10. September 2013 · Kommentare deaktiviert für Tunesien: IWF-Abkommen weiterhin in der Schwebe · Kategorien: Tunesien · Tags:

Tunisie : L’accord avec le FMI dans les turbulences
par Akram Belkaïd
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5187472

Les turbulences politiques en Tunisie laissent en suspens un accord entre le gouvernement et le Fonds monétaire international. Une autre illustration de l’impact du blocage institutionnel sur l’économie du pays.

La rumeur est tenace, régulièrement relayée par des articles alarmistes ou par diverses interventions lors de colloques sur la situation du pays. Selon elle, la Tunisie serait au bord de la cessation de paiement avec des caisses vides et des recettes en devises en chute libre. La situation serait telle, ajoutent même certains experts, à l’image de l’économiste Mourad Hattab, que la perspective d’une « économie de guerre », c’est-à-dire une économie basée sur le rationnement et la baisse des dépenses publiques, y compris sociales, pourrait s’imposer dès 2014. « C’est complètement faux », s’insurge Chedly Ayari, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie(BCT). « La Tunisie n’est pas menacée par la banqueroute et ses avoirs en devises sont équivalents à 107 jours d’importation ». D’autres sources officielles confirment à Maghreb Emergent que la Tunisie « dispose encore de marges de manœuvres même si les difficultés actuelles ne peuvent être niées ». Une mise au point nécessaire mais qui ne saurait éluder que la Tunisie aura de plus en plus de mal à se financer sur les marchés internationaux, sa note souveraine ayant été dégradée en août dernier de deux crans (de BB- à B) par Standard &Poor’s. Pour mémoire, les obligations émises par la Tunisie sont qualifiées de « junk » (pourries) ce qui signifie que ce pays ne peut obtenir de fonds auprès d’investisseurs internationaux qu’en échange de taux d’intérêts très élevés.

BESOIN D’ARGENT FRAIS

« La Tunisie va tôt ou tard avoir besoin d’argent frais. Au moins un milliard d’euros pour amortir le choc de la crise et lancer les premiers chantiers d’infrastructures » juge pour sa part un banquier maghrébin qui estime « fondamentale » la clarification des relations entre Tunis et le Fonds monétaire international (FMI). « La Tunisie a besoin du prêt du FMI, non seulement parce que cela va lui apporter une bouffée d’air sur le plan financier mais aussi parce que cela va constituer un signal fort à l’égard d’autres bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale ou l’Union européenne », explique-t-il. On le sait, un accord lie le gouvernement tunisien avec le grand argentier mondial. En échange d’un plan de réformes structurelles, Tunis devrait obtenir 1,7 milliards de dollars en plusieurs tranches. Le 7 juin dernier, le Conseil d’administration du Fonds a validé cet accord ce qui, à l’époque, avait été considéré comme un signal encourageant pour la Tunisie. Mais, trois mois plus tard, la situation est plus compliquée ne serait-ce que parce que la validité de cet accord pose question. En effet, l’Assemblée nationale constituante (ANC) ne l’a pas entériné et cela contrairement à ce que réclamaient de nombreux élus et comme pourrait l’exiger le respect élémentaire des règles démocratiques puisqu’il s’agit d’un plan de réformes structurelles engageant l’avenir de la Tunisie. On le sait, les travaux de l’ANC sont aujourd’hui gelés depuis qu’une large contestation politique exige la dissolution de cette Assemblée ou, au moins, un remaniement du gouvernement. Quant aux ministères économiques, ils sont désormais attentistes, hésitant à engager des réformes promises dans une situation de haute instabilité politique.

EN ATTENTE DE CLARIFICATION

Le FMI est donc dans l’attente d’une clarification de la situation politique et de la résolution de la crise engendrée par l’assassinat du député Mohamed Brahmi en juillet dernier. Selon plusieurs informations relayées par la presse tunisienne, l’instance de BrettonWoods aurait demandé à plusieurs reprises aux autorités tunisiennes de clarifier la situation de façon à entériner de manière définitive l’accord et à engager au plus vite les actions structurelles. « Le FMI craint qu’une modification de la donne politique ne remette en cause le plan de réformes », explique un ancien haut-responsable tunisien. « Il n’a pas tort. Le gouvernement n’a pas dévoilé tout le contenu des réformes qu’il s’est engagé à mener. Rien ne dit qu’une nouvelle majorité ou qu’une équipe de technocrates ne fera pas machine arrière ou qu’elle se servira de ces dispositions cachées pour discréditer le gouvernement précédent ». La gauche tunisienne, très présente dans le Front populaire opposé aux islamistes, est d’ores et déjà hostile à toute réforme touchant à la hausse des taux d’intérêts ou à la modification des mécanismes de subvention des produits alimentaires de première nécessité. De même, s’inquiète-t-elle des promesses faites par l’actuel gouvernement de modifier la législation concernant les partenariats public-privé (PPP) de façon à minimiser, voire à supprimer, tout risque pénal pour le partenaire étranger qui viendrait à travailler avec l’Etat tunisien. « Ennahdha était prêt à faire beaucoup de concessions en termes de mesures libérales. Rien ne dit qu’un gouvernement d’union nationale sera aussi complaisant » estime un économiste proche du Front populaire. En attendant, et alors que le blocage institutionnel est patent, l’économie tunisienne s’enfonce dans le marasme et la prévision de 3,6% de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour 2013 semble des plus aléatoires.

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