04. Februar 2014 · Kommentare deaktiviert für Süd-Libyen: Tubus, Milizen und Dschihadisten? · Kategorien: Libyen

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„Toubous contre djihadistes : la pétaudière du Sud libyen

Le Point.fr

La défiance entre ces nomades de race noire, qui seraient environ 300 000, et les groupes terroristes d’Aqmi et d’Ansar al-Charia enflamme le pays.

Nos militaires prendraient-ils goût aux interventions en Afrique ? « L’idéal serait de pouvoir monter une opération internationale avec l’accord des autorités libyennes dans le sud du pays », expliquait récemment devant la presse l’amiral Édouard Guillaud, qui quittera le 15 février son poste de chef d’état-major des armées (Cema). Intervenant devant le Centre d’études internationales et stratégiques de Washington, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, enfonçait le clou. « La Libye représente un défi de premier rang » et « nous serons obligés d’aider les pays voisins à se prémunir contre le chaos libyen », soulignait-il.Peu satisfaites de ces propos, les autorités libyennes rétorquaient qu’elles n’avaient nul besoin d’intervention extérieure mais d’aide à la formation de l’armée. Que se passe-t-il donc dans le sud de la Libye ? Force est de constater que cette immense région désertique est devenue le réservoir des djihadistes qui reviennent dans le nord du Mali. Et qu’il sera difficile de résoudre durablement la question du terrorisme dans l’Adrar des Ifoghas sans couper le sud de la Libye de ses voisins malien ou nigérien. Plusieurs groupes se partagent la région. Tous sont des électrons libres que les autorités libyennes, à Tripoli, ne contrôlent pas. Elles ne dominent même pas les milices armées créées en 2011 pour lutter contre Muammar Kadhafi et installées depuis lors dans les villes de la côte méditerranéenne.

Aqmi inquiète les Occidentaux

Premier groupe qui inquiète les Occidentaux : les djihadistes plus ou moins liés à Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamiste). Au printemps dernier, pour échapper aux militaires français et africains de l’opération Serval, les principaux chefs d’Aqmi ont fui le Mali à travers le Niger et se sont installés dans le Sud libyen. Il semble que l’un d’eux, l’émir Mokhtar Ben Mokhtar, dirigeant une des principales katibas, y soit toujours. En février 2013, partis du Mali, c’est à travers la Libye que ces djihadistes étaient passés pour attaquer le site gazier algérien d’In Amenas et prendre en otages plusieurs dizaines de salariés, dont de nombreux étrangers.

Depuis plusieurs années, Ben Mokhtar, de nationalité algérienne, s’est efforcé de nouer des alliances en Libye par l’intermédiaire d’anciens de la guerre d’Afghanistan où il a lui-même combattu dans les années 90. Les djihadistes parcourent aujourd’hui en toute impunité le sud de la Libye, comme ils le faisaient hier au nord du Mali. Nul ne les arrête ou ne les contrôle, et ils y disposent d’au moins un centre d’entraînement. Des sources maliennes affirment qu’une katiba venue de Libye se serait installée récemment dans la région de Tessalit (extrême nord du Mali). Les combattants font profil bas et prennent soin de se raser la barbe pour se fondre dans la population et ne pas être repérés par les militaires français de Serval.

Les interrogations sur Ansar al-Charia

Deuxième groupe islamiste dans le Sud libyen qui préoccupe les Occidentaux : les membres d’Ansar al-Charia, organisation affiliée à al-Qaida et basée à Darna, le fief des djihadistes libyens sur la côte méditerranéenne près de Benghazi. Ils tentent de prendre des contacts dans les oasis du Sud pour investir la région. Concrètement, et probablement de façon conjoncturelle, ils font cause commune avec des milices arabes issues de populations de grandes tribus de la région, telles les Ouled Slimane, la tribu du Premier ministre Ali Zeidan. Celles-ci sont entrées en guerre contre les Toubous de la région.

Majoritairement nomades, de race noire, les Toubous (ils seraient environ 300 000 en Libye, mais eux se revendiquent 600 000) sont installés à cheval sur la Libye, le Niger et le Tchad. Kadhafi en avait intégré beaucoup dans sa légion islamique, car ce sont d’excellents guerriers. « Le gouvernement ne veut plus de Toubous en Libye », disait au Point.fr à la mi-janvier le chef des Toubous libyens, Issa Abdelmajid Mansour. Il était venu à Paris pour sensibiliser les autorités à la cause de son peuple. Depuis décembre, des batailles sanglantes ont opposé, à Koufra d’abord, puis en janvier à Sebha, la plus grosse des oasis du Sud libyen, les Toubous aux milices arabes et islamistes. Nombre de civils toubous (dont des femmes et des enfants) ont été tués, certains par des bombardements aériens, a affirmé Issa Abdelmajid Mansour.

Les Toubous cristallisent la colère des autorités

Pour le chef toubou qui régnait traditionnellement sur cette région dont le sous-sol abrite du pétrole et de l’eau, il ne fait aucun doute que les islamistes d’Ansar al-Charia venus du nord de la Libye vont s’installer durablement dans le Sud pour en prendre le contrôle. Dans l’est de la Libye, les islamistes ont déjà les puits de pétrole sous leur autorité depuis cinq mois. Tripoli n’exporte plus d’or noir venu de l’Est, la principale zone pétrolifère, et l’État (ou le peu d’État qui existe) n’engrange pas un dollar. Si le gouvernement n’a plus les moyens de gouverner (et de payer les fonctionnaires et le peu d’armée existante), on ne donne pas cher de sa survie, à moins que des pays amis du Golfe ne lui viennent en aide.

On ne peut donc exclure que les autorités veuillent s’assurer des ressources en eau et en pétrole de la région, quitte à utiliser contre les Toubous toutes les milices qui y trouvent un intérêt. Mais, à terme, si les djihadistes d’Ansar al-Charia s’installent durablement et en nombre dans le Fezzan (le sud de la Libye), ils ne pourront que venir prêter main-forte aux combattants liés à Aqmi et compliquer un peu plus l’équation malienne. Les Toubous sont bien décidés à jouer cette carte pour qu’on ne les oublie pas.

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