A Rabat, la conférence sur la sécurité des frontières cherche du concret
L’Algérie reste distante à l’égard du Maroc
par Salem Ferdi
La deuxième conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières s’est terminée, jeudi, à Rabat avec des résultats mitigés et une somme de redites en matière de coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine.
L’importance de la rencontre qui réunissait une vingtaine de pays et plusieurs organisations internationales n’a pas dissuadé Alger de manifester sa réprobation à l’égard des attaques marocaines en évitant de se faire représenter par son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. L’Algérie était en effet représentée par une délégation conduite par l’ambassadeur Abdelhamid Chebchoub, directeur général des pays arabes au ministère des Affaires étrangères.
Le message est limpide : la gravité du sujet discuté à Rabat ne poussera pas l’Algérie à faire comme si de rien n’était. Surtout pas avec l’épisode scandaleux de l’intrusion dans les locaux du consulat algérien à Casablanca et l’arrachage de l’emblème national qui suscite, toujours, une grande indignation en Algérie. Le gouvernement algérien qui accorde beaucoup d’importance aux questions sécuritaires – il a initié les rencontres sécuritaires maghrébines – marque ainsi sa défiance à l’égard du jeu marocain malgré les tentatives de Rabat de faire comme si de rien n’était. La récente « crise », totalement fabriquée par Rabat, laissera des traces. Les relations entre Alger et Rabat sont encore moins bonnes qu’avant ces nouvelles péripéties dont le coup d’envoi a été donné par le roi Mohamed VI en personne. En choisissant ce niveau de représentation, l’Algérie exprime sa froideur tout en montrant qu’elle ne se désintéresse pas des problèmes, sérieux, de la sécurisation des frontières dans la région Sahel-Sahara.
POINTS NOIRS
Les deux points « noirs » évidents au menu de cette rencontre sont la Libye et le Mali. Encore faut-il rappeler qu’un plan d’action a déjà été adopté en mars 2012 à Tripoli sans que cela se traduise sur le terrain. La rencontre de Rabat était donc avant tout destinée à relancer ce qui a été convenu à Tripoli. Les constats des menaces sécuritaires pour le Sahel et le Maghreb ne sont pas nouveaux. Depuis la rencontre de Tripoli, il y a eu les événements du Mali, l’intervention française, l’attaque contre la base gazière de Tiguentourine et une déliquescence plus grande de ce qui reste d’Etat libyen. L’évolution de la situation dans ce pays fortement déstabilisé par la prééminence des milices et l’absence de l’autorité de l’Etat sur des pans entiers du territoire, notamment au Sud, est devenue une source d’inquiétude pour l’ensemble des pays de la région. De ce point de vue, la conférence de Rabat aura surtout servi à essayer de relancer le Plan d’action de Tripoli. La « déclaration de Rabat » qui a sanctionné la rencontre a appelé à cet effet à accélérer la constitution d’un secrétariat, prévu par le Plan d’action de Tripoli. Le Maroc veut l’accueillir mais la Tunisie est dans la course et a plus de chance d’être retenue. En tout cas, la Libye a été chargée de présenter une proposition de structure de ce secrétariat, qui sera présentée à la réunion des membres qui se tiendra à Tripoli, dans un délai n’excédant pas deux mois de la date d’adoption de la «Déclaration de Rabat». Autre décision annoncée : la mise en place d’un centre régional de formation et d’entraînement au profit des officiers en charge de la sécurité des frontières dans les Etats de la région, en tirant profit des expertises d’autres pays et partenaires. La troisième conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières aura lieu au deuxième semestre de 2014 en Egypte. Elle devra faire le point sur la mise en œuvre des décisions adoptées à Rabat et Tripoli.
siehe auch:
http://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files/north-africa-and-middle-east/
Laurent Fabius, Minister of Foreign Affairs, will tomorrow participate in the 2nd Regional Ministerial Meeting on Border Security in Rabat. This meeting, focusing on Libya, will bring together its neighbors and partners in order to improve regional cooperation with respect to border management, in follow-up to the conference held in Tripoli in March 2012.
Laurent Fabius will express France’s support for Libya and confirm our commitment to helping it overcome the challenges that it faces during this transition period. It was in this spirit that we hosted a conference in Paris on February 12 aimed at providing support to the Libyan authorities.
The challenges posed by trafficking, illegal immigration and terrorism concern us all and require more effective control of Libya’s border areas, and more generally the Sahara-Sahel region. France hopes that the Rabat conference will provide an opportunity to strengthen regional cooperation in a spirit of dialogue and solidarity and is ready to support all initiatives in that regard.
Lastly, this conference will provide an opportunity to urge the international community to help Libya and the states of the region in this task. We would therefore like the role of the EU border management training and advisory mission (EUBAM Libya), launched this summer, to be further strengthened.