Nouvelles du Maroc : encore des arrestations et des refoulements de migrants subsahariens.
Le témoignage d’un membre du Conseil des migrants subsahariens au Maroc.
D’après des informations en provenance de Tanger,11 migrants dont 9 Sénégalais et deux Camerounais, ont été refoulés il y a deux jours de Tanger, et sont actuellement en route vers la frontière de Mauritanie, entre Dakhla et Boujdour.
D’autre part, les associations de défense des droits de l’homme et de migrants au Maroc organiseront le 14 septembre une manifestation devant le parlement à Rabat, pour protester contre ces pratiques et contre l’assassinat d’un jeune ressortissant sénégalais il y a quelques jours. L’association « SOS Migrants’, à Bruxelles, appelle à se rassembler devant l’ambassade du Maroc le même jour, pour relayer cette mobilisation.
Contact : Serge Noël – 0032 486 85 73 81
« Bonjour,
Après le Journal de l’Afrique, présentant des témoignages accablants sur la situation des migrants subsahariens au Maroc, diffusé le lundi 26 août à 21h00 par Sonia Patriceli, sur France 24, la police marocaine a déployé hier des centaines de policiers en civil, avec des bus, des fourgonnettes et autres moyens, pour traquer les subsahariens dans tous les quartiers de Rabat, à partir 8h00 et ce durant toute la journée.
J’étais sorti de la maison à 10h00, je me rendais à l’agence de Wafacasch la plus proche de chez moi pour retirer de l’argent afin de faire mes courses dans la journée. L’agence qui se trouve proche de ma maison, était en panne. Je continuais pour aller vers Manal, à l’autre agence. A ma grande surprise, un policier en civil est venu vers moi. Il me demande mes papiers, je lui présente la copie de mon récépissé, plus mon passeport. Il me demande l’original du document, je lui dis que je ne me promène ni ne marche jamais avec l’original, parce que si je le perds, c’est très difficile de le retrouver. Le commissaire et les autres m’ont dit d’aller au commissariat, où j’ai vu 9 subsahariens, dont 2 Congolais, 1 Malien, 1 Camerounais, 3 Guinéens de Conakry et 1 ressortissant du Swaziland qui vient de Marrakech. Tous ont des passeports, d’autres ont des cartes de réfugiés. Arrivés là-bas, j’ai présenté mon passeport valide et l’attestation d’inscription 2013/2014. Ne sachant quoi faire il est sorti du bureau.
Il s’est passé 3 heures où j’étais gardé avec les autres au bureau du commissaire du 15ième Arrondissement à G5.
Après, ils reviennent me dire de sortir du commissariat, en me présentant leurs excuses.
Cette interpellation est contraire à l’article 13:
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Je ne voulais pas quitter le commissariat tant qu’ils ne m’avaient pas expliqué pourquoi ils m’ont emmené et gardé trois heures au commissariat. Je leur ai rappelé que la police n’est pas là pour brutaliser les gens, procéder à des interpellations arbitraire, contraires aux conventions signées par le Maroc. Alors Je ne sais pas si les autres interpellés que j’ai vus à ce moment-là ont été libérés. J’appelle à une grande mobilisation de toutes les associations de défense des droits des migrants au Maroc, pour une action commune, afin que la situation des migrants puisse changer ici Maroc. »
Serge Lebrun GBAKPOMA
Secrétaire du Conseil des Migrants subsahariens au Maroc.