01. Februar 2014 · Kommentare deaktiviert für Kosovo: Die Abgeschobenen · Kategorien: Nicht zugeordnet · Tags:

http://balkans.courriers.info/article24087.html

Jeta në Kosovë

Kosovo : la galère des « réadmis », expulsés d’Europe occidentale

Traduit par Belgzim Kamberi

Mise en ligne : mercredi 29 janvier 2014 Depuis 2008, entre 25 et 27.000 citoyens du Kosovo auraient été « réadmis » – soit qu’ils étaient expulsés des pays d’Europe occidentale dans lesquels ils résidaient, soit qu’ils aient accepté la procédure de retour au pays. Pourtant, le Kosovo est toujours bien loin de remplir les obligations prévus par les accords dits de réadmission, ainsi que vient de le pointer un rapport de l’SOCE. Faik Asaj, qui a accepté de revenir au pays, raconte sa galère… Par Mehdi Mulaj

Faik Asaj
Faik Asaj est originaire du village de Banja, dans la commune d’Istog. Rapatrié au Kosovo en juillet 2011, il explique que sa « réadmission » s’est déroulée avec beaucoup de problèmes. Dès son arrivée à l’aéroport de Pristina, Faik Asaj a été reçu par deux personnes qui se sont contenté de relever ses coordonnées. On ne l’a pas informé sur ses droits, ainsi que la loi le prévoit. Celle-ci stipule d’ailleurs aussi que le transport pour rentrer à la maison doit être gratuit. Or, Faik Asaj n’a pas bénéficié de ce service, mais a il dû payer 80 euros de taxi depuis l’aéroport jusqu’à son village de Banja.

La stratégie de réadmission des personnes rapatriées prévoit explicitement que l’on doit « offrir aux rapatriés des informations sur les services fondamentaux qui fonctionnent sur le territoire du Kosovo et dans la commune de leur destination ». Or, affirme Faik Asaj, « on ne m’a informé de rien, ils ont juste vérifié que j’étais bien revenu au Kosovo et ils sont partis »… La Stratégie de réadmission des personnes Rapatriées précise clairement « qu’afin de permettre aux rapatriés de rentrer le jour même chez eux, ils bénéficieront, en cas de besoin, d’un service de transport jusqu’à leur commune de résidence ». Le ministère de l’Intérieur confirme que Faik Asaj est bien rentré tout seul chez lui, sans préciser par quel moyen de transport.

La galère ne s’est pas arrêté là. Faik Asaj a dû faire face à bien d’autres problèmes encore, malgré les droits théoriquement garantis par la loi. Deux semaines après son retour, il s’est rendu à la mairie, au Bureau des communautés et du retour, afin d’entamer les procédures pour faire valoir ses droits de rapatrié. « J’ai fait toutes les démarches, et j’ai attendu sept à huit mois sans obtenir la moindre réponse », explique-t-il. « Quand j’ai déposé une deuxième requête, on m’a simplement dit par téléphone depuis le bureau de Pristina que mon rapatriement avait bien été enregistré »…

En théorie, Faik Asaj avait le droit de construire une maison, mais il a eu de nouveau beaucoup de problèmes. Il vit toujours en location dans une maison du village. Sa demande de permis de construire a été approuvée, mais il doute qu’on lui fournisse les moyens de construire sa maison. Le maire d’Istog, Haki Rugova est informé de son cas, mais il estime que la procédure de rapatriement s’est déroulé conformément aux règles, même s’il reconnaît que Faik Asaj a déposé une plainte à propos de la manière dont il a été traité par le Bureau des communautés et de retour d’Istog.

Faik Asaj affirme que si jamais ces droits de rapatrié ne sont pas respectés, il va s’adresser à l’Ambassade d’Autriche au Kosovo pour son traitement. « Je pensais que j’allais être bien accueilli… Du moins, que mon rapatriement se déroulerait correctement… Je regrette d’avoir choisi de rentrer », soupire-t-il.

Les obligations du Kosovo

Le 9 janvier, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a publié un rapport sur le processus de rapatriement au Kosovo. Selon ce rapport, « entre janvier 2005 et la fin juin 2013, 25 à 27.000 personnes ont été rapatriés par la force ou de leur plein gré, ce qui représente une moyenne de 2.500 à 3.500 personnes par an ».

« En plus du stress psychologique lié au retour forcé, les personnes rapatriées doivent faire face à de nombreuses difficultés pour faire valoir leurs droits et jouir des services fondamentaux qui leur sont garantis, comme le recensement civil, l’éducation, la santé et l’assistance sociale. Ces personnes ont également beaucoup de mal à trouver un emploi stable », note le rapport de l’OSCE. Le ministère de l’Intérieur du Kosovo disposait en 2010 d’un budget de 500.000 euros pour traiter les dossiers de rapatriement. En 2011, ce budget a été porté à 3,4 millions.

Le rapport rappelle que les accords bilatéraux de rapatriement conclus, depuis 2008, entre le Kosovo et 21 pays d’Europe occidentale renforcent le droit des pays signataires à procéder à des rapatriements contraints des personnes qui ne remplissent pas les conditions d’entrée ou de séjour requises sur leur territoire, mais aussi les devoirs des institutions du Kosovo qui doivent accueillir ces personnes ».

« Un problème sérieux et constant du processus de réadmission a été le mangue continu de donnés fiables et systématiques sur lespersonnes rapatriées. Sans ces données, il est impossible d’évaluer le nombre de personnes ou de familles et de leurs besoins en termes de logement, d’éducation et autres services fondamentaux. On ne sait pas non plus combien d’entre eux ont trouvé un emploi durable, ni combien résident toujours au Kosovo », précise le rapport de l’OSCE.

Alors que le rapatriement et la réadmission des personnes expulsés dans la République du Kosovo est l’une des conditions principales pour la libéralisation des visas, le vice-ministre d’Intégration Européenne Gëzim Kasapolli estime que le dernier rapport de l’OSCE est positif, car il note que des progrès ont été réalisés. « Nous considérons ce rapport comme positif, même s’il nous reste encore beaucoup à faire », assure le ministre. Pour sa part, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité commenter ce rapport.

Kommentare geschlossen.