Voici un article qui date d’il y a quelques mois, il présente des informations intéressantes sur la réinstallation de personnes qui ont été expulsées des pays d’Europe. Curieusement il n’existe pas de mot en français, pour désigner ce que le jargon européen appelle les «réadmis», les personnes qui ont été renvoyées chez elles, les «povratnici», les «revenus». Le mot «rapatrié» existe mais il a une connotation fort positive. NB: il s’agit de faits se déroulant en territoire de Republika Srpska. Cordialement.
Dragan Grcic
Sanski Most: Ceux qui sont revenus dans les villages se battent contre la pauvreté et l’isolement (Nezavisne Novine)
Sanski Most – Un nombre élevé de Serbes, qui reviennent dans des villages, sont placés à la périphérie de la commune de Sanski Most, où il vivent difficilement, dans des conditions de pauvreté extrême.
Selon Borislav Tešić, Secrétaire de la communauté locale de Lušca Palanka, qui compte le plus grand nombre de ces villages, l’augmentation porte sur les personnes âgées qui vivent grâce à une pension modeste, voire sans pension.
„La situation la plus pénible a lieu dans le village de Grdanovac, où les personnes revenues ont un besoin indispensable d’une aide sociale. Ces personnes vivent isolées du reste du monde, c’est très difficile dans cette période d’hiver, lorsque la neige recouvre les routes et coupe les villages“, signale Tešić.
La vieille Milica Todorović est revenue dans sa maison après sept années d’absence. Elle vit une vie solitaire, dans une modeste maison de deux pièces, rénovée grâce à des fonds d’organisations donatrices.
„La vie est dure, mais le plus difficile, c’est la solitude. Les voisins les plus proches sont à un kilomètre, et quand la neige recouvre tout, pendant des jours entiers je reste enfermée dans la maison“, dit la vieille dame. Quoique elle soit entrée dans sa septième décennie, il lui arrive souvent de marcher plus de 20 kilomètres jusque Sanski Most et plus loin, quand elle doit aller sur la place du marché vendre des produits agricoles ou des produits forestiers qu’elle a récoltés. Le plus jeune des retournés dans ce village perdu est Radovan Daljević (40), qui est revenu dans sa ferme familiale il y a cinq ans.
Avant la guerre, dit-il, il existait une ligne d’autobus jusque Sanski Most, mais qui ne fonctionne plus aujourd’hui.
„C’est mon héritage ancestral, et je dois m’occuper de tout. Je vis de l’agriculture et de l’élevage. C’est dur, mais avec cette peau, on ne peut rien“, dit-il.
Il fait remarquer que depuis quelques, mois on a commencé à avoir l’électricité, et qu’il espère que cela motivera d’autres à revenir dans leurs maisons. Il ajoute que dans tout le village, c’est près d’une trentaine de personnes qui sont revenues, souvent ces personnes aident à l’agriculture ou à d’autres travaux.
„L’an passé, nous avons bénéficié d’un don, un tracteur, qui est utilisé par tout le village. On sème et on récolte un peu, de quoi survivre. Beaucoup de gens ont une petite pension, mais certains n’ont pas du tout de revenus“, dit Daljević.
L’habitant Milorad Barudžija ajoute que le plus grand problème des habitants est le mauvais état des routes, ce qui qui les sépare du reste du monde. Avant la guerre, il existait une ligne d’autobus, qui n’existe plus aujourd’hui. Les revenus sont insuffisants en période d’hiver, l’hiver est très rigoureux dans ces villages éloignés, et les chutes de neige sont connues pour atteindre parfois deux mètres de haut. Des groupes d’animaux sauvages descendent alors des régions les plus élevées des montagnes, jusqu’à proximité des habitations, à la recherche de nourriture.
Source : Zlatan Čekić, Povratnici u podgrmečkim selima se bore sa siromaštvom i usamljenošću, Nezavisne Novine, 23 décembre 2012.