05. Dezember 2012 · Kommentare deaktiviert für Tunesien: Angriff auf UGTT 04.12.2012, Bericht · Kategorien: Tunesien

Ausführlicher Bericht zum Angriff auf die UGTT, zu Hintergründen und möglichen Folgen auf:

http://blogs.rue89.com/tunisie-libre/2012/12/05/le-bras-de-fer-entre-ennahdha-et-lugtt-degenere-place-mohamed-ali-229122

Le bras de fer entre Ennahdha et l’UGTT dégénère place Mohamed Ali

Thierry Brésillon
Journaliste

Publié le 05/12/2012 à 10h15

L’instant où la situation bascule entre syndicalistes et militants d’Ennahdha (Thierry Brésillon)

Mardi après midi, une manifestation organisée par le syndicat UGTT et une contre manifestation de militants d’Ennahdha, a dégénéré en violences. Cette première confrontation directe pourrait ouvrir une épreuve de force politique d’ampleur nationale.

Ce 4 décembre devait être célébré le 60e anniversaire de l’assassinat (probablement commandité par les services secrets français et exécuté par la La Main rouge) le 5 décembre 1952, de Ferhat Hached, grande figure du syndicalisme et du mouvement national tunisien. Une marche devait partir du siège de l’UGTT vers le mausolée où est enterré le leader syndical.

Mais vers 13 heures, une contre-manifestation se rassemble devant le siège, sur la petite place Mohamed Ali. Ennahdha nie en être à l’origine, mais tous les manifestants auxquels j’ai parlé se déclaraient membres du parti. La situation se tend rapidement, les échanges verbaux sont vifs, les débuts d’échauffourées sont contenus.

Le contentieux
Quand on interroge, les contre-manisfestants sur la raison de leur présence devant l’UGTT, ils répondent benoitement :
«Pour commémorer l’assassinat de Ferhat Hached.»
L’un deux tient une photo du leader historique et assure :
«Celui-ci est un martyr, mais les autres [l’UGTT, ndlr] sont des pourris !»
Mais les slogans criés par la foule qui dépasse rapidement les 500 personnes, n’ont rien à voir avec la commémoration: « Le peuple veut nettoyer l’UGTT » et le sempiternel « Dégage ! ».

Au cœur du contentieux, le reproche fait au principal syndicat historique tunisien de saboter les efforts du gouvernement et d’incarner la contre-révolution.

Le syndicaliste invective un militant islamiste :
« Où étiez-vous pendant la révolution ? C’est nous qui avons fait tomber Ben Ali ?»
Et son interlocuteur de répondre :
«Et où étiez-vous quand nous étions en prison ? Quand nous étions torturés ?»
Un sympathisant de l’UGTT monte sur le toit d’une voiture et lance :
« Il n’y pas de place pour la droite dans le syndicat ! »

Une conséquence de Siliana
La contre-manifestation semble être une réplique du séisme politique provoqués par les événements de Siliana, où la population locale a affronté les forces de l’ordre pendant cinq jours, de mardi à samedi dernier. Le mouvement avait été lancé par un appel à la grève générale locale de l’UGTT, et il s’est conclu par une négociation entre le syndicat le gouvernement.

Mais pour les militants d’Ennahdha venus manifester contre l’UGTT, ces journées d’émeutes, motivées par la persistance des problèmes sociaux à l’origine de la révolution, ne sont qu’un moyen dirigé contre Ennahdha, comme l’estime un des contre-manifestants ingénieur en télécommunication et membre du parti islamiste depuis 30 ans, un des contre-manifestants :
« Il y a de la pauvreté partout, pas seulement Siliana, mais l’UGTT a utilisé la situation contre le gouvernement.

L’UGTT pendant 23 ans n’a rien fait contre Ben Ali, pas une grève, rien. Dans certaines villes comme Redeyef, ou Sidi Bouzid, oui il y avait des syndicalistes contre le régime.

Mais maintenant, ils veulent casser la révolution, ils veulent faire tomber le gouvernement.

Nous voulons que l’UGTT soit un syndicat politiquement neutre et ne se comporte pas comme un parti politique. »
Une allumette dans un baril de poudre
Entre temps la foule a grossi et au moins 1 000, sinon plus, sympathisants d’Ennahdha occupent toute la place Mohamed Ali. Ceux de l’UGTT, qui occupaient encore une moitié de la place, sont acculés contre les bâtiments et les manifestants se sont qu’à quelques mètres de la porte d’une des annexes du syndicat où des sympathisants de l’UGTT ont trouvé refuge.

A ce moment là, la situation est tendue, mais aucun signe de violence n’est visible. La foule est compacte, immobile et les manifestants brandissent une affichette sur laquelle est écrit :
« Le peuple veut un syndicat neutre ! »

Deux minutes avant le début des violences (Thierry Brésillon)

A ce moment un groupe d’une dizaine de syndicalistes, vêtus de chasubles rouges, sort armés de bâtons, des locaux de l’UGTT. Ils se retrouvent presque nez-à-nez avec les militants d’Ennahdha. Cette sortie, dans ce contexte chauffé à blanc par une heure d’invectives et d’insultes, fait l’effet d’une allumette dans un baril de poudre.

La situation dégénère immédiatement. Le service d’ordre de l’UGTT frappe, des images montrent des manifestants d’Ennahdha utilisé une bombe lacrymogène contre les syndicalistes.

Les syndicalistes de l’UGTT se replient (à gauche) face les militants d’Ennahdha contenus par leur service d’ordre (Thierry Brésillon)

Rapidement les deux blocs se séparent, mais bouteilles en plastique, puis bâtons sont lancés contre les syndicalistes qui tentent de contenir les manifestants les plus agressifs.

Peu après, des images diffusées à la télévision montrent un syndicaliste à terre, violemment frappé par un groupe de manifestants.

Puis des militants d’Ennahdha, munis d’une barrière, se précipitent vers la porte d’entrée principale du syndicat. La porte résiste à l’assaut, mais ils molestent violemment un syndicaliste qui n’a pas eu le temps de rentrer, avant qu’un membre d’Ennahdha ne s’interpose pour le protéger.

Assaut de militants d’Ennahdha contre le siège de l’UGTT (T. Brésillon)

Aussitôt, pierres, bâtons, bouteilles en plastique volent contre la façade de l’UGTT. Puis du toit de l’UGTT, deux jeunes gens masqués, dont on ne sait pas s’ils sont des sympathisants du syndicat, lancent des pierres sur les manifestants, et même une chaise que deux sympathisants d’Ennahdha reçoivent en pleine figure.

Après vingt minutes de violences, la police s’est interposée pour protéger le local de l’UGTT, puis pour séparer les deux groupes alors que la foule des sympathisants de l’UGTT appelés à en renfort, ont afflué vers la place Mohamed Ali.

L’entrée du siège de l’UGTT protégée par un cordon de policiers (T. Brésillon)

On décompte une vingtaine de blessés du côté de l’UGTT, dont deux membres du bureau exécutif et certains manifestants nahdhouis ont également été blessés au crâne par des objets lancés sur eux.

Un des membres du bureau exécutif de l’UGTT, fait porter la responsabilité au ministère de l’Intérieur qui aurait tardé à intervenir.
« Nous avons prévenu le ministère de l’Intérieur de ce qui se passait, les forces de l’ordre ne sont intervenues qu’après une heure ! »

Un ancien ministre agressé

La deuxième partie se joue à la Kasbah, à proximité de siège du Premier ministre, et du Mausolée de Ferhat Hached. Les sympathisants d’Ennahdha, mais surtout les membres des Comités de protection de la Révolution, liés à Ennahdha, sont plusieurs centaines à sur place.

Said Aidi, membre du Parti d’opposition Joumhouri (parti républicain), et ancien ministre du Travail dans le gouvernement de transition, a été lui aussi victime de la violence des partisans des Comités de protection.
« J’allais rejoindre le rassemblement de l’UGTT, mais j’ai vu le regroupement des Comités de protection. J’ai préféré me tenir à l’écart et emprunter une petite rue parallèle pour redescendre. Mais j’ai été reconnu et une vingtaine ou une trentaine de personnes venues du rassemblement m’ont pris en chasse, insulté, frappé au niveau de l’oreille et jeté à terre. J’ai pris un coup dans le visage qui m’a blessé à l’œil. Puis plusieurs coups dans les côtes.

Des policiers sont arrivés et m’ont évacué. Sans eux, un drame aurait eu lieu. »
Le ministère de l’Intérieur confirme que six personnes ont blessées dans cette période des évévements.

Une réaction de grande ampleur
Les comités de protection de la révolution semblent avoir joué un rôle déterminant dans cette journée. Ils avaient déjà été impliqués dans la mort d’un militant du parti Nidaa Tounes, à Tataouine, lynché après qu’une manifestation devant le local du parti ait dégénéré, le 18 octobre.

Une étape a certainement été franchie dans une confrontation de plus en plus nette entre Ennahdha et la centrale syndicale qui demeure, à défaut d’un parti d’opposition suffisamment implanté, le principal contre-pouvoir au parti islamiste. Il faut s’attendre à une réaction de grande ampleur dans les prochains jours de la part du syndicat qui compte 800 000 adhérents à travers toute la Tunisie.

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