Tunisie. Expulsion imminente de deux réfugiés en violation du droit tunisien et international
Deux jeunes étudiants ont été interpellés à l’aéroport de Tunis Carthage et sont menacés d’expulsion sans justification légale.
La Tunisie a dû mal à en finir avec l’arbitraire. Alors que la nomination d’un gouvernement de « technocrates » et l’adoption de la constitution devaient enfin faire du pays un État de droit respectueux de ses engagements, les violations de droits se poursuivent. Dernier exemple en date, l’expulsion imminente de deux réfugiés à l’aéroport de Tunis qui violerait la constitution.
État raciste ?
Julius Ntobuah Mvenyi et Kablan Colombe ont été interpellés mardi après midi à l’aéroport Tunis-Carthage. Lui est camerounais demandeur d’asile auprès du bureau de Tunis du Haut commissariat pour les réfugiés HCR de l’ONU ; elle est ivoirienne, réfugiée reconnue par le HCR. Tous deux sont étudiants en informatique et résidents en situation régulière à Tunis.
Malgré une situation en règle de tous points de vue, la police aux frontières a bloqué leur entrée sur le territoire alors qu’ils rentraient d’un simple voyage privé et les retient depuis bientôt 24 heures en zone de transit. Contacté par Le Courrier de l’Atlas, M. Ntobuah explique ne pas comprendre pourquoi il ne peut pas regagner son domicile, dont il garde toujours le contrat de location sur lui. « On ne veut pas de vous sur notre territoire », aurait lancé un policier pour toute justification. Dangereuse violation de la nouvelle constitutionSelon nos informations, les autorités entendent procéder à leur expulsion vers l’aéroport du Caire en violation de l’article 33 de la Convention de Genève. Pire encore, cette décision arbitraire viole également l’article 26 de la nouvelle constitution tunisienne, censé créer un statut pour les réfugiés en accord avec les valeurs démocratiques.
Alors qu’ils sont installés en Tunisie, les deux réfugiés sont donc sous la menace d’un refoulement vers l’Égypte, pays instable, où ils n’ont aucune attache et qui n’est que leur dernière escale sur le trajet du retour de leur voyage à Dubaï. La décision a tout de l’arbitraire puisqu’elle vise un membre reconnu de la communauté subsaharienne, qui s’était fait remarquer par sa solidarité avec les autres demandeurs d’asile dans leurs revendications auprès du gouvernement tunisien.
Selon le Camerounais, le HCR – en théorie responsable de la sureté de la jeune Ivoirienne – a contacté les réfugiés pour s’informer de leur situation et tenter de faire revenir les autorités sur leur décision. Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, qui joue un important rôle d’accompagnement des migrants en Tunisie, a de son côté dépêché son président, M. Hedhili, au ministère de l’Intérieur pour intercéder en faveur des deux étudiants. Une mission de la dernière chance avant le prochain vol pour Le Caire, prévu jeudi 20 mars à 13 h 45.
Rached Cheri
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