28. Juni 2013 · Kommentare deaktiviert für Ägypten Grenze zu Libyen: Flüchtlingslager Sallum (engl./frz.) · Kategorien: Ägypten, Libyen · Tags: ,
(English below)

La dépression gagne les réfugiés oubliés à la frontière entre la Libye et
l'Egypte
UNHCR, 26 juin 2013
http://www.unhcr.fr/51cbef54c.html

Vers 9 heures un matin, Maha* s'est rendue à la clinique du camp de
réfugiés de Saloum, aux portes de l'Egypte à la frontière avec la Libye.
Elle s'est aspergée d'essence. Seule l'intervention rapide de volontaires
de la clinique a empêché cette réfugiée soudanaise d'y mettre le feu à
l'aide d'allumettes.

« Je n'ai nulle part où aller ni rien à faire. Ici la vie semble s'être
arrêtée. Nous sommes dans un lieu invisible et le monde nous a tourné le
dos », a expliqué Maha au HCR après sa tentative de suicide.

Le désespoir de Maha ne fait pas figure d'exception. Le camp de Saloum
avait été ouvert durant la révolution en Libye pour héberger les réfugiés
qui fuyaient la violence croissante. Depuis l'ouverture du camp, le HCR a
procédé à la réinstallation de quelque 900 réfugiés vers des pays tiers.
Mais la plupart des 900 réfugiés et des 350 demandeurs d'asile qui y sont
encore présents aujourd'hui se trouvent dans une situation de vide
juridique.

L'Egypte espérait décourager l'entrée de nouveaux demandeurs d'asile
depuis la Libye en déclarant que toute personne arrivée au camp après le
23 octobre 2011 ne pourrait se voir proposer une réinstallation vers un
autre pays. A la fin décembre, le Gouvernement égyptien a demandé au HCR
de cesser d'enregistrer les personnes arrivant à Saloum pour demander le
statut de réfugié. Toutefois les arrivées continuent. Il y a actuellement
environ 60 personnes qui ne sont pas enregistrées et qui ne reçoivent
aucune assistance.

Maha, âgée de la quarantaine, avait fui vers Saloum avec son mari le 27
octobre 2011 pour échapper à la violence et aux menaces en Libye. Or, à
leur arrivée, le processus de réinstallation avait déjà été stoppé.

C'est la deuxième fois qu'ils sont déracinés. La première fois, ils
avaient quitté le Soudan après que son mari ait fui un groupe armé qui
l'avait recruté de force pour un conflit dans les montagnes de Nuba. Maha
et son mari ont ensuite vécu en paix avec d'autres travailleurs dans une
ferme de Koufra, en Libye, jusqu'à la révolution. Puis ils ont été
attaqués par des révolutionnaires qui les ont accusés de soutenir feu le
dictateur Kadhafi – une accusation souvent émise à l'encontre d'Africains
sub-sahariens qui vivent en Libye.

Cette tentative d'auto-immolation est un exemple parmi d'autres des cas de
dépression dont souffrent un nombre croissant de réfugiés à Saloum. Ils
attendent tous – entre les frontières de l'Egypte et de la Libye – une
solution à leur sort. Le HCR espère des progrès dans les négociations avec
les autorités égyptiennes pour résoudre cette situation.

« Les conditions de vie et de fonctionnement au camp de Saloum sont
extrêmement difficiles. Nous faisons notre possible pour pouvoir fermer ce
camp début 2014. Parallèlement, nous espérons parvenir à une compréhension
commune avec le Gouvernement égyptien sur les procédures de demande de
statut de réfugié pour les demandeurs d'asile restants », a indiqué
Mohamed Dayri, Représentant régional du HCR basé au Caire.

Après près de deux ans de vie à l'intérieur du camp, des cas de
dépression, d'insomnie et d'anxiété sont signalés. Ces problèmes
psychologiques se traduisent en violences verbales et physiques envers le
personnel médical, ainsi que les équipes chargées de la protection et de
la distribution alimentaire de la part des demandeurs d'asile arrivés
après décembre 2012 et qui ne peuvent plus être enregistrés.

« Le stress lié à l'absence d'espoir ou d'opportunité pour résoudre leur
problème est le motif de ces violences. Depuis que nous avons l'obligation
de ne pas les enregistrer, ces personnes ne reçoivent ni repas quotidien
ni assistance. Pourtant nous avons fait notre possible pour attirer
l'attention sur leur sort », a indiqué Dinesh Shrestha, responsable du
bureau du HCR à Saloum.

Aqwal Ding* fait partie de ces personnes. Elle ne peut même pas déposer
une demande de statut de réfugié. Elle s'interroge sur sa décision de
venir en Egypte, mais elle n'avait aucune autre solution.

En 2010, sa fille Dalia alors âgée de sept ans a été tuée à Abyei, une
région frontalière entre le Soudan et le Soudan du Sud. Craignant
davantage de violence, elle a quitté le Soudan avec son mari et ses deux
autres filles. Ils se sont installés à Zawiya dans l'ouest de la Libye.

Un jour durant la guerre en Libye, son mari a quitté la maison pour aller
travailler et il n'est plus jamais revenu. Après des mois d'attente, Ding
a fui avec ses filles vers l'Egypte. Depuis son arrivée à Saloum en
décembre 2012, elle ne peut ni quitter le camp pour entrer en Egypte ni
bénéficier d'une réinstallation : elle est bloquée.

« Les réfugiés à Saloum sont très inquiets de la proximité avec la Libye.
L'idée d'y rester indéfiniment leur est insoutenable. L'incertitude sur
leur situation combinée aux conditions très difficiles de l'attente
s'ajoutent à leur désespoir », a indiqué Diane Tayebi, une psychologue.
Elle est consultante et a été recrutée par le HCR pour évaluer la santé
mentale de quelque 40 réfugiés dans le camp.

« Bien que ces personnes aient subi tant de revers dans leur vie, elles
prennent encore le risque de refaire confiance quand elles rentrent dans
la salle de consultation. Je peux toujours voir une lueur d'espoir dans
leurs yeux et je m'accroche à cette petite lumière. »

*Noms fictifs pour des raisons de protection

Par Ahmad Abughazaleh et Dalia Al Achi à Saloum, Egypte

*****

UNHCR, 26 June 2013
Depression grips forgotten refugees stranded at Egyptian-Libyan border
http://www.unhcr.org/51cad70f9.html

Around 9 a.m. Maha* went to the clinic in Sallum refugee camp just inside
Egypt's border with Libya and doused herself with gasoline; only quick
intervention by clinic volunteers stopped the Sudanese refugee before she
could strike a match.

"I have nowhere to go and nothing to do. Life seems to have stopped in
this place, we are in an invisible spot in the world and everybody turned
their back on us," Maha told UNHCR after her suicide attempt.

Maha's despair is not unique. Since Sallum was established in the wake of
the revolution in Libya to host people fleeing the growing violence, UNHCR
was able to resettle some 900 refugees from the camp to third countries.
But most of the current 900 refugees and 350 asylum-seekers at Sallum have
found themselves in legal limbo.

Egypt, hoping to discourage the entry of more asylum-seekers from Libya,
said anyone entering the camp after October 23, 2011 could not be proposed
for resettlement to another country. And last December, the Egyptian
government asked the UN refugee agency to stop registering those who reach
Sallum from seeking refugee status. But more people continue to arrive and
there are currently around 60 who are not registered and do not receive
any assistance.

Maha, now in her late 40s, fled to Sallum with her husband on October 27,
2011 to escape violence and threats in Libya – just after the door for
resettlement was closed.

It was their second forced displacement, having left Sudan after her
husband escaped from an armed group that had conscripted him for a
conflict in the Nuba Mountains. Maha and her husband had lived peacefully
with other workers on a farm in Koufra, Libya until the revolution. Then
they were attacked by revolutionaries who accused them of backing the late
dictator Gaddafi – a charge often made towards sub-Saharan Africans living
in Libya.

The woman's attempted self-immolation is just one example of the
depression spreading among refugees at Sallum, who are all waiting between
borders for a solution to their plight. UNHCR is hopeful of progress in
negotiations with Egyptian authorities to resolve the situation.

"Operating and living conditions in Sallum camp are extremely difficult.
We are working hard in order to be able to close the camp by the first
quarter of next year. In the meantime, we hope to reach a common
understanding with the Egyptian government on the asylum procedures for
the remaining asylum-seekers," said Mohamed Dayri, UNHCR's Cairo-based
regional representative.

After living for up to two years inside the camp, the strains of
depression, anxiety, and insomnia are showing. These psychological
problems have erupted into verbal and physical abuse against medical
staff, as well as food distribution and protection teams of UNHCR by
asylum-seekers who arrived after December 2012 when they could no longer
be registered.

"The stress of having no hope or opportunity to solve their case is the
reason for their act. Since we were asked not to register them, these
people don't receive the daily meals and other assistance. Thus they tried
to draw attention to their cases," said Dinesh Shrestha, head of UNHCR's
Sallum office.

Aqwal Ding* is among those who cannot even apply for refugee status; she
wonders if she made the right choice when she decided to come to Egypt,
but does not know what else she could have done.

In 2010, her seven-year-old daughter Dalia was killed in Abyei, a border
region between Sudan and South Sudan. Fearing more violence, she left
Sudan with her husband and two remaining daughters and settled in Zawiya
in western Libya.

One day during the Libyan war, her husband left the house to go to work
and never came back. After months of waiting, Ding fled with her daughters
to Egypt. On arriving in Sallum in December 2012, she found herself unable
to leave the border camp to enter Egypt or to be proposed for
resettlement; she is stranded.

"Refugees in Sallum are very anxious about the proximity of Libya and the
idea of staying there indefinitely is unbearable. The uncertainty about
their situation, having to wait in very difficult conditions adds to their
despair," said Diane Tayeby, a psychological consultant hired by UNHCR to
assess the mental state of some 40 refugees in the camp.

"Although these people have been let down so many times, they are still
taking the risk to trust again when they step into the counselling room. I
can still see a glimpse of hope in their eyes and I cling to this glimmer
of light."

*Name changed for protection reasons

By Ahmad Abughazaleh and Dalia Al Achi in Sallum, Egypt

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