travailleurs de la justice, du préemploi, les diplômés-chômeurs et autres syndicalistes indépendants, n’ont pas pu rejoindre le ministère du Travail. Ils ont été interpellés en différents endroits. Devant l’impossibilité d’entrer dans le périmètre du ministère du Travail, quadrillé, des syndicalistes se sont retrouvés près de la Maison de la presse pour discuter d’un autre chemin à emprunter vers le ministère. Sans succès.
Kadour Chouicha, du syndicat enseignants solidaires, et qui a fait le déplacement d’Oran, estime que «le régime veut criminaliser les syndicalistes autonomes, alors que les véritables criminels sont ceux qui sont cités dans les affaires de corruption, mais ils ne sont pas inquiétés». Quelques minutes plus tard, Chouicha est embarqué à bord d’un fourgon, en compagnie de 4 autres syndicalistes, sous l’œil médusé des journalistes. Il sera libéré en fin d’après-midi, comme d’autres qui seront relâchés. Les syndicats autonomes ont appelé à ce rassemblement pour demander à l’Etat algérien «de respecter les lois et les conventions relatives à la pratique et à la liberté syndicales, la réintégration des travailleurs licenciés pour leur activisme syndical, à l’arrêt de l’instrumentalisation de la justice pour brimer les activités des syndicats et l’octroi des enregistrements». Ils dénoncent également «les dépassements de multinationales qui piétinent les textes de loi et agissent en maîtres absolus sur des travailleurs algériens». En outre, pensent des activistes qui ont échappé aux arrestations, «le régime veut exclure les syndicats autonomes de toute sphère de discussion, pour imposer l’UGTA comme le seul interlocuteur».
Le FFS condamne les arrestations de syndicalistes
Suite à l’arrestation des syndicalistes, «le FFS dénonce la répression systématique de tout mouvement protestataire et pacifique et continuera à défendre les libertés publiques fondamentales», indique le parti dans un communiqué rendu public hier. Au cours de la campagne d’arrestations, le secrétaire national aux mouvements sociaux du FFS, Youcef Aouchiche, a été arrêté et emmené au commissariat de Kouba, car présent sur les lieux pour soutenir les syndicalistes. «Une délégation du FFS conduite par le chef du groupe parlementaire a été dépêchée pour s’enquérir de la situation des détenus et exiger leur libération», est-il écrit.
Mehdi Bsikri