17. Juli 2014 · Kommentare deaktiviert für Algerien Flüchtlingssituation · Kategorien: Algerien · Tags: ,

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Populations déplacées en Algérie. Entre le drame des Subsahariens et l’espoir des Syriens

Fuyant les conflits qui minent leur pays, des milliers de migrants subsahariens et, à un degré moindre, syriens, arpentent les rues des grandes villes algériennes à la recherche pour certains d’un travail, d’autres d’une aumône.

Accompagnés souvent de leurs enfants, ils refusent d’être «parqués» dans des centres de prise en charge mis à leur disposition et gérés par l’Etat. Durant ce Ramadhan, leur présence dans les marchés et sur les places publiques est plus visible, notamment en ce qui concerne les Subsahariens, souvent accompagnés d’enfants en bas âge.

à la charge de l’état

Au cœur même de la capitale, de nombreuses femmes voilées, entourées de deux, trois voire quatre mômes à moitié habillés passent des heures sous un soleil de plomb en attendant que des mains charitables leur glissent quelques pièces ou des victuailles. Plus nombreuses il y a quelques années, les Syriennes ne sont plus aussi visibles qu’avant. En cette période de Ramadhan, nombre d’entre elles ont rejoint le centre mis à leur disposition par l’Etat à Sidi Fredj.

Nommée à la tête du Croissant-Rouge algérien (CRA) il y a trois mois, Saïda Benhabylès explique que ces personnes qui sillonnent les villes et villages aussi bien du sud que du nord du pays ont le statut de «déplacés» et, de ce fait, sont à la charge de l’Etat qui reste souverain dans ses décisions. «Les pouvoirs publics ont mis en place des centres, deux à Ouargla, un à Tamanrasset, deux à Adrar et un à Sidi Fredj, pour la prise en charge des populations qui ont fui leurs pays et qui ont le statut de déplacés. Toutes les conditions d’une vie décente sont réunies dans ces centres où les pensionnaires ont droit à un hébergement, de la nourriture et une prise en charge sanitaire», explique Mme Benhabylès, précisant que «contrairement aux autres pays confrontés au phénomène de la migration, l’Algérie n’a pas de lieu de rétention entouré de barbelés. Elle a adopté une stratégie humanitaire de gestion du flux migratoire : les centres. Le principe de libre circulation est garanti à tous les pensionnaires».

Raison pour laquelle, dit-elle, «il y a ceux qui préfèrent aller chercher un travail en se déplaçant dans les régions limitrophes des centres, à Adrar et Tamanrasset, ou encore en allant jusqu’à Tlemcen et Constantine comme le font les Syriens». Pour la présidente du CRA, il y a une nette différence entre les deux populations de déplacés : «Les Syriens se sont vite adaptés à la vie en Algérie. Il faut dire qu’ils représentent une communauté assez particulière, issue généralement de la classe moyenne, qui a les moyens de se prendre en charge.

Plusieurs ont ouvert des commerces et arrivent à vivre dans de bonnes conditions. Ils ont préféré louer des appartements ou des chambres d’hôtel que de rester au centre de Sidi Fredj, où aujourd’hui, une quarantaine de familles seulement y résident avec leurs enfants, qui sont scolarisés. L’Etat leur a facilité l’accès aux écoles, aux soins et au gîte. De plus, la tendance est au retour, puisque beaucoup d’entre eux sont repartis.»

Pour ce qui est des Subsahariens, ajoute t-elle, «ils sont de loin plus nombreux. Ils sont des milliers et représentent au moins une quarantaine de nationalités. Certains viennent de très loin, de Centrafrique, du Bénin, du Nigeria, etc. Ils viennent tous de pays confrontés à des conflits armés, mais aussi à la famine. Beaucoup à la recherche d’une vie décente, d’autres visent l’eldorado de l’Occident. Dans les centres, ils trouvent tout ce dont ils ont besoin. Ces centres d’accueil sont de véritables villes. Celui de Ouargla abrite près de 2400 pensionnaires de différentes nationalités, religions et de cultures. La cohabitation est certes difficile, mais la gestion reste pour les volontaires du CRA le principal souci», déclare Mme Benhabylès.

La sensibilisation au retour dans le pays d’origine

Pour la présidente du CRA, la gestion des centres d’accueil ne se limite pas à assurer le gîte et la nourriture aux déplacés, mais aussi à participer aux efforts dans les politiques de leur retour dans leur pays : «Nous faisons aussi un travail de sensibilisation en direction des ressortissants dont les pays ne sont pas touchés par les violences ou sont en voie de normalisation. L’exemple le plus récent est celui du Niger, dont le gouvernement a appelé ses ressortissants à revenir aux pays. Pour aider à ce retour, nos volontaires font dans le travail de proximité pour encourager les nigériens déplacés à rentrer chez eux. Certains y ont cru. Ils sont repartis avec l’aide de l’Etat, dans la dignité.

D’autres ont préféré rester en Algérie. Il en est de même pour certains habitants du nord du Mali, qui ont émis le vœu de retourner dans leurs villages ; grâce à nos volontaires et aux moyens mis à leur disposition par les autorités, sont aujourd’hui bien installés à Kidal et à Gao. C’est pour vous dire que le travail du CRA ne se limite pas à donner à manger et à boire aux déplacés, mais aussi à les accompagner pour leur permettre d’avoir une vie décente et digne.»

Pour ceux qui craignent les conséquences d’une telle liberté de mouvement pour les Subsahariens, la présidente du CRA répond : «Nous préférons que ces déplacés soient recensés et accueillis dans des centres, avec toutes les conditions de prise en charge sanitaire, avec comme premier souci la préservation de leur dignité plutôt que de les enfermer dans des prisons à ciel ouvert sous prétexte qu’ils sont présumés porteurs de maladies. Ces gens sont porteurs d’une grande détresse. Ils ne méritent pas d’être stigmatisés ni d’être enfermés. A Tamanrasset, un millier de migrants vivent dans des familles et l’aide est destinée justement à ces familles pour faire en sorte que leurs hôtes soient bien pris en charge, en attendant leur retour chez eux.»

Salima Tlemçani

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Mme Saïda Benhabylès. Présidente du Croissant-rouge algérien «Nous assurons la prise en charge des déplacés»Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

Les missions du CRA ne se limitent pas, selon Mme Benhabylès, uniquement aux populations déplacées et aux démunis.

Il y a aussi notre communauté en situation de difficulté qui réside à Gafsa et à El Kef, en Tunisie, qui vient de bénéficier d’une aide assez conséquente, mais aussi l’acheminement de denrées alimentaires pour les populations de Kidal et de Gao, au nord du Mali. «De plus, nous avons la prise en charge des déplacés subsahariens et syriens, qui n’ont pas le statut de réfugiés pour pouvoir bénéficier de l’aide du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Ce sont des personnes qui ont été déplacées en raison d’une guerre ou d’un conflit armé dans leur pays. Elles ont leurs papiers et restent sous la responsabilité du pays d’accueil, jusqu’à ce que les conditions de leur retour soient favorables.

Les réfugiés politiques, par contre, ont fui leur pays, parce que menacés par leur gouvernement et de ce fait, ils restent sous la responsabilité du HCR, qui leur assure de nouveaux papiers et ne peuvent retourner chez eux, sous peine de perdre les privilèges liés à leur statut.» La présidente du CRA affirme que parmi ses priorités, il y a la modernisation de la gestion des stocks et son informatisation et la signature de conventions avec des sponsors, comme les opérateurs de téléphonie mobile, pour financer quelques opérations humanitaires.

A ce titre, elle rappelle la prochaine acquisition de trois cliniques mobiles, grâce à Ooredoo et la fondation qui porte le nom du footballeur argentin, Lionel Messi. Son souhait est «de revenir à la vente de timbres du CRA dans les écoles, comme cela se faisait avant. Non pas pour l’argent, mais pour inculquer aux enfants la culture de la solidarité et de l’humanisme. Nous voudrions aussi créer un club des volontaires du CRA, composé d’avocats, juristes, journalistes, médecins, enseignants, professeurs d’université, etc. pour élargir la famille des volontaires à l’élite également».

Mais toutes ces actions très prometteuses ne peuvent trouver preneurs qu’une fois la situation du CRA assainie. Il faut dire que le Croissant-Rouge a vécu plus d’une décennie de désordre et… d’ordres venus d’en haut, notamment durant la période où l’ex-ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, l’avait mis sous la coupe de son département, pour l’utiliser à des fins politico-personnelles. Peut-on espérer cette révolution dont parle la nouvelle directrice ? Le temps nous le dira…

Salima Tlemçani

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Quatre centres d’accueil seulement pour des milliers de déplacés

Parce qu’elle est entourée par des pays laminés par des conflits armés, l’Algérie fait face à un important flux migratoire, poussant les autorités à ouvrir des centres d’accueil à Adrar, Ouargla Touggourt et Reggane, dont la gestion a été confiée au Croissant-Rouge algérien (CRA).

Le choix de ces régions n’est pas fortuit : elles constituent un passage obligé, mais aussi des lieux de brassage communautaire frontalier assez important, même si des nationalités autres que malienne et nigérienne sont de plus en plus présentes et avoisinent la quarantaine.
Ouargla vient en première position avec deux centres d’accueil. Situé non loin de la ville de Ouargla, le premier abrite actuellement 2400 migrants, alors que celui de Touggourt prend en charge 900 autres. A Adrar, le centre de Timiaouine accueille 46 familles, alors qu’à Reggane elles sont au nombre de 175.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans la ville de Tamanrasset, il n’existe pas de centre pour migrants que l’on retrouve dans tous les quartiers et villages les plus reculés de l’Ahaggar jusqu’à Djanet, en passant par Illizi. Ils se fondent parmi la population et certains d’entre eux ont préféré se regrouper dans des agglomérations propres à eux.

Cependant, précise la présidente du CRA, contrairement à d’autres villes du pays, près d’un millier de migrants vivent dans des familles locales. «C’est une tendance à la hausse et cela nous réconforte. Ces migrants sont accueillis dans des foyers. Peut-être en raison des liens familiaux ou tribaux, mais l’essentiel, c’est qu’ils puissent vivre dans la dignité. D’ailleurs, le diapositif d’aide mis en place par l’Etat concerne aussi ces familles qui accueillent des migrants ; elles peuvent bénéficier d’une aide substantielle leur permettant de supporter les frais inhérents à la prise en charge», explique Mme Benhabylès.

Réunie depuis deux jours avec les délégués du Sud en charge de la gestion des centres d’accueil de migrants, la présidente du CRA précise que le nombre de déplacés recensé a tendance à «diminuer» ces derniers mois, mais elle dit ne pas pouvoir en expliquer les raisons. «Peut-être parce qu’ils repartent chez eux, ou qu’ils préfèrent aller ailleurs à la recherche d’un travail et être, de ce fait, plus autonomes.» Mme Benhabylès estime par ailleurs que les volontaires «font un travail extraordinaire pour apaiser les souffrances de ces personnes qui arrivent, le plus souvent dans une situation de vulnérabilité indescriptible en raison des longues distances qu’ils parcourent sous un soleil de plomb, dans des conditions extrêmes. Nos volontaires ont dû assister à des accouchements, à des décès, à des mariages, à des circoncisions ou tout simplement aux moments ou joie et de deuil des pensionnaires, souvent des hommes mais de plus en plus de femmes et d’enfants auxquels ils assurent le gîte, le couvert et une assistance médicale».

Leur plus grand problème est, dit-elle, de faire en sorte que la quarantaine de nationalités qui cohabitent «puissent trouver quiétude et sérénité, en respectant toutes les cultures qu’elles représentent». Elle insiste sur «les difficultés» rencontrées sur le terrain, notamment dans la gestion de ces centres aux flux importants, confiée à des volontaires qui dans la majorité des cas n’ont pas l’expérience adéquate. «Cependant, avec l’aide de nos partenaires, comme le CICR, nous avons programmé des sessions de formation pour l’encadrement de ces centres afin d’améliorer leur gestion et d’offrir de meilleures services.»

Salima Tlemçani

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Les migrants clandestins sont nombreux à errer à Tamanrasset, livrés à eux-mêmes

Ils sont en résidence légale ou en immigration clandestine, les ressortissants syriens et ceux de l’Afrique subsaharienne sont nombreux à avoir élu domicile à Tamanrasset pour fuir l’atrocité et les soubresauts qui secouent leurs pays respectifs.

Leur présence dans la ville de Tin Hinan est très remarquée. Au bord de Oued Sersouf, Guettaa El Oued ou à Matna Talat, on les trouve visiblement partout. Céans, ils exercent tous les métiers et dans divers secteurs. Cependant nombre d’entre eux ont été contraints à la mendicité. Ce phénomène, faut-il le signaler, a pris de l’ampleur. Les instructions données par le gouvernement quant à la prise en charge de cette frange défavorisée sont malheureusement reléguées aux chapitres des projets en gestation. En dépit des assurances du premier magistrat de la wilaya, Mahmoud Djemaâ qui dit avoir accordé «la priorité au dossier des réfugiés officiellement reconnus», rien n’est concrétisé sur le terrain.

«Les réfugiés souffrent le martyr face au regard ingrat et au rejet de la société. Depuis notre installation à Tamanrasset, en juillet 2013, aucune organisation ne nous a prêtés aide et soutien. Nous quémandons toute la journée pour une hypothétique obole sans parvenir à subvenir à nos besoins les plus élémentaires», relate avec amertume Norhane, une mère syrienne rencontrée devant la mosquée de la cité Malta. Acompagnée de ses deux petits enfants, Wissam et Aymen, elle y vient quotidiennement au moment des prières pour tendre sa sébile et implorer la compassion des fidèles. «C’est le seul moyen pour survivre quand on est loin de son pays», a-t-elle lâché, les yeux pleins de larmes.

Norhane n’est pas la seule ressortissante syrienne à avoir choisi ce métier de la honte pour survivre, eu égard aux nombreuses familles présentes dans les coins et recoins de la ville de l’Ahaggar. Face à cette situation alarmante, aucune réaction officielle n’a été jusque-là enregistrée. Selon le président du comité de wilaya du Croissant-Rouge algérien, Moulay Cheikh, «le CRA n’a jamais été sollicité quant à la présence de réfugiés sur le territoire de la wilaya. Donc on ne peut pas intervenir. Ces migrants, syriens ou subsahariens ne sont pas reconnus comme étant des réfugiés, sinon ce serait de notre devoir de les prendre en charge dans le cadre humanitaire. Je tiens à affirmer que les migrants qui ont sollicité l’aide du CRA refusent la vie de ghetto». En effet c’est ce que nous avons constaté suite à une petite virée effectuée dans la ville marquée par l’affluence massive des Souadines (Noirs d’Afrique subsaharienne).

Ces derniers travaillent dans le commerce informel, possèdent des magasins dans les marchés, ouvrent des restaurants, font les manœuvres dans les chantiers, travaillent dans les champs agricoles et occupent tous les lieux qui leur permettent d’avoir un revenu, même modeste. Leur situation administrative sur le territoire algérien et les conditions dans lesquelles ils vivent, les obligent à saisir forcément les occasions d’embauche qui leur sont offertes même en contrepartie d’une minable rémunération. Une situation qui profite beaucoup aux entrepreneurs qui les exploitent à un prix modique dans la réalisation des projets lancés dans la wilaya.

Les migrants acceptent les offres d’emploi que les chômeurs tamanrassetis refusent pour ne pas manquer leur sieste sacrée. Les voir dans la capitale de l’Ahaggar donne l’impression qu’ils sont des citoyens à part entière, vivant en toute liberté et dans la légalité totale. Il nous est difficile d’avoir des chiffres exacts sur leur nombre dans la wilaya, puisque le sujet demeure un véritable tabou pour les autorités, notamment depuis la publication du rapport américain, en 2011, accusant l’Algérie de trafic d’êtres humains.

Cependant, ce qu’il faut retenir c’est que la cohabitation des Noirs africains aux côtés des Noirs algériens n’est que l’autre face d’une réalité sociale basée sur les liens ancestraux entre les deux communautés et d’une politique ayant pour principale devise le bon voisinage. La communauté des Noirs est très présente dans cette ville où vivent les populations de 50 pays du monde qui s’ajoutent aux citoyens algériens issus des 47 wilayas. «Tamanrasset constitue ainsi une zone de transit et un passage inéluctable pour aller au Nord ou vers les pays de l’Europe, fuyant la pauvreté, la misère extrême, les conditions inhumaines et l’esclavagisme sauvage qu’ils vivent dans leur pays», souligne-t-on.

Il suffit d’aller à la nouvelle gare routière, sise à 5 km au nord de la ville, pour confirmer cet état de fait. Les bus à destination des autres wilayas, où ils vont se lancer dans une nouvelle aventure, affichent souvent complets au grand bonheur des transporteurs. Contrairement aux dernières années lorsqu’ils étaient arrêtés et contrôlés à presque chaque barrage sécuritaire, les Subsahariens voyagent en toute quiétude à la quête de cieux plus cléments.Evitant de courir plus de risques, d’aucuns préfèrent s’installer à Tamanrasset pour gagner leur vie.

Au fur et à mesure de leur présence sur le territoire de la wilaya, ils ont crée leurs propres habitudes et mènent un train de vie qui leur permet de travailler, de s’amuser et de faire face aux difficultés de la vie dans une ambiance particulière à même de leur faire oublier la tyrannie et le drame vécu quotidiennement à quelques toises seulement des frontières. Pour des raisons humanitaires, l’Algérie les a accueillis à bras ouverts et a décidé au terme d’une instruction adressée aux wilayas concernées de ne «rapatrier que les personnes impliquées dans des affaires criminelles ou celles recherchées judiciairement», précise une source sécuritaire.

Ravah Ighil

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